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International audience; To Moorish society the sea has long been a marginal world, both foreign and strange, with one notable exception: the link between imrâgen communities and the maritime space. The imrâgen immediate perception of the sea is one of intertwined natural and supernatural worlds. The details of their relation, however, are based on mechanisms that only a few insiders, custodians of the "secret of the sea" can identify and control. Some families, from Bârikalla and Buhubbayni marabout groups have managed to establish their legitimacy on the coast through the exercise of powers thought to influence the course of natural phenomena (wind, current intensity, moon phases) or the behavior of marine species (dolphins and turtles), that they appropriated as emissaries. What is the nature, effectiveness and limitations of such power over the sea? How does it place the marabout at the heart of imrâgen ecology, how does the sacred fit in with the principle of natural balance? The purpose of our analysis is to shed some light on these issues.; La mer a longtemps été perçue pour la société maure comme un monde en marge, étranger et étrange. Seule exception notable : la relation liant les communautés imrâgen à l'espace maritime. Dans la perception imrâgen de la mer se présentent d'emblée comme enchevêtrés les mondes naturels et surnaturels. Les modalités de leur articulation procèdent toutefois de logiques que seuls distinguent et maîtrisent certains initiés, dépositaires du « secret de la mer ». Quelques familles, issues des groupes maraboutiques Bârikalla et Buhubbayni, ont ainsi réussi à asseoir leur légitimité sur la côte par l'exercice de pouvoirs supposés influencer le cours des phénomènes naturels (vents, intensité des courants, cycle de la lune) ou le comportement d'espèces marines (dauphins et tortues), dont ils ont fait leurs principaux émissaires. Quelles sont la nature, l'efficacité et les limites de ce pouvoir sur la mer? Comment inscrit-il le marabout au coeur de l'écologie imrâgen, le sacré au principe de l'équilibre naturel ? C'est à ces questionnements que nous nous proposons d'apporter quelques éléments d'analyse.

International audience; L’extrême parcimonie des marqueurs matériels témoigne, en pays nomades, d’une emprise territoriale résolument étrangère au régime de la visibilité. C’est dans la mémoire, dans les récits, les chants, les poésies et la toponymie que s’actualisent des trajectoires, des itinéraires et des limites à l’espace familier. En nous attachant à la façon très particulière qu’ont les pêcheurs imrâgen de s’approprier le milieu maritime, nous avons tâché de faire affleurer les différentes strates de la mémoire collective et individuelle de la mer.

International audience; L'idée qu'il faille dominer la nature pour s'en rendre maître, la transformer pour y avoir une présence avérée a abouti, semble-t-il, à tendre un voile d'opa-cité sur des formes de maîtrise et d'emprise plus discrètes sur le milieu naturel. Un rapport qui procèderait moins par l'abrogation des lois qui instruisent la nature 1 que par leur utilisation raisonnée, moins par un tour de force instru-mentalisé que par une anticipation maîtrisée : telle semble être cette autre forme d'efficacité que décrivent M. Detienne et J.-P. Vernant (1974) par l'analyse du concept grec de mètis. La mètis, cette ruse avisée qui étend indifféremment son règne parmi les hommes et les animaux, cette force paradoxale qui permet « aux faibles, aux chétifs », à tous ceux qui sont démunis des moyens nécessaires à la domination du monde, d'en obtenir les faveurs, semble bien en effet stimuler de tout autres dispositions, tant cognitives que corporelles. C'est ici de la mètis en contexte maritime qu'il sera question : d'abord pour qu'y soit illustré son original ancrage ; ensuite, pour qu'à partir des quelques exemples littéraires et ethnographiques mobilisés, puisse être engagée une réflexion plus systématique sur le leurre et la sensibilité. Comment le leurre, dont la mètis est le présup-posé, travaille-t-il la sensibilité du sujet leurrant ? Que nous apprend-il de la façon dont celui-ci perçoit, pour en transcrire sensiblement les saillances, le monde des autres ?

International audience

International audience; A Sensory Seascape: Eco-aesthesia and Marine Toponymy in Imrâgen Fishing Communities of Banc d'Arguin, Mauritania T he Imrâgen people of Mauritania-whose territory is encompassed by the Banc d'Arguin National Park, created in 1976-have long constituted the only fishing community within the nation's chiefly pastoral Moorish society. Their fishing practices, conducted with little equipment and, up until the early twentieth century, without any type of boat, did not seem particularly disposed them to develop a specific form of control over the sea. However, this scarcity of materials seems to have broadened their modes of interaction with the milieu, prompting a wider variety of innovations and compensations in terms of the senses and body techniques. Key to this process of socialization of the sea has been the development of a toponymical vocabulary. Place names have emerged as a ways of gaining an effective hold over the sea, while helping to create a space of shared practices, perceptions and memories. To fully understand this process, and to perceive the ways in which toponymy cements the bonds between these communities and the sea, one must first decipher the logic of place naming. After a brief overview of the variety of ways of relating to the sea in the Banc d'Arguin area, I will proceed to such a toponymical analysis and explain in more detail how place naming enables effectual collective mastery over maritime space.

International audience; Portant sur le leurre et la mètis, la réflexion engagée dans cet article croise éthologie et anthropologie. Partant de mon ethnographie menée parmi les pêcheurs imrâgen de Mauritanie, et mobilisant d’autres sources, littéraires et ethnographiques, relatives à l’usage du leurre dans d’autres sociétés de pêcheurs, le présent article a tâché de comprendre comment le leurre, et la disposition qui est à son principe : la mètis, forment la trame d’une relation privilégiée au monde maritime et à ses existants.