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The Indian demonetizations of November 2016 came at an entirely new scale to those of January 1946 and January 1978. This time around, the Narendra Modi government's measures applied to 86.4% of the banknotes and coins in circulation, the equivalent to 11% of GDP. Much analysis has been undertaken on the demonetization. This has largely been critical because of its disastrous consequences on local populations and the most deprived among them. Our paper adopts a different angle: it argues that demonetization has had a key impact on the digitalization of payments. We use data from the Reserve Bank of India from 2014 to 2020 to show that the demonetization period brought about a decline in Automatic Teller Machines (ATM) withdrawals. It equally boosted the adoption of digital means of payments, via Point of Sale Terminals (POS) and mobile banking. Since October 2016, the number of POS transactions has risen almost threefold, while the number of ATM transactions has decreased by almost one-fifth. The current government's rhetoric is to promote digitalization as a means of both formalizing the economy and protecting the poor. Its claim is unfortunately highly debatable.

Since the 1990s, microfinance has become a central element in international development policies, focusing in particular on market building, and mainly driven by private financial players. The end of the 2000s, however, was marked by a return of state legitimacy, through policies and strategies of financial inclusion. Government intervention is motivated by the persistence of social, gender or geographical inequalities. In this perspective, financial inclusion can be a tool for establishing, reforming and strengthening state institutions. In this article, we will situate these latest trends within the evolution of Indian and Mexican social policies. Our argument is that the deployment of financial inclusion policies in these two countries can lead to ambiguous effects. On the one hand, these financial inclusion policies allow vulnerable populations to access new rights, and promote embryonic forms of citizenship. On the other hand, these policies may encourage the emergence of new ways of controlling the behaviour of beneficiary populations.

Depuis la décennie 90’, la microfinance est devenue un élément central des politiques internationales de développement, en se focalisant notamment sur la construction de marché, essentiellement animé par des acteurs privés de la finance. La fin des années 2000 est cependant marquée par un retour de légitimité de l’État, à travers des politiques et des stratégies d’inclusion financière. L’intervention des pouvoirs publics est motivée par la persistance d’inégalités sociales, de genre ou géographiques. Dans cette perspective, l’inclusion financière peut être un outil pour établir, réformer et renforcer les institutions étatiques. Dans cet article, nous situerons ces dernières tendances dans l’évolution des politiques sociales indiennes et mexicaines. Notre argument est que le déploiement des politiques d’inclusion financière dans ces deux pays peut conduire à des effets ambivalents. D’un côté, ces politiques d’inclusion financière permettent aux populations vulnérables d’accéder à de nouveaux droits et de promouvoir des formes embryonnaires de citoyenneté. D’un autre côté, ces politiques peuvent favoriser l’apparition de nouvelles formes de contrôles des comportements des populations bénéficiaires. La inclusión financiera, ¿un motor para la construcción del Estado en India y México?Desde los años 1990, la microfinanciación se ha transformado en un elemento fundamental de las políticas de desarrollo internacional, el cual se centra en especial en la creación de mercados y es impulsado principalmente por agentes financieros privados. No obstante, el final de la primera década del siglo XXI se vio marcado por un resurgimiento de la legitimidad del Estado a través de políticas y estrategias de inclusión financiera. La intervención gubernamental responde a la persistencia de las desigualdades sociales, de género y geográficas. En esta perspectiva, la inclusión financiera puede constituir una herramienta para establecer, reformar y fortalecer las instituciones estatales. En el presente artículo, los autores sitúan estas tendencias recientes en el contexto de la evolución de las políticas sociales en India y México. Su argumento es que la implementación de políticas de inclusión financiera en estos dos países puede acarrear efectos ambiguos. Por una parte, dichas políticas permiten que las poblaciones vulnerables accedan a nuevos derechos y promueve formas embrionarias de ciudadanía. Por otra parte, estas pueden incitar el surgimiento de nuevas formas de control del comportamiento de las poblaciones beneficiarias.

International audience; In this paper we try to raise caution against the consequences of the overwhelming drive for microfinance institutions to become financially self-sustainable—more often than not pushed into this by international organizations. Such a push can have severe consequences, ranging from mission drift to questionable practices employed by institutions. Focusing on India, we discuss the extent to which donors influence the microfinance sector and identify the role that international organizations play in pushing microfinance institutions away from their primary objective of delivering financial services to the poor. Revisiting the microfinance crisis which erupted in India in March 2006, this case study reveals a fundamental problem: the zeal of private and public actors, driven by motives that are hard to relate to the fight against pov-erty, a new commercial niche for the former and a collection of vote banks for the latter. Under-standing the origin, the driving forces, and the extent of this problem may not only help us work out an improved governance process, but may also help us evaluate the reach and limits of microfinance.

International audience; Le secteur du microcrédit a fait face à plusieurs crises d'impayés ces dernières années. A partir d'enquêtes menées en Inde, au Maroc et en République dominicaine, cet article montre que ces crises n'ont en rien ébranlé l'un des mythes à l'origine de ces crises : la croyance en les capacités autorégulatrices par le marché. L'objectif de croissance reste prioritaire (même si c'est à des degrés divers selon les contextes) et se traduit à la fois par des pratiques actives de démarchage (il ne s'agit plus de répondre à une demande, mais de la créer) et une focalisation sur un segment finalement très restreint de la clientèle, celle qui a déjà fait ses preuves. Une lecture de ces crises en termes d'économie politique permet également de resituer le microcrédit dans l'évolution des politiques dites de « développement » axées sur l'inclusion financière. En normant les comportements des populations, le microcrédit apparaît alors comme révélateur d'un dispositif néolibéral au sens de Michel Foucault.

International audience; Perpétuellement réinterprétée et réappropriée, la microfinance peut échapper au contrôle de ses promoteurs ainsi qu'aux objectifs économiques et sociaux qui lui sont souvent assignés. Ainsi, la sémantique des bailleurs de fonds, des chercheurs en sciences sociales et des praticiens travaillant pour ou sur la microfinance révèle le plus souvent des visées normatives (la finance informelle est mauvaise, etc.) et une perspective évolutionniste (toutes les pratiques financières doivent à terme se fondre dans le Système). Encourager des projets de microfinance manifeste-t-il que les États adhèrent sans sourciller à ces préconceptions, que les acteurs locaux puissent à leur tour y rallier ou, inversement, s'en détourner au profit d'autres ambitions ? En s'appuyant sur les exemples chinois et indiens -- deux grands marchés potentiels pour les professionnels de la microfinance --, nous nous demandons dans cet article comment, au-delà d'une certaine normalisation, la microfinance donne lieu à des modes d'appropriation très distincts.