Humbert, Pierre, Centre de Recherche sur les Médiations (Crem), Université de Lorraine (UL), Association belge des chercheurs en éducation (ABC-Educ, Belgique), Association des enseignants et chercheurs en sciences de l'éducation (AECSE, France), Société suisse pour la recherche en éducation (SSRE, Suisse), Haute École Louain en Hainaut (HELHa, Belgique), Groupe interdisciplinaire de recherche sur la socialisation, l'éducation et la formation (Girsef, Université catholique de Louvain, Belgique), Institut d’administration scolaire (Inas, Université de Mons, Belgique), and Hahusseau, Rudy
International audience; La question des pratiques collaboratives dans l'apprentissage et leur opposition avec la mise en concurrence des apprenants fait partie des questions vives dans le domaine de l'éducation depuis de nombreuses années (Baudrit, 2007 : 118). Elles sont aujourd'hui réactivées autour de la question des usages des TICE par les enseignants d'une part et les apprenants d'autre part et également, dans une certaine mesure, au regard de la pénétration du discours managérial du monde de l'entreprise vers le monde de l'éducation (Deceuninck, 1993 ;Lamarche et al., 2006). S'appuyant sur les principes socio-constructivistes et interactionnistes de l'apprentissage, les pratiques collaboratives tendent à montrer leur contribution aux processus d'apprentissage (Karpova et al, 2009 ; Follet et Peyrelong, 2009 ; Hulin, 2013) à travers l'engagement des apprenants qu'elles génèrent, la stimulation ou encore les phénomènes de décentration qui favorise un esprit d'ouverture de l'étudiant sur des modes de pensée différents de sa propre vision des choses (on parle alors de situations de résolution de conflits socio-cognitifs). À ce titre, l'idée est assez répandue, selon laquelle les outils numériques, en particulier les services en ligne de partage et de travail collaboratif (réseaux sociaux, partage de document, messagerie instantanée, etc), dédiée ou non au monde de l'éducation, contribuerait à ce type de pratiques en en facilitant la mise en œuvre (Chaptal, 2009). Pour autant, nous pouvons nous interroger sur ce présupposé et en particulier sur la manière dont sont perçus ces outils et ces pratiques collaboratives d'apprenants par les enseignant-chercheurs eux-même en faisant l'hypothèse selon laquelle le véritable apport des outils numériques à la collaboration entre apprenants peut être conditionné par la représentation que peut en avoir l'enseignant.À partir d'entretiens d'enseignants-chercheurs interrogés dans le cadre d'une enquête menée de mars 2013 à février 2014, notre communication portera sur ce que savent ou pensent savoir les enseignant-chercheurs des pratiques de sociabilité numérique des étudiants et la façon dont ils pensent que ces relations, faisant l'objet d'une médiation technologique, peuvent ou non- avoir une influence sur les pratiques d'apprentissage des étudiants;- être intégrées dans la pratique pédagogique de l'enseignant. Notre méthodologie reposera sur l'analyse de contenu d'un corpus de transcriptions de 54 entretiens d'enseignants-chercheurs interrogés à propos de leurs pratiques pédagogiques et leurs usages du numérique, à travers desquels transparaît leurs représentations portant sur les pratiques des étudiants. Nous mobiliserons deux approches, l'une qualitative, résultant d'une analyse compréhensive d'un sous-corpus de retranscriptions établit de manière aléatoire, l'autre quantitative, résultant d'une analyse statistique textuelle visant à évaluer la validité des hypothèses issues de la première approche. Les éléments relevés nous amèneront à adopter une posture mesurée, voire critique au regard d'une certaine idéologie de « l'internet » thaumaturge et tenterons de montrer si le discours optimiste escortant les technologies, tant par leur promoteurs que par certains usagers, résiste ou non aux réalités des pratiques.Regard réflexif sur la question de rechercheUne partie réflexive tentera d'examiner la question des objets de recherche et de la difficulté de déconstruire le cadre idéologique au sein duquel ils semblent s'inscrire « naturellement ». Le chercheur est alors partagé entre épouser les tendances fortes qui nourrissent les appels à projet et à communication ou tenter de s'en dégager au prix d'un effort non négligeable.Quelques références bibliographiquesBaudrit, A. (2007). Apprentissage coopératif/Apprentissage collaboratif : d'un comparatisme conventionnel à un comparatisme critique. Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle, Vol. 40(1), 115 136. Chaptal, A. (2009). Rhapsodie sur la collaboration: Le travail collaboratif. Les dossiers de l'ingénierie éducative. Consulté à l'adresse http://www.cndp.fr/archivage/valid/139705/139705-18421-23868.pdf Deceuninck, J. (1993). Entre ingénierie, management et marketing : perméabilité et résistance de la formation initiale. Études de communication. langages, information, médiations, (14), 139 150. Consulté à l'adresse http://edc.revues.org.bases-doc.univ-lorraine.fr/2742?lang=en De Lavergne, C., & Heïd, M.-C. (2013). Former à et par la collaboration numérique : tic&société, (Vol. 6, N° 2). Consulté à l'adresse http://ticetsociete.revues.org/1308 Follet, M., & Peyrelong, M.-F. (2009). Au vu et au su de tous. Distances et savoirs, Vol. 7(1), 47 64. Hulin, T. (2013). Enseigner l'activité « écriture collaborative ». tic&société, (Vol. 6, N° 2). http://doi.org/10.4000/ticetsociete.1314 Karpova, E., Correia, A.-P., & Baran, E. (2009). Learn to use and use to learn: Technology in virtual collaboration experience. The Internet and Higher Education, 12(1), 45 52. http://doi.org/10.1016/j.iheduc.2008.10.006 Lamarche, T. A., Moulier Boutang, Y., Hugon, P., & Delamotte, É. (2006). Capitalisme et éducation. Paris, France: Institut de recherches de la FSU : Syllepse.