For almost a century now, the medieval juggler has been the subject of a large number of studies. Whether discussed as a representative of a social category, as one of the earliest representations of the artist or as a moral type, the treatment to which this figure has been subjected reverberates, almost invariably, with negative undertones. There are as yet only timid attempts to view the juggler as anything but an archetype of perversion. To attempt such a rethinking is one of the purposes of the present study. I propose to look at the juggler, within the image, as being first and foremost a body in action, an "actor" characterized by a specific language of gestures. Such an iconographie approach might prove fruitful in redefining this figure, by enabling us to go back to the primary (bodily, gestural) sources of its symbolism. It is through his relationship with the other elements in the iconographic context that the juggler acquires a specific symbolic function. When he seems to be submitted to a music of the body (we might speak of instinctual drives), he signifies the submission of the spirit to the flesh. On the other hand, when the iconographic context expresses a spiritual music, that is to say a music founded on the mathematical dynamics generated in the soul and in the entire Church by the Holy Spirit, it becomes clear that the body can be, and should be an instrument enabling the true Christian to speak or sing or behave according to the laws of God., Depuis presque un siècle, le jongleur médiéval fait l'objet de très nombreuses études. Apparaissant tantôt comme l'archétype d'une catégorie sociale, tantôt comme la plus précoce représentation de l'artiste ou comme un « type » moral, les visages qui lui sont donnés renvoient presque invariablement un reflet négatif. Toutefois, quelques essais timides tentent de le considérer autrement que comme un archétype de la perversion. Le « repenser » ainsi est un des buts du présent article. Je propose de regarder le jongleur, à l'intérieur de son image, comme étant d'abord et avant tout, un corps en action, un « acteur » caractérisé par un langage gestuel spécifique. Une telle étude iconographique peut porter ses fruits en redéfinissant ce personnage, par un retour aux sources primaires (corporelles, gestuelles) de son symbolisme. C'est à travers ses relations avec les autres éléments du contexte iconographique que le jongleur acquiert une fonction symbolique spécifique. Quand il semble soumis à une musique corporelle (nous pouvons parler de pulsions), il dénonce la soumission de l'esprit à la chair. À l'inverse, quand le contexte iconographique exprime une musique spirituelle, c'est-à-dire fondée sur la dynamique mathématique que l'Esprit-Saint génère dans l'âme et dans l'Église tout entière, il semble clair que le corps peut et doit être un instrument permettant au vrai chrétien de parler, de chanter et d'agir selon les lois de Dieu., Marchesin Isabelle. Les jongleurs dans les psautiers du haut moyen âge : nouvelles hypothèses sur la symbolique de l'histrion médiéval. In: Cahiers de civilisation médiévale, 41e année (n°162), Avril-juin 1998. pp. 127-139.