Cet article s’intéresse à l’in/visibilité comme rapport de pouvoir dans les espaces touristiques alpins à la frontière franco-italienne (le littoral azuréen de Menton-Vintimille, et les stations de ski hautes-alpines de Montgenèvre et Clavière). Le contrôle migratoire mis en place à la frontière repose sur un profilage social et « ethno-racial », par les forces de l’ordre, des personnes qui fréquentent cet espace. Les inégalités sociales et raciales qui structurent l’espace alpin, rendant hypervisibles les minorités « non-blanches » et les pratiquant·es « non-légitimes » de l’espace touristique, favorisent le ciblage policier des étrangèr·es originaires du « Sud global ». Pour éviter les contrôles, les personnes en migration ciblées tentent de se rendre invisibles en se cachant dans la montagne ou en mobilisant la stratégie du passing, qui consiste à se faire passer pour un·e voyageureuse légitime. Les stratégies de résistance au régime frontalier de la part des personnes en migration montrent leur capacité à analyser les rapports sociaux de classe et de « race » qui se jouent dans les espaces touristiques alpins pour déjouer les entraves à leur mobilité, subvertir l’ordre socio-racial imposé par la frontière et exercer leur liberté de circulation.