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L'Anorexie mentale est une maladie complexe impliquant des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Le microbiote intestinal a récemment été proposé comme étant l'un de ces facteurs et pourrait jouer un rôle dans l'apparition ou la chronicité de l'Anorexie mentale. Afin de mieux comprendre le rôle potentiel du microbiote intestinal dans cette pathologie, nous avons caractérisé les altérations de la composition du microbiote dans un modèle murin d'anorexie. Des souris mâles C57Bl/6 âgées de 8 semaines ont été soumises au modèle « Activity-Based Anorexia » (ABA). Le modèle ABA reproduit de nombreuses caractéristiques de l'Anorexie mentale et a permis d'élucider plusieurs mécanismes de la physiopathologie de cette maladie. Ce modèle associe une limitation progressive du temps d'accès à la nourriture des souris (jusqu'à 3 heures/jour) et l'accès à une roue d'activité. Nous avons utilisé en contrôle des souris avec un accès libre à l'alimentation, sans roue d'activité (CTRL) et des souris avec un accès limité à l'alimentation, sans roue d'activité (LFA pour Limited Food Access) (n = 6–8 souris par groupe ; 3 expériences animales indépendantes). Nous avons caractérisé de façon détaillée la composition du microbiote intestinal des souris CTRL, LFA et ABA par séquençage haut débit des gènes ARNr 16S, complété par des analyses quantitatives en qPCR. Nous avons mis en évidence chez les souris ABA une dysbiose intestinale se caractérisant par une altération de la quantité de 76 groupes bactériens distincts (68 groupes bactériens diminués et 8 groupes bactériens augmentés chez les souris ABA par rapport aux CTRL). Nous avons en particulier pu identifier, dans le contenu caecal des souris ABA, une augmentation de la quantité de Clostridium cocleatum (× 11,9 vs CTRL, p < 0,01), une augmentation des espèces intestinale dominantes de Lactobacillus (× 5,1 vs CTRL, p < 0,001) (notamment L. reuteri , L. murinus/animalis et L. johnsonni/gasseri), ainsi qu'une diminution de la quantité de bactéries appartenant à l'ordre des Burkholderiales (× 0,4 vs CTRL, p < 0,01). De façon intéressante, nous avons pu démontrer que la grande majorité de ces modifications du microbiote (> 90 % des groupes bactériens modifiés) étaient uniquement dues à la dénutrition induite chez ces animaux et que l'activité physique n'avait pas d'effets majeurs sur la dysbiose intestinale observée. Nos travaux montrent le rôle majeur de la dénutrition dans l'établissement d'une dysbiose intestinale dans un modèle animal d'anorexie. Nos résultats constituent d'autre part une ressource de données importantes pour mieux comprendre le rôle potentiel du microbiote dans l'anorexie mentale. Ils ouvrent en particulier la voie à des manipulations du microbiote chez la souris afin de déterminer son implication dans différentes facettes de l'anorexie comme les troubles fonctionnels digestifs, la régulation de l'appétit ou certaines comorbidités comme l'anxiété et la dépression. [ABSTRACT FROM AUTHOR]