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Face à la diffusion internationale de la propagande photographique ennemie, la France met en place au printemps 1915, la Section photographique de l’armée (SPA). Destinée à contrer l’action allemande auprès des pays neutres, elle a pour objectif également de produire des archives sur tous les aspects de la guerre mais aussi un fonds documentaire à l’usage de l’armée. L’analyse de son fonctionnement permet de comprendre le métier de reporter-militaire ainsi que les conditions de production des photographies sur le front, leur traitement en laboratoire, la rédaction des légendes, l’archivage, le passage par la censure et la diffusion. Les photographies de la SPA sont conservées en partie à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine dont elles constituent un des fonds les plus riches et les plus intéressants. L’ouvrage d’Hélène Guillot apporte un éclairage essentiel pour comprendre comment une des sources majeures de l’histoire de la Première Guerre mondiale a été constituée d’un point de vue institutionnel, mais aussi du point de vue des hommes, envoyés sur le front en soldats de la mémoire.

Les archives de la SPA ne laissent pas entendre explicitement que la formation des photographes passe par un conditionnement psychologique. À l’évidence, ce terme, très contemporain, ne reflète pas réellement le sentiment partagé par les hommes de la Section, agents fidèles d’un État donneur d’ordres. Les photographes ont connaissance de l’instruction relative au choix des films et des clichés : rédigée par le bureau de l’information à la presse le 1er novembre 1915, elle résume la raison mêm...

Ce cahier présente les 20 principales thématiques du fonds photographique de la Section. Le détail statistique du tableau joint, se base sur l’examen du corpus de thèse, soit 10 000 images représentatives de l’ensemble ou à peu près 10 % de la production de la SPA entre 1915 et 1919. Chaque image a été associée à une ou plusieurs thématiques. Ferme Roberchamp, Aisne, tanks Renault après l’attaque, 26 octobre 1918. Collection ECPAD. Réf. 15 AD 428 ...

La salle du public Le premier outil de communication de la Section est sa salle de lecture installée rue de Valois au siège de la SPA, nommée « salle du public » Dès la création du service, il est question, certes, de diffuser les images, mais surtout de les vendre. Ainsi, cette salle accueille aussi bien des civils que des militaires, des particuliers que des éditeurs. Les tarifs tiennent compte, bien entendu, de l’usage réservé aux clichés. Des réductions sont envisageables s’il est q...

La diffusion des images est au centre du processus de propagande entrepris par l’État français en guerre. La presse n’étant pas un moyen suffisant pour satisfaire aux exigences d’une telle entreprise, la SPA organise alors, seule, la production et la diffusion de ses images à l’intérieur du pays, mais également à travers le monde. La première condition de sa réussite repose sur le filtre du comité de censure, qui détermine scrupuleusement les vues pouvant être diffusées. Une typologie raisonn...

La formation de l’équipe photographique de la SPA se déroule en deux temps. Les opérateurs sont d’abord recrutés via la Chambre syndicale de photographie (CSP) selon un contrat spécifique signé avec le ministère de la Guerre. Le 6 mai 1915, le contrat est passé entre le chef d’escadron Carence du cabinet du ministre de la Guerre et messieurs Gorce et Lortet, représentants de la CSP pour organiser l’équipe des photographes. À compter de cet instant et jusqu’à la fin de la guerre, tous les phot...

La propagande à l’étranger est le domaine dans lequel la politique et les moyens mis en œuvre par la SPA sont le plus impressionnants. Elle témoigne également de son influence bien au-delà des frontières françaises, sur toute la communauté internationale. Cette propagande s’appuie d’abord sur des hommes, envoyés en mission par Paris ou identifiés à l’étranger comme des relais fondamentaux dans les capitales. En mars 1916, le capitaine Delorme, officier de la maison de la presse, part en Espag...

La contribution des photographes à l’œuvre de guerre de la SPA est inégale. Albert Samama-Chikli passe exactement quatre ans sur le terrain et réalise 2 796 clichés tandis qu’Edgar Blineau n’officie que deux mois et ne produit que 143 plaques de verre. La durée moyenne de présence dans les rangs de la SPA est de dix-huit mois pour l’ensemble des photographes du corpus. L’écart notoire, mentionné ci-dessus et déjà évoqué lors de la présentation des séries photographiques, sous-entend que le no...

Le matériel est l’une des principales préoccupations des responsables de la SPA. D’ailleurs, lors de la signature du contrat avec la CSP, celle-ci est tenue de fournir « tout le matériel voulu ainsi que les plaques nécessaires à la prise des vues photographiques sans limitation de nombre », le sous-secrétariat d’État aux Beaux-Arts tenant à la disposition de la section son matériel de laboratoire. Il est entendu, d’un commun accord entre la CSP et la SPA, que les opérateurs des maisons travai...

Les photographes de la SPA pénètrent dans tous les départements français, traitant aussi bien la zone des armées que celle de l’intérieur, sans compter les territoires hors métropole. Néanmoins, ce large déploiement ne doit pas laisser croire à une quelconque liberté d’action et de déplacement des reporters. La censure reste un élément clé de la production photographique de la Section. Elle s’exerce à différents niveaux et n’est pas réductible au seul mécanisme de contrôle auquel la presse es...

Comme nous l’avons vu, la production photographique est contrôlée avant même que le reporter ne songe à déclencher son appareil. Les consignes se répètent, des séances de formation à la lecture de l’instruction du bureau d’information à la presse, en passant par les rappels des officiers d’état-major sur le terrain. Malgré ces mesures préventives, une commission de censure est instituée, conjointement à la création de la SPA, pour examiner exclusivement les images de la Section : il s’agit du...

La réaction française face à la propagande par l’image ennemie se fait attendre. Les consciences politique et militaire ne s’éveillent qu’en 1915, date à laquelle l’utilité d’un service photographique devient évidente. Il semblerait que la mise en place d’une section photographique revienne à l’initiative de diverses personnalités, auxquelles il n’est jamais fait référence dans les rapports officiels. Les avis sur le sujet sont nombreux et dissemblables. Laurent Véray avance le nom de Pierre-...

L’information de la population française sur les événements militaires en cours devient une des missions de la SPA. En effet, la façon dont le conflit évolue agit sur le moral des Français. Or les autorités civiles et militaires sont conscientes de l’influence du moral des civils sur celui des troupes et réciproquement : les civils doivent avoir le sentiment d’être défendus et les soldats des premières lignes soutenus. Une note de l’état-major le confirme : « les bonnes nouvelles font briller...

Les plaques de verre en noir et blanc de la SPA s’organisent en séries alphabétiques. Celles-ci débutent en novembre 1915 et se terminent pour la plus tardive en décembre 1919. La quantité de plaques de verre composant une série peut être très variable comme le montre le tableau ci-dessous : de 179 plaques pour la série F à 2 858 pour la série X. Quarante-huit séries sont conservées à l’ECPAD. Ce chiffre n’est pas exhaustif puisque l’on sait que des institutions, comme la MAP, possèdent égale...

Depuis le 12 mars 2008, et le décès de son dernier poilu, Lazare Ponticelli, la France est entrée dans une nouvelle ère du souvenir. Ce légionnaire avait fini par incarner tous ses camarades et donnait une dimension humaine, et donc tragique au conflit, touchant directement les Français. Avec lui disparaît une certaine forme de représentation et donc d’appropriation de la mémoire de guerre nationale. À l’occasion de la célébration du centenaire de la Grande Guerre, les questions de mémoire on...

Pendant la Première Guerre mondiale, le port et l’utilisation de l’appareil photographique sont réglementés. La création de la SPA et la constitution d’une équipe d’opérateurs officiels répondent en partie à la question du contrôle de la production de clichés : seuls des photographes militaires, munis de laissez-passer, ont la possibilité d’en réaliser. Pourtant, avant même la mise en place de la SPA, il existe des textes réglementaires qui encadrent la production photographique, principaleme...

Belleville [Meuse]. Canon de 164.7 mm de marine décamouflé, 24.11.16. Collection BDIC. Réf. VAL 181 (061) / Réf. SPA : B 4291. Fort de Vaux [Meuse]. Pièce d’artillerie allemande retrouvée intacte et dont se servent nos soldats, 29.11.16. Collection BDIC. Réf. VAL 195 (020) / Réf. SPA : B 4285. Fort de Troyon [Meuse], casemate centrale, deux obus qui après avoir traversé la route ont provoqué un éboulement de terre enterrant vivants trente so...

La photographie devient, en 1915, une arme de guerre authentique dont l’utilisation n’est pas réservée au seul ministère de la Guerre. Le nouveau médium, en pleine expansion pendant le conflit, ne convainc pourtant les autorités que soixante-quinze ans après son invention. D’une manipulation complexe en 1840 et réservée à une certaine élite, la photographie trouve sa place dans la société française au fur et à mesure que sa pratique se répand. À la fin du xixe siècle, l’appareil photographiqu...

Je n’ai pas besoin d’insister, en effet, sur l’œuvre vraiment nécessaire que nous avons entreprise ; et je n’ai pas besoin de faire remarquer davantage l’intérêt patriotique qui s’attache à ce qu’elle soit la plus complète possible, à ce qu’elle reçoive la collaboration de tous les Français. Dès 1915, Pierre-Marcel Lévi soulignait en ces termes, dans Les Annales politiques et littéraires, la mise en place d’une photographie d’État, rendant l’existence des reporters de la section indispensable...

Rentrer au service de la SPA relève parfois de l’exploit, selon que l’on est photographe ou secrétaire. La diffusion dans Le Temps, Le Petit Parisien, Le Figaro ou Le Cri de Paris d’articles annonçant la création de la section a, très vraisemblablement, suscité un certain nombre de candidatures spontanées, sinon de la curiosité. Cet avis de recrutement indirect ajouté à l’accord signé en 1915 entre la Chambre syndicale de la photographie (CSP) et la SPA multiplie le nombre de candidats photog...

Les plaques de verre dans leur conditionnement d’origine. La SPA opère sur plaques de verre négatives au gélatino-bromure d’argent qu’elle conserve dans des boîtes en bois faites sur mesure selon trois formats principaux : 6x13 cm, 9x12 cm et 13x18 cm. Les pochettes d’opérateurs comportant les légendes manuscrites Il s’agit là des premières légendes notées par le photographe alors qu’il est encore sur le terrain. Ces feuillets, pré-imprimés, sauf exception, sont envoyés...

Des moments lourds de conséquences politiques ont rythmé la guerre d’Algérie, comme la crise institutionnelle du 13 mai 1958, la semaine des barricades de janvier 1960 ou le putsch des généraux d’avril 1961. La Côte d’Opale n’est pas restée sans réaction face à ces grands événements. L’engagement politique et syndical est localement plus précoce à gauche, plus tardif à droite. Mais quand l’investissement des hommes politiques et des leaders syndicaux devient-il conséquent ? Dès 1958, avec la ...

Lorsque commencent les événements d’Algérie, c’est le socialiste André Parmentier qui occupe le fauteuil de premier magistrat de la commune. En 1959, Jacques Vendroux, UNR, lui succède. Calais fait alors figure d’exception sur la Côte d’Opale. Comment expliquer que la ville bascule à droite ? Les liens sont particuliers entre les Calaisiens et le général de Gaulle qui s’est marié en l’église Notre-Dame en 1921 avec Yvonne Vendroux. Mais cela suffit-il à expliquer le soutien à la politique men...

Depuis longtemps de nombreux appelés du contingent effectuent leur service militaire dans les départements français d’Algérie. Il n’y a donc pas de rupture dans l’incorporation avec le déclenchement de l’insurrection algérienne à la Toussaint 1954. Les effectifs sur place augmentent progressivement, après décisions politiques, soit directement, par l’envoi croissant d’appelés ; soit indirectement par allongement de la durée du service militaire. Arrivés sur place, en terra incognita, les jeun...

La page de l’Algérie française est définitivement tournée en juillet 1962 avec la proclamation de l’indépendance. Le flux migratoire qui accompagne cette émancipation, amène sur la Côte d’Opale des centaines d’individus déracinés. Comment le littoral accueille-t-il pieds-noirs et harkis ? L’insertion n’est guère aisée, si loin des rivages de la Méditerranée. La perception du passage d’une Algérie française à une Algérie indépendante amène des mémoires très différentes du conflit. Anciens comb...

Les retours au pays les plus nombreux sont les retours temporaires, à l’occasion de permissions en métropole. Il est des retours douloureux pour les blessés marqués sur les plans physiques ou psychologiques et des retours définitifs pour ceux qui ont laissé leur vie sur la terre d’Algérie, ou ont succombé en France de blessures reçues là-bas. 378 victimes au total, pour l’ensemble des soldats originaires du littoral de la Côte d’Opale. Mais le retour au pays signifie-t-il pour autant un retou...

Entre 1954 et 1962, alors que la majorité de l’opinion métropolitaine est attentiste, que la majorité de la population du Nord-Pas-de-Calais se résigne à la guerre, des habitants de la Côte d’Opale font le choix d’épouser une cause qui n’est pas, à priori, la leur. Loin du littoral méditerranéen, qu’est-ce qui les pousse à s’engager en faveur de l’indépendance algérienne, ou au contraire en faveur de l’Algérie française ? Les membres de l’OAS ou du FLN ne sont pas très nombreux sur le littora...

Entre 1954 et 1962, la Cote d’Opale envoie des milliers de ses enfants « maintenir l’ordre » en Algerie. Sur une terre largement inconnue de la partie la plus septentrionale de la metropole, ils decouvrent les horreurs d’un conflit qui les separe de leurs familles, amis, leur fait perdre leurs emplois. Parmi ces jeunes, 378 ne reviennent pas. Comment les habitants du littoral ont-ils vecu et ressenti au quotidien cette guerre ? Quel a ete l’impact du conflit sur les personnes, sur les activites economiques, culturelles ou militantes ? Il s’agit d’une histoire de la Cote d’Opale a travers ses appeles et leurs familles, a travers egalement les liens tisses avec l’Algerie. Sur le littoral, mais egalement dans les Flandres et l’Audomarois, les reactions aux grands evenements qui marquent la guerre d’Algerie sont importantes. Partis politiques et syndicats, principalement de gauche, chretiens et enseignants s’investissent contre la poursuite de la guerre, pour la paix en Algerie. Mais des engagements marginaux existent aussi en faveur de l’OAS et du FLN. De 1954 a 1958, le littoral est legaliste, mais il accueille favorablement le retour au pouvoir du general de Gaulle, tant la IVeme Republique est discreditee. Les grandes villes de la Cote d’Opale sont politiquement divisees, entre Calais qui succombe a la vague gaulliste, et Boulogne et Dunkerque qui demeurent socialistes et plus hostiles au chef de l’Etat. Les Flandres et l’arriere-pays sont plus conservateurs. Dans les moments de crises graves, en mai 1958, en janvier 1960 ou en avril 1961, le soutien a l’action du general de Gaulle est cependant tres affirme. Les resultats electoraux confirment le soutien constant a sa politique algerienne. Pour faire face a la douleur des familles endeuillees ou separees, les instances officielles se manifestent pour tenter d’apaiser ou pour maintenir un lien avec le jeune soldat appele en Algerie. Les organisations caritatives, les comites locaux leur viennent en aide. Les liens economiques entre les ports de la Cote d’Opale et la principale colonie du pays, constitues principalement de vins, sont egalement affectes par le conflit, mais ils perdurent, au-dela de 1962. L’installation de quelques rapatries et harkis sur le littoral permet le souvenir de ce conflit et de son issue. Pres de 50 ans plus tard, la prise de parole sur la guerre demeure difficile.

Sur la Côte d’Opale, le conflit algérien ne laisse pas indifférent et les réactions sont nombreuses, tant en mai 1958, qu’en janvier 1960 ou en avril 1961. Mais toutes les catégories sociales sont-elles à un même degré réceptives aux événements ? Chrétiens heurtés dans leur foi, intellectuels, enseignants, responsables du monde associatif, sont souvent les premiers vecteurs de réaction. Mais la population du littoral agit-elle spontanément, ou est-elle entraînée par des leaders locaux, encadr...

La guerre d’Algérie a longtemps été une « guerre sans nom ». Elle a d’abord pris l’appellation rassurante d’« événements », après le déclenchement des actions armées du Front de Libération National algérien le 1er novembre 1954. « Opérations de police », jusqu’au soulèvement paysan du 20 août 1955 dans le Nord – Constantinois, puis « actions de maintien de l’ordre » après le vote des pouvoirs spéciaux en Algérie en mars 1956, qui généralise l’envoi du contingent. « Opérations de rétablissemen...

La Côte d’Opale est touchée par un grand nombre de victimes, 378 au total. Parfois les familles restent sans nouvelles d’un des leurs, qui figure alors sur la liste des disparus. Face à l’éloignement, la solitude, face à la mort, les familles sont souvent bien seules. Municipalités et conseils généraux sont là pour maintenir des liens avec les soldats et venir en aide à leur famille. Mais leur investissement trouve des limites et les organisations caritatives doivent prendre le relais, en par...

La prise de conscience des réalités du conflit par la population de la Côte d’Opale est progressive. En 1954, les habitants du littoral, si éloignés du théâtre des affrontements, ne réalisent pas que le pays est en guerre. À partir de 1955 et surtout 1956, avec l’envoi du contingent et des rappelés, les familles se sentent plus concernées. Car les jeunes de la Côte d’Opale partent par milliers pour l’Algérie. Ils y découvrent une terre inconnue et hostile. Quittant leur région d’origine, leur...

La vague gaulliste qui a submergé Calais n’a pas affecté les deux autres grandes agglomérations de la Côte d’Opale. Le grand port de la mer du Nord et le premier port de pêche de France sont restés des fiefs de gauche lors des différentes consultations électorales. Pourquoi les habitants de Boulogne-sur-Mer et de Dunkerque sont-ils restés insensibles, du moins en apparence, au retour du général de Gaulle ? Le poids des personnalités locales serait évident et expliquerait pour partie l’opposit...

Quand vous allez en France et que vous demandez, que vous recueillez quelques propos, et bien on vous répond : l’essence est trop chère ! Et le problème algérien ? Ça c’est autre chose et on y prête qu’une attention totalement dépourvue d’intérêt, et pour ceux qui n’ont pas d’enfants en AFN, ça n’a aucune importance. Le ton désabusé de cette lettre d’avril 1960 révèle l’indifférence ressentie en métropole pour un conflit géographiquement lointain, surtout depuis la Côte d’Opale. Malgré les di...

L’espace formé par les 4e et 8e circonscriptions du Pas-de-Calais et les 12e et 13e du département du Nord est moins peuplé et plus rural que le littoral de Boulogne-de-Mer à Dunkerque. Les résultats électoraux montrent un vote plus à droite que dans le reste de la Côte d’Opale. Pourquoi l’Audomarois, le Montreuillois et la Flandre intérieure sont-ils plus conservateur que le littoral ? Souffrant de la guerre d’Algérie comme le reste de la métropole, ces espaces, bien que dotés de personnalit...

International audience; Georges Dumézil, dans "Heur et malheur du guerrier", insiste sur les « fatalités de la fonction guerrière ». Puisant sa réflexion dans les mondes anciens (indien, romain, germanique, scandinave) et leurs mythologies, l’historien et anthropologue souligne l’inéluctable exposition du guerrier au péché : « de par sa fonction et pour le bien général, il est contraint de commettre des péchés ». Le groupe social que constituent aujourd’hui les militaires se révèle effectivement marqué par cette violence et l’affranchissement – certes encadré – de la loi commune. Or, celui-ci connaît une contrepartie : d’une part, l’exposition volontaire au risque et à la blessure jusqu’au sacrifice ultime éventuel (pendant la guerre), d’autre part, la confrontation – active comme passive – à des actes contraires aux valeurs et idéaux moraux du soldat et/ou de son environnement social civil (après la guerre). La prise en compte et en charge de cette double vulnérabilité, qui en outre se heurtent souvent au lieu commun de l’invulnérabilité du guerrier, demeurent encore fragiles et faillibles. C’est fort de ce constat qu’a pris corps l’idée de ce chantier et de cette première journée, dont le titre, « La guerre et après » vise à interroger la vulnérabilité du soldat sur le terrain, dans le cadre des conflits, y compris ceux contemporains, mais aussi dans l’après-guerre, dans le contexte de retour du soldat, du vétéran, dans son pays d’origine, un retour à la vie civile dans le temps de l’après.

International audience; La pièce I carabinieri est considérée comme emblématique de l'øeuvre de Beniamino Joppolo (1906-1963). Le processus d'écriture fut long, tortueux, complexe, difficile. Toutefois, on a communément tendance à considérer la pièce dans son état final et à passer sous silence la première version rédigée par Joppolo, singulièrement dénonciatrice et grotesque du système guerrier et de ses représentants principaux (soldats embrigadés et embrigadants, familles victimes et victimisées). Petit tour d'horizon du premier manuscrit : I soldati conquistatori (1945)., Il lavoro teatrale I carabinieri rappresenta tutt'oggi emblematicamente l'insieme dell'opera di Beniamino Joppolo (1906-1963). La redazione fu lunga, tortuosa, complessa, difficile. Tuttavia, si ha comunemente tendenza a considerare la pièce nella sua versione finale e a dimenticare la prima stesura realizzata da Joppolo, grottesca e singolarmente denunziatrice del sistema guerresco e dei suoi rappresentanti principali (soldati coinvolti e coinvolgenti, famiglie vittime e vittimizzate). Una presentazione del primo manoscritto : I soldati conquistatori (1945).; Il lavoro teatrale I carabinieri rappresenta tutt'oggi emblematicamente l'insieme dell'opera di Beniamino Joppolo (1906-1963). La redazione fu lunga, tortuosa, complessa, difficile. Tuttavia, si ha comunemente tendenza a considerare la pièce nella sua versione finale e a dimenticare la prima stesura realizzata da Joppolo, grottesca e singolarmente denunziatrice del sistema guerresco e dei suoi rappresentanti principali (soldati coinvolti e coinvolgenti, famiglie vittime e vittimizzate). Una presentazione del primo manoscritto : I soldati conquistatori (1945).

International audience; Cet article explore dans le cadre lyonnais la mise en pratique du privilège urbain de l'exemption de garnison alors que la ville occupe une position stratégique qui lui impose une présence importante de soldats.

Je poursuis le propos de Michel Cahen (cf. supra : 73), mais selon une optique assez differente, la difference tenant peut-etre, entre autres raisons, au fait que je ne suis pas africaniste. Comme lui, j’ai fait il y a peu de temps une relecture de La cause des armes et j’ai trouve que cela restait un livre « fort ». A plus de dix ans d’intervalle – Christian Geffray me l’avait donne a lire avant meme sa publication –, il apparait que sa force reste inherente a la rupture operee : un profond debordement de l’espace generalement admis pour le regard anthropologique, et dont les effets s’averent avoir ete durables. En 1990, la rupture resultait d’abord des tenants du projet meme – de l’approche anthropologique d’une guerre contemporaine, de la demonstration qu’il etait possible de mener des enquetes in situ dans le cadre d’un conflit en cours. Mais aujourd’hui encore, meme degage de son actualite de l’epoque, l’ouvrage manifeste une vraie volonte de rupture dans la maniere d’analyser les faits, et c’est sur ce dernier point que j’insisterai ici.

Quarante auteurs – militaires, médecins, prêtres, historiens, journalistes, réalisateurs – français et étrangers. Les archives pour la plupart inédites du service photographique des armées. Une iconographie saisissante illustrant le sacrifice du soldat, des allégories symboliques au réalisme du photoreportage. La première étude de fond sur la notion de « martyre patriotique », du champ de bataille au musée. Tombe du Soldat inconnu, sacralisation du poilu de 14-18, combats héroïques et désespérés face à l'armée allemande en 1940... Corps mythifiés des mausolées militaires, combattants « morts pour la France » à Diên Biên Phu en 1954 ou dans les montagnes afghanes en 2008... Ce culte du sacrifice est-il une spécificité française, ou est-il propre à toutes les armées du monde ? Comment des hommes acceptent-ils de donner leur vie pour exécuter les ordres reçus ? Quelles significations accorder aux symboles qui entourent la mort du soldat ? À l'heure des « conflits émergents », du « martyre terroriste », mais aussi du concept de « guerre zéro mort », cette somme incontournable porte un nouveau regard sur la réalité, les mythes et les représentations du sacrifice militaire.