Arrighi, Aude, Durpoix, Amandine, Barataud, Fabienne, Agro-Systèmes Territoires Ressources Mirecourt (ASTER Mirecourt), Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), Programme PIREN-Seine, and Université Pierre et Marie Curie - Paris 6 (UPMC). Paris, FRA.
National audience; Face à la dégradation lente mais continue des eaux souterraines au regard des nitrates, et à la confirmation, année après année, de la pollution par les pesticides, la réglementation a fortement évolué pour renforcer les démarches de protection de la ressource. C'est notamment le cas du Grenelle de l'environnement en 2009 qui vise à concentrer les efforts de lutte contre les pollutions diffuses sur 500 Aires d'Alimentation de Captage (AAC) de l'ensemble du territoire national. Une extension à 500 autres captages prioritaires a été annoncée fin 2013. Ces AAC ont un rôle de site pilote dans une optique de gestion concertée de la ressource et donc d'établissement d'un dialogue entre l'ensemble des acteurs : institutions, gestionnaires et profession agricole. Pour parvenir à ces objectifs, un des défis est la constitution d'une vision partagée entre acteurs de ces territoires. Cet outil se présente sous la forme d'un jeu de 24 cartes portant des pictogrammes : ces cartes illustrent une large gamme de thématiques (caractéristiques biophysiques et structurelles de l'AAC, caractérisation du territoire, acteurs et démarche) parmi lesquelles l'enquêté doit faire six choix justifiés pour dresser le portrait type de son territoire, en faire ressortir les points clés. L'outil offre ainsi la possibilité à tous les acteurs de s'exprimer sur leur captage. Il permet de recueillir leur perception de leur captage au regard de la problématique de préservation de la ressource en eau et d'identifier les critères qui leur paraissaient être pertinents pour le caractériser et expliquer la façon dont la démarche, les jeux d'acteurs, la construction localisée de solutions s'opèrent ou non. L'outil a été testé sur cinq AAC diversifiées (tant du point de vue de la taille, que de l'importance et de la localisation de la population desservie, des acteurs de la démarche, de la structuration et des modes de gestion, des formes d'agricultures, ...), échantillonnées sur la base du travail de typologie antérieur situées toutes les cinq sur le bassin de la Seine. 57 enquêtes ont été réalisées sur ces AAC auprès, d'une part, des membres des comités de pilotage investis dans la démarche Grenelle (les institutions : services de l’État et services publics, les maîtres d'ouvrage, les représentants du monde agricole : chambre d'agriculture, agriculteurs, associations d'agriculteurs ainsi que l'animatrice des trois captages situés dans la région Centre et un assistant à maîtrise d'ouvrage), et, d'autre part, des acteurs absents ou peu représentés dans ces instances et pourtant qui portent aussi des enjeux et une vision du territoire et qui peuvent jouer un rôle dans la démarche en cours. Ainsi, les agriculteurs et certains organismes (Fédération du Bio, mairies non maîtres d'ouvrage...), lorsqu'ils étaient absents des comités, ont été identifiés puis enquêtés sur les conseils d'autres enquêtés. Les principaux résultats concernent d'un côté l'évaluation de l'outil lui-même et, d'un autre côté, la situation des démarches AAC en cours. On a ainsi pu vérifier que l'ensemble des cartes proposées comportent les items effectivement nécessaires et pertinents pour parler des aires de captage. Le recours à ces cartes et l'obligation de faire un choix justifié permet de structurer le discours et de retracer rapidement l'histoire, les éléments de contexte explicatifs et les difficultés ou au contraire les atouts du territoire. Sur chaque AAC enquêtée on a vu de plus émerger un certain nombre de nœuds (légitimité de certains acteurs, controverses autour de la réalité du problème de pollution ou de l'exactitude de la délimitation, faible adaptation des solutions proposées aux contraintes des agriculteurs), des visions non partagées ou un interprétation opposée de certains éléments de contexte. L'enjeu actuel est de trouver des modalités d'utilisation de l'outil en collectif pour qu'il devienne un véritable outil de médiation territoriale. Cet outil, intitulé METE'EAU est en cours d'expérimentation.