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Le chiffre de population d’un pays n’est pas une donnée stable : il varie dans le temps. Il a pu paraître intéressant de classer les différents États du monde suivant le sens et le rythme des variations de leur population au cours de la période pour laquelle on dispose de renseignements statistiques suffisamment précis (suivant les cas, 150 ans à 50 ans). Cette méthode introduit l’étude des variations relatives de population par pays. Elle fait apparaître à la fois de très fortes inégalités e...

Cette introduction (publiée dans la revue Population, n° 2, 1950, p. 291-300) reproduit le texte de la leçon inaugurale du cours de M. Pierre George sur la Géographie de la population, à la Sorbonne (1949-1950) . Dans cette conférence, l’auteur a défini les problèmes majeurs du sujet : rapports entre milieu naturel, répartition et évolution du peuplement, influence des changements intervenus dans les systèmes de production sur les variations et les déplacements de population. Il y trace le rô...

La prépondérance de la population agricole — spécifique des types de composition professionnelle précédemment désignés par les indices 1 et 1A — appelle une distribution diffuse de la population dans l’ensemble des régions que la technique en usage et la nature du pays permettent de cultiver. Les habitants se répartissent en une foule de villages de dimensions très variables. Certains peuvent appartenir statistiquement à la catégorie urbaine. M. Gourou en signale un, en Extrême-Orient, de 18 ...

L’étude de la composition professionnelle de la population est délicate à mener pour l’ensemble du monde par suite de la très grande inégalité de valeur indicative des différentes sources d’information. Elle est cependant à entreprendre, en raison de la lumière qu’elle permet de projeter sur les types d’organisation de la vie économique et sociale en chaque pays, et à l’intérieur de chaque pays. On peut distinguer quelques grandes catégories spécifiques de formes de répartition numérique de l...

« Quand il s’agit de définir avec exactitude en quoi consiste et comment se manifeste le surpeuplement, personne ne s’accorde ». La raison principale en est que, suivant les types de civilisation matérielle et d’organisation économique et sociale, le mot ne correspond pas au même contenu. Il en est de la notion de surpeuplement comme de celle de genre de vie. Applicable sous certaines réserves aux économies agricoles simples, elle chevauche tant d’autres réalités et tant d’autres considératio...

La nature des problèmes et les techniques mises en œuvre pour les étudier ne sont pas d’essence proprement géographique. Cependant, elles font partie de la prise de conscience d’un fait spécifiquement géographique : le contenu évolutif d’un groupement humain au point de vue numérique. Il n’appartient pas au géographe d’entreprendre des recherches méthodologiques et techniques. La division idéale du travail entre démographie et géographie s’inspirerait d’un partage d’attribution laissant à la ...

Les pays d’économie industrielle ont été définis précédemment (au chapitre VII) à partir des caractères statistiques de la composition professionnelle de leur population comme les pays dont plus de 30 % de la population active est employée dans l’industrie (types 2 de l’Europe occidentale et 2A des pays neufs). Des différences fondamentales séparent les deux grandes catégories des vieux pays industriels et des pays industrialisés hors d’Europe. Elles seront donc étudiées successivement. L’obs...

Le milieu naturel peut exercer une influence sur les conditions d’existence et de développement de la population sous trois formes : par ses effets sur le comportement biologique de l’Homme, son action sur les fonctions organiques majeures ; par ses aptitudes à satisfaire les besoins alimentaires des collectivités humaines ; par son action favorable ou défavorable à l’essor des conditions d’exploitation commerciale et industrielle. Ces trois formes ont des importances relatives variables suiv...

Sous les réserves exprimées au chapitre précédent, il demeure que le point de départ d’une étude sur la population du globe est l’examen de la répartition des effectifs recensés ou évalués sur les différents continents. On dispose à cet égard comme document de première approximation des mises au point par État. La représentation graphique de la répartition de la population Le mode de représentation géographique par excellence est la carte. Plusieurs procédés de figuration de la distribution d...

La numération des Hommes à la surface du globe ne saurait présenter un caractère de haute précision et, par essence même, toute précision apparente est illusoire. Mathématiquement, elle ne peut être exacte, parce que le rythme d’utilisation des instruments d’investigation ne peut être harmonisé avec le rythme de l’évolution du phénomène à étudier. Inexact au moment même de son établissement, le chiffre le devient plus encore au cours des opérations de rassemblement et de coordination des donn...

Permanence de la mobilité géographique de la population La mobilité de la population est, à un degré variable, un caractère spécifique permanent. Elle atteint son maximum aux époques de non-fixation économique technique ou de déplacements massifs (conquêtes, invasions accompagnées de transferts de populations). Mais elle ne s’arrête jamais. Les masses apparemment les plus sédentaires sont en fait en bouillonnement permanent et leur immobilité circonstancielle est le fait de certaines données ...

Le point de départ de ce chapitre est une évidence : dans un milieu géographique donné, n’enregistrant aucune variation des conditions naturelles à l’échelle historique, la population est susceptible de varier dans des proportions considérables. Ces variations n’impliquent pas obligatoirement une modification du niveau de vie telle que l’on puisse estimer que l’accroissement de la population, en un cadre physique déterminé, s’effectue au détriment de la condition humaine. L’Europe fournit un ...

Essais de définition Les migrations intérieures, déclenchées au xixe siècle par l’industrialisation de l’Europe du Nord-Ouest, ont eu pour prolongement le départ de contingents importants pour les pays lointains, surtout pour les terres tempérées à peu près vides d’habitants, qui présentaient le caractère de domaines de spéculation et de peuplement de masse. Sous une forme intermédiaire, les passages d’un pays dans le pays voisin ont apporté leur contribution aux multiples mélanges de populat...

Les variations professionnelles internes Dans les études qui précèdent, les différenciations ont porté uniquement sur la constatation de fait de variétés statistiques et de leur contenu dans ses rapports directs avec les phénomènes géographiques de répartition. Il est indiscutable que l’originalité de chaque type de structure professionnelle d’une population correspond à un certain stade d’évolution du groupe intéressé, que ce stade s’inscrit dans un ensemble de perspectives que l’on peut cla...

La comparaison des effectifs de ruraux et de citadins dans divers pays fait apparaître les dissemblances profondes des conditions de résidence à travers le monde et permet d’effectuer une première classification entre les pays où les formes d’économie ancienne, qui sont des formes d’économie rurale, l’emportent massivement, et les pays où le développement industriel a modifié les rapports numériques, parfois jusqu’à compression extrême du secteur rural. Cette division, élémentaire et formelle...

Cette réédition de l’ouvrage de Pierre George, publié en 1951 par l’Ined, témoigne de la nécessaire intégration des savoirs de plusieurs disciplines. Pierre George a su enrichir la géographie classique française, dès l’après-guerre, d’une réelle ouverture vers des processus économiques et politiques jusque-là peu explorés par les géographes français. Sa pensée claire et rigoureuse, son écriture précise et concise procurent encore aujourd’hui un réel plaisir de lecture. Sa vigueur intellectuelle et sa perspicacité se manifestent au mieux dans l’un de ses thèmes de prédilection, la géographie de la population. Avant la lettre, Pierre George a réellement pratiqué une démarche interdisciplinaire, intégrant avec subtilité les concepts et les méthodes de plusieurs sciences sociales. Il propose un parcours dont on dirait aujourd’hui qu’il déconstruit les idées reçues. Il tient à identifier les processus par lesquels les éléments du milieu contraignent ou sont utilisés par les populations, avec une vision spatio-­temporelle détaillée qui lui permet de traquer « l’illusion des explications mécanistes ». Il enrichit les notions classiques en y intégrant des processus dynamiques et historiques. Il affirme une position qui donne la priorité aux processus sociaux dans l’explication des inégalités de répartition de la population, en excluant un trop grand déterminisme par les conditions physiques et en soulignant la grande variété des adaptations réalisées par les sociétés humaines, dans leurs choix comme dans leurs utilisations des ressources et du potentiel des technologies, existantes, « latentes », ou futures. Cette réédition est introduite par une Invitation à la lecture de Denise Pumain, professeure émérite de renommée internationale spécialiste de la modélisation en sciences sociales et de l’urbanisation.

Les lacunes de la documentation L’inégalité des statistiques ne permet pas de dresser un bilan complet de la dynamique démographique du monde. Il est possible d’établir des cartes de taux bruts de mortalité et de natalité, de mortalité par âge généralement (spécialement de mortalité infantile), par pays pour une grande partie de la population du globe. Le nombre des États où il est possible de connaître la répartition des décès par âge, des naissances suivant l’âge de la mère et de la populat...