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Marc Henri Piault, La transaction audiovisuelle : pour une anthropologie hors-texte. — L’auteur retrace l’aventure intellectuelle et philosophique du film ethnographique et de l’anthropologie visuelle. Grâce a la decouverte du cinematographe, l’ethnologie allait pouvoir materialiser une partie au moins du patrimoine immateriel. Le cinematographe et l’anthropologie etant les enfants naturels d’une liaison coloniale, cette aventure est egalement politique. Le texte nous mene de l’ideologie scientiste des debuts au doute postmoderne qui nous habite encore, de la mission civilisatrice propre a la rationalite conquerante aux tentations de sa contestation grâce aux fantasmes exotiques. Sont ainsi successivement interroges le Grand Partage entre la modernite (justiciable de la sociologie) et les societes traditionnelles (reservees a l’ethnologie), la celebration de l’exotisme, le culte des differences comme antidote aux maux de la modernite et la mise en tourisme du monde. Apres les independances et avec les progres du 16 mm et du son synchrone, de nouvelles interrogations surgissent a la faveur d’experiences qui pronent davantage de dialogisme, voire une anthropologie partagee. La fin des annees 1970 est marquee par le rejet des normes (des mythes ?) scientifiques au profit d’une legitimation nouvelle de la subjectivite et de la mise en lumiere de la dimension « politique » de l’enquete de terrain. L’anthropologie visuelle ne croit plus en la theorie du reflet : on passe du cinema comme reproduction du reel au cinema comme production d’un reel. Pour caracteriser ce qui se dessine devant nous, l’auteur propose le concept d’espace transactionnel. Le « terrain » n’est plus un espace designe au prealable, mais le mouvement constant de regards echanges, d’observations reciproques et susceptibles d’appreciations contradictoires. L’auteur plaide pour une nouvelle anthropologie generale qu’il appelle pour echapper a une designation technologique, une anthropologie hors-texte.

This continues the discussion that was launched in 2014 in Visual Anthropology, 27(5): 436–456.

ResumeA partir de references empruntees aux premieres experiences du cinema de reconsti-tution documentaire (notamment Vertov, Flaherty, Curtis et le cinema anglais), un examen est tente de la mise en scene cinematographique du reel. Le parcours permet d’avancer vers la reconnaissance de ce que peut etre une imagination cognitive pour l’anthropologie. L’enregistrement cinematographique et les differentes dispositions qu’il implique peuvent orienter vers la mise en œuvre d’une anthropologie partagee des lors qu’on peut y percevoir l’attention et l’intention de l’anthropologue tout autant que les reactions de ses « personnages ». Ce qui etait description devient alors narration, devoilant les conditions et les etapes d’une rencontre, l’etablissement d’un regard partage, les procedures d’une representation possible de la realite. Une fictionnalisation enoncee et demontee contribue alors necessairement a questionner les modalites de la rencontre anthropologique.

There are no images without a “dangerous” scene setting. The imagetic process by nature involves particular kinds of knowledge, just as any kind of writing involves elaborations, choices and uses of appropriate and pertinent forms. My intention is to show that a fictional mode of production deliberately chosen and clearly expressed allows us to make evident specific levels of social realities that expand the classical field of anthropology. It is possible to mix Vertov's pursuit of a confrontation of images and his development of montage editing, an encompassing descriptive intention that emerges from the particular conditions of a given situation, with a specific exchange amounting to a shared interrogation. This idea ia developed over the course of this paper as a dialogic or transactional anthropology.

"Quelques jours avant que les vers prennent la montée sur les nouveaux rameaux pour vomir la soie, ils manifestent leur dessein par la lueur de leur corps, qui devient diaphane et translucide comme raisins mûrissants... Lors remarque-t-on les vers être diversement colorés, toutefois distinctement, de jaune, d'orangé, d'incarnation, de blanc et de vert..." (Olivier de Serres, Le théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs, t. 2, Ed. Impériale, Paris, 1804, p. 141) A propos de l'idée de Groupem...

M. H. Piault — The Hero and his Destiny: A Tentative Interpretation of Oral Traditions concerning the Genesis of a Central Soudanic State (Kabi, 16th Century). History—or rather ethnohistory—as practised here is not a reconstitution of the past but an attempted restitution of the way in which the various participants in a contemporary polity conceive that past. We deal with a body of remembered facts whose 'reality' is established through the multiplicity of evidence. Yet we also have to allow for the emergence of collective fantasies, which express norms and their transgression, as well as the loci of group identification. In this respect the heroes' story is a 'recollected' acting out of the social organisation, a corpus of the values and behaviour viewed as normative. The hero and his story give a nearly concrete shape to the ideological production concerned with the value System, the social practices and the generally accepted norms. The remembered history of the founder of the Kabi kingdom in North-West Nigeria (16th century) is hereby shown, through the choice and identification of its hero, as being one of the logical forms of legitimation of the State structure as well as the ordering stroke of a pseudo-historical necessity., Piault Marc-Henri. Le héros et son destin. Essai d'interprétation des traditions orales relatant la genèse d'un État du Soudan central, le Kabi, au XVIe siècle. In: Cahiers d'études africaines, vol. 22, n°87-88, 1982. systèmes étatiques africains. pp. 403-440.