Résumé Cette étude a pour objectif principal d’explorer les difficultés rencontrées par le couple conjugal et parental lorsqu’il apprend que l’un de ses enfants a été abusé sexuellement. Cet abus peut être intra- ou extrafamilial. Le vécu du couple est un domaine qui mérite d’être davantage investigué car nous savons combien la souffrance des parents influence l’état de santé mentale de l’enfant et peut alimenter voire maintenir les symptômes de ce dernier. Notre échantillon comprend six couples dont l’enfant a été victime d’un abus sexuel. Ceux-ci ont été recrutés au sein des équipes SOS-Enfants. Un design expérimental de type qualitatif a été mis en place : nous avons rencontré les couples à une ou deux reprises. Lors de ces rencontres, nous avons réalisé un entretien semi-structuré afin de récolter des informations démographiques sur les caractéristiques de l’abus. Le Life Events and Difficulties Schedule (Brown et Harris, 1978), a permis d’inventorier les évènements potentiellement traumatiques survenus lors des six derniers mois. Nous avons également administré cinq questionnaires et dirigé un entretien semi-structuré construit dans le cadre de cette recherche sur base de la littérature scientifique. Ceux-ci comprennent l’Échelle d’Ajustement Dyadique (Spanier, 1976), l’Inventaire de Coping Dyadique (Bodenmann, 2008), l’Inventaire d’Alliance Parentale (Lacharité, 1996), le Questionnaire d’Auto-Évaluation de la Compétence Parentale (Terrisse et Trudelle, 1988) et enfin l’Inventaire des Désirs Sexuels (Spector et al., 1996). Ces questionnaires visent chacun à évaluer une dimension plus spécifique du couple. Les résultats obtenus soulignent une détresse chez chaque couple. Cependant, celle-ci s’exprime de façon différente, aussi bien entre les couples qu’entre les partenaires conjugaux eux-mêmes. Néanmoins, pour chacun d’eux, la dimension de la parentalité semble être une ressource leur permettant de s’investir auprès de leur enfant victime. Cet investissement prend la forme d’une focalisation sur l’enfant ayant pour conséquence l’effacement du couple conjugal. En effet, le temps passé ensemble, les moments en couple et l’intimité diminuent. Si certains couples manifestent néanmoins un rapprochement, celui-ci se fait autour de l’enfant et du problème. Cette capacité à faire équipe nous laisse penser que ces couples disposent de ressources pour faire face à l’abus. L’intérêt porté à la détresse conjugale et parentale semble donc primordial car cette étude montre que les parents, s’ils tentent souvent dans un premier temps de mettre en place des mécanismes assurant l’homéostasie et la sécurité familiales, ceux-ci ne sont pas toujours adaptatifs à long terme. Nous voyons alors un risque de créer un secret de famille, lourd à porter, ou encore une surprotection figeant l’enfant dans son rôle de victime, pouvant en outre provoquer un étiolement de la dynamique conjugale. Dès lors, il nous semble impératif de pouvoir également soutenir la conjugalité par des interventions cliniques. Cependant, d’autres études portant sur un plus grand échantillon sont à ce jour encore nécessaires afin de mettre en évidence, à une plus large échelle, les difficultés vécues par ces couples. This study has for objective to explore the difficulties faced by the conjugal couple and parental when he learns that one of his children had been sexually abused. This abuse can be perpetrated inside or outside the family. The experience of the couple is an area that deserves to be further investigated because we know how the suffering of parents influence the state of mental health of the child and can power or to keep symptoms of the latter. Our sample includes six couples whose child has been victim of sexual abuse. They have been recruited within the SOS-Enfants teams. An experimental design of qualitative type has been implemented: we met couples on one or two occasions. In these meetings, we realized a semi-structured interview to gather demographic information about the characteristics of the abuse. The Life Events and Difficulties Schedule (Brown and Harris, 1978) has allowed to identify potentially traumatic events that occurred during the last six months. We also administered five questionnaires and conducted a semi-structured interview built as part of this research based on the scientific literature. These include the Scale of Adjustment Dyadic (Spanier, 1976), the Inventory of Dyadic Coping (Bodenmann, 2008), the Inventory of Parental Alliance (Lacharité, 1996), the Self-Assessment Questionnaire of the Parental Competence (Terrisse et Trudelle, 1988) and finally the Inventory of Sexual Desires (Spector et al., 1996). These questionnaires aim to assess a specific dimension of the couple. The results underline distress in each couple. However, this is expressed differently, both between couples that between the marital partners themselves. However, for each of them, the dimension of parenting seems to be a resource enabling them to invest with their child victim. This investment takes the form of a focus on the child resulting in the erasure of the conjugal couple. Indeed, the time spent together, the couple moments and intimacy decrease. If some couples nevertheless demonstrate a rapprochement, this is done around the child and the problem. This ability to make team suggests that these couples have resources to cope with the abuse. The interest on conjugal and parental distress seems essential as this study shows that parents, if they try often as a first step to implement the mechanisms for homeostasis and family security, they are not always adaptive in the long term. We then see a risk of creating a secret family, heavy to carry or overprotection freezing child in his role of victim, can also cause a weakening of the marital dynamics. Therefore, believe us it is imperative to also support the conjugality by clinical interventions. However, other studies involving a larger sample are to this day still needed to highlight the difficulties experienced by these couples on a wider scale. [ABSTRACT FROM AUTHOR]