Belli-Riz, Pierre, de Guillebon, Marie, Benoît, Julie, Ghyoot, Michaël, Guichard, Cécile, Daudon, D., Sieffert, Yannick, École nationale supérieure d'architecture de Grenoble (ENSAG ), Université Grenoble Alpes (UGA), Cultures Constructives (Cultures Constructives ), Architecture, Environnement & Cultures Constructives (AE&CC ), Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-École nationale supérieure d'architecture de Grenoble (ENSAG ), Université Grenoble Alpes (UGA)-Université Grenoble Alpes (UGA)-Ministère de la Culture et de la Communication (MCC)-École nationale supérieure d'architecture de Grenoble (ENSAG ), Université Grenoble Alpes (UGA)-Université Grenoble Alpes (UGA), Association Bellastock, Université libre de Bruxelles (ULB), Collectif ROTOR, Laboratoire sols, solides, structures - risques [Grenoble] (3SR), Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Grenoble Alpes (UGA)-Institut polytechnique de Grenoble - Grenoble Institute of Technology (Grenoble INP ), Programme interministériel de recherche et d'expérimentation en architecture 2016-2020Architecture du XXe siècle, matière à projet pour la ville durable du XXIe siècle, Laboratoire Cultures constructives, Unité de recherche Architecture, environnement et cultures constructives (AE&CC), Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble, PHITEM / Université de Grenoble-Alpes, Grenoble-Alpes Métropole, SPL SAGES, and Bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère (BRAUP)
Les enjeux du développement durable, de la transition écologique, de la prévention des déchets et de la préservation des ressources matérielles appellent de profondes transformations dans la production du cadre bâti, et plus particulièrement dans les processus de conception de l’architecture et de la construction. Le meilleur bâtiment est celui que l’on n’aura pas à construire… ou à démolir, tout d’abord. C’est celui qui saura résister, s’adapter, se transformer, s’améliorer. La démolition de bâtiments existants est toujours un aveu d’échec. Elle touche aujourd’hui beaucoup de constructions du 20ème siècle, dont le cycle de vie est sensiblement plus court que des constructions plus anciennes, ce qui interroge sur leur qualités techniques, d’usage ou de signification. Lorsque cela arrive, lorsque la démolition d’un édifice semble inévitable, peut-on imaginer pour lui une autre vie après sa disparition ? Ses éléments, ses pièces détachées, ses fragments peuvent ils encore produire de l’ouvrage, de l’usage et du sens ? « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », disait déjà Antoine Lavoisier en 1789. Quels choix possibles, entre recyclage et réemploi notamment ? Par rapport au recyclage, le réemploi d’éléments de constructions provenant d’anciens édifices ne détruit pas l’intégrité de ces éléments (ou produits, composants, etc.) et ne les réduit pas à l’état de matière brute, qui nécessitera de l’énergie et souvent des matières complémentaires pour son nouvel usage. Il cherche à préserver un maximum de valeurs résidentes, faisant partie intégrante de sa façon et de sa forme, qu’il s’agisse de valeurs matérielles ou immatérielle. C’est une pratique qui a toujours existé dans l’histoire, mais qui a été dévalorisée depuis plus d’un siècle par un processus linéaire d’extraction/production/consommation/élimination. C’est cependant une pratique qui redevient d’actualité, dans la recherche d’une économie circulaire. Cette pratique reste pour l’instant marginale, et même si les exemples de réalisations remarquables se multiplient, elle reste marginale car difficilement compatible avec l’économie dominante des matériaux de construction, des règles et des normes de mise en œuvre, ou encore du système des assurances… Mais elle suscite cependant l’intérêt d’une nouvelle génération d’architectes (ou de futurs architectes), qui sont désireux de se rapprocher de processus de conception et de production plus vertueux, de retrouver davantage de proximité avec la matière, les lieux, les usagers et tous les acteurs de la construction. Comment dépasser la période actuelle que Jean-Marc Hyugen qualifie de « pré-rationnelle » pour permettre aux filières et réseaux de réemploi en architecture de monter en puissance, en généralité et en compétence ? Comment développer une chaîne de conception et de production dont chaque maillon renforcera la cohérence ? Quelles sont les étapes et les méthodes qui pourront renforcer ce processus ? Pour avancer sur ces questions, le présent travail de recherche s’appuie sur l’analyse de plusieurs corpus qui se complètent entre eux. Tout d’abord, l’équipe a développé une expérimentation pédagogique à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble (ENSAG) en master Architecture, en coopération avec l’Université de Grenoble-Alpes (UGA), sous la forme d’un module « Initiation au réemploi en architecture), en coopération avec l’Université de Grenoble-Alpes et le module « Conception collaborative » proposé en master de Génie civil. Cette expérience menée depuis 2016 a permis de tester un enseignement associant penser et faire, renouant avec la conscience de la matière et de ses assemblages, et un mode de conception architecturale partant de la ressource matérielle d'un territoire local. Un autre corpus de projets et de réalisations a été glané au fil des témoignages, excursions et journées d’études Sans être exhaustif, il constitue un panel significatif des démarches, des découvertes et des perspectives induites par des pratiques professionnelles, contemporaines ou plus anciennes. Enfin, des partenariats noués avec des acteurs institutionnels de la région grenobloise ont permis de participer à des démarches locales pour favoriser le réemploi architectural dans différentes opérations. Le réemploi en architecture peut être ainsi un domaine qui participe à un profond changement de modèle de société et de pensée, d’une pensée linéaire à une pensée circulaire, qui devrait prévaloir au cours de ce 21ème siècle qui débute.