Ramassamy, Mylène, de Roffignac, Laure, Donat, Frantz, Le Bellec, Fabrice, Briand, Sophie, Mauléon, Hervé, Renard-Le Bellec, Valérie, Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (Cirad), Unité de recherche Productions végétales (CRAG ANT PROD V), Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), WI Phyto Services, and Partenaires INRAE
La lutte intégrée est une méthode de lutte contre les ennemis du verger intégrant la lutte biologique et la lutte chimique. L'utilisation de produits phytosanitaires intervient en ultime recours, après avoir utilisé tous les moyens naturels de lutte et surtout lorsque l'attaque parasitaire a dépassé un seuil tolérance préalablement défini (ce seuil dépend du parasite, de l'écologie et du niveau de dégâts accepté par le producteur). Les produits phytosanitaires utilisés sont sélectionnés vis à vis de leur impact sur l'environnement et sur la faune auxiliaire. Après une formation, un groupe d'agriculteurs accompagnés par les agents du CIRAD devaient valider l'utilisation d'une fiche de comptage des insectes, un outil essentiel de la lutte raisonnée dans les vergers. Simple et pratique, elle mobilise l'utilisateur environ 1 heure tous les 15 jours. Cependant, malgré la coopération de la plupart des agriculteurs, la profession, dans sa globalité, semble peu disposée à utiliser cette fiche malgré, paradoxalement, des demandes récurrentes d'accompagnement technique. Cependant, si l'utilisation de cette fiche, validée en 2007, n'a pas été systématique, les agriculteurs formés à ce mode de production ont appris à mieux observer les maladies et ravageurs et à mieux raisonner la protection phytosanitaire de leur verger. L'intégration de ces principes de lutte intégrée permet également de lutter contre un ravageur majeur des jeunes plantations d'agrumes en Guadeloupe, le 'Jackot' (Diaprepes spp.). En effet, ses ennemis naturels sont ainsi mieux protégés, cependant et compte tenu de l'importance des dégâts encore observés ces dernières années, le Cirad et Inra ont décidé de compléter cette régulation naturelle par un programme de lutte biologique via l'utilisation de nématodes entomopathogènes (type Heterorhabditis). De 2005 à 2006, les bases de ce projet ont été mises en place: élevage de l'hôte Galleria mellonella, amplification de la souche de nématodes, acquisition de connaissances et d'expérience. De 2006 à 2007, la diffusion des nématodes a été entreprise auprès des agriculteurs et des pépiniéristes (plus de 4600 plants inoculés en 2006). La diffusion chez le producteur se fait après identification de la parcelle (jeunes plantations prioritaires, caractéristiques physico-chimiques du sol, non-utilisation de pesticides, possibilité d'irrigation...), si toutes ces conditions d'acclimatation sont réunies, les nématodes entomopathogène sont inoculés au sol (au pied des arbres), via son hôte privilégié, Galleria mellonella. Ce moyen de diffusion est plus coûteux en temps et en matériel, mais semble efficace. Ainsi, plus de 3800 jeunes plants d'agrumes ont été protégés grâce à ce principe de juin 2006 à juillet 2007, représentant environ une quinzaine d'hectares (principalement en Côte sous le vent et en Nord Basse-Terre). Même si cette méthode de diffusion est fastidieuse, l'agriculteur constate avec satisfaction que les pertes liées à ce ravageur semblent diminuées voire stoppées. Parallèlement à cette diffusion auprès de la profession, différentes expérimentations visant à mesurer l'efficacité de cette lutte biologique sont menées sur la station expérimentale du Cirad Vieux-Habitants. Des tests de survie des nématodes sont par exemple réalisés régulièrement sur une parcelle d'agrumes ce qui a permis d'observer leur survie en plein champ pendant au moins 3 mois. De même, un suivi des populations de Diaprepes est également mené grâce à des pièges d'émergence et des pondoirs, l'essai devrait prendre fin en décembre 2007 puisque les arbres témoins (non inoculé en nématodes entomopathogènes) sont très affaibli contrairement à ceux inoculés. La lutte biologique contre Diaprepes doit être envisagée sur du long terme. La diffusion des nématodes est un travail de fond qui prendra encore quelques années. Plus tôt les vergers seront inoculés par ces nématodes, plus tôt ceux-ci agiront et augmenteront les chances de survie des jeunes arbres. Cette