1. Intervenir sur du bâti urbain : les églises de Poitiers (France, Vienne)
- Author
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Boissavit-Camus, Brigitte
- Subjects
bois ,construction ,HD ,architecture ,Network of medieval churches ,pierre ,Religious architecture and urban development ,Poitiers ,Medieval urban churches ,surveys ,histoire ,building ,patrimoine ,relevés ,capture ,SOC003000 ,réseau des églises urbaines ,archéologie ,chantier ,églises médiévales anciennes ,archaeology ,archéologie du bâti ,architecture religieuse et développement urbain ,Building archaeology ,France ,bâti - Abstract
Le bâti religieux médiéval de Poitiers a fait l'objet de nombreuses études universitaires et protections au titre du patrimoine. La première opération d'archéologie du bâti a eu lieu à Notre-Dame la Grande en 1991, dans le cadre d'un programme de restauration MH, tandis qu'à la fin de cette décennie, le baptistère Saint-Jean était l'un des sites du PCRI sur les édifices cultuels en Aquitaine durant le haut Moyen Âge. Parallèlement, l'archéologie urbaine s'y est peu à peu développée depuis les années 1970, jalonnée par des synthèses sur l'histoire urbaine. Poitiers permet donc d'appréhender la complexité de l'étude des églises en milieu urbain.Du point de vue monographique, le sujet rencontre les problèmes inhérents à l'étude de tout édifice ancien, en matière de problématiques scientifiques, de méthodologie d'intervention, de documentations ou encore d'accessibilité. Mais si l'on envisage la question à l'échelle urbaine, ces contraintes sont démultipliées vu la variété des situations documentaires, de conservation, d'usage et de statut. L'usage des édifices dans la longue durée, tout en en permettant la conservation, les a souvent profondément transformés. L'analyse est aussi rendue plus complexe par une longue historiographie, locale et générale de l'architecture et de la ville, car la thématique englobe deux objets d'étude souvent encore peu ou mal articulés, en raison des champs disciplinaires de leurs auteurs. L'architecture religieuse médiévale, avec ses évolutions constructives et ses expressions artistiques, a été longtemps l'apanage des historiens d'art, tandis que les pratiques cultuelles et funéraires, tout comme l'organisation et le développement urbains, relevaient des préoccupations des historiens et des archéologues, à l'exception de la dimension du paysage urbain qui intéresse les historiens d'art mais qui reste souvent floue quant à sa définition ou son contenu. Dans cette histoire de la ville, ce n'est qu'assez récemment, avec l'archéologie du bâti, que l'architecture et les lieux religieux s'intègrent à l'histoire de l'espace urbain, au-delà du seul critère d'emplacement. Outre les aspects socio-économiques, ces lieux et leurs matérialités sont les éléments constitutifs d'un réseau religieux qui a évolué au fil du temps et qui interagit avec les usages et les pressions que subit le tissu urbain. Envisager l'étude des édifices cultuels médiévaux à l'échelle urbaine impose aujourd'hui de redéfinir nos problématiques scientifiques et nos stratégies, documentaire et d'intervention, autrement que dans le but d'établir une monographie ou d'améliorer l'état de connaissance de la topographie historique, en tenant compte à la fois des processus de patrimonialisation mis en place ou défaits dans la durée et des contraintes actuelles et futures de conservation et d'accessibilité à la matière historique.Cet article abordera ces différents aspects à travers le réseau des églises de Poitiers. Les églises médiévales jouent en effet un rôle prépondérant dans l'évolution de ce réseau qui a émergé dans la seconde moitié du IVe siècle. The medieval religious buildings of Poitiers have undergone numerous academic studies as well as heritage protections since the 19th century. The first building archeology investigation took place at Notre-Dame la Grande church in 1991, as part of a Built historical Heritage restoration program. At the end of that decade, Saint John’s baptistery was one of the sites involved in the program (PCRI) on early medieval religious buildings in Aquitaine. At the same time urban archeology has gradually developed there since the 1970s, a progress punctuated by urban history syntheses. Poitiers thus makes it possible to grasp how complex church studies in an urban environment can be.From the monographic point of view, we are faced with the problems inherent in the study of any old building, in terms of scientific issues, intervention methodology, documentation or accessibility. But if we consider the issue on an urban scale, these constraints are multiplied given the variety of documentary, conservation, use and status situations. While allowing their conservation, long-term use of buildings has often profoundly altered them. The analysis is also made more complex by a long local and general historiography of architecture and of the city, because the theme encompasses two fields of study that are often still little or poorly interrelated, due to the researchers disciplinary fields. Medieval religious architecture, with its constructive evolutions and artistic expressions, has long been the prerogative of art historians, while cult and funerary practices as well as urban organization and development, were the concerns of historians and archaeologists, except for urban landscape, dealt with by art historians – but its content and definition often remain unclear. In this history of the city, it is only quite recently and thanks to building archaeology, that religious architecture and places are integrated into the history of urban space, beyond the sole location criterion. In addition to the socio-economic aspects, these places and their materiality are constituent elements of a religious network that has evolved over time and that interacts with the uses and pressures that the urban fabric undergoes. In order to study medieval religious buildings on an urban scale today we have to redefine our scientific issues and our data and survey strategies, not only aiming to publishing a monography or improving our historical topography knowledge. We also have to take into account both the patrimonialization processes implemented or defeated overtime, and the current and future constraints of preservation and accessibility to historical material. This paper attempts to approach these different aspects through the churches network in Poitiers. Indeed, medieval churches play a prevalent part in the evolution of this network which emerged in the second half of the 4th century.
- Published
- 2022