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Pourquoi un éco-quartier ? Serait-ce que les autres formes de quartiers possibles ne fonctionnent pas à Bukavu ? L’analyse historique nous montre qu’en dépit d’un plan précis d’urbanisation établi pour cette ville verte à l'époque coloniale, Bukavu est aujourd’hui un amas de constructions anarchiques. Cet échec est dû à la non intégration de la culture des aborigènes de l’époque. D’autres quartiers unifonctionnels – résidentiels, industriels, commerciaux, administratifs… – qui respectent pourtant les règles écologiques et urbanistiques globales sont également en échec dans cette ville car, dans la culture bukavienne, il est d’usage d’être entouré d’une multitude d’activités à la fois. Le développement durable propose des objectifs à atteindre à long terme, mais laisse la possibilité à chaque pays de les appliquer selon ses propres démarches et à la vitesse souhaitée, dans un timing donné. C’est dans ce contexte que l’éco-quartier prend tout son sens, par l’équilibre entre le social, les coutumes et les mœurs, le respect de l’environnement et la promotion de l’économie locale. À noter ici que l’homme n’est plus au centre de tout intérêt mais qu’il a le devoir de collaborer avec le milieu dans lequel il évolue.

La Chine s'urbanise très rapidement, les sites de construction emploient, de ce fait, plus de 5 % de la population active. Ces ouvriers, souvent d'origine rurale, sont amenés à se déplacer sur le territoire, de chantier en chantier, selon les opportunités de travail. Ces hommes, vulnérables, vivent isolés à même le chantier et manquent de reconnaissance sociale. Le projet propose une réflexion sur l'organisation spatiale des sites de construction afin de leur offrir un cadre de vie plus légitime. Cet objectif se concrétise par une implantation des zones de vie en périphérie, à l'interface entre le chantier et la ville. Grâce à une accessibilité et une visibilité accrues, la possibilité est offerte aux ouvriers de ne plus uniquement se définir par leur profession, mais aussi par leur citoyenneté. Une série de programmes communautaires améliorent leur condition et font émerger un réseau entre les chantiers. A terme, ce système permettra une fédération ouvrière de défense des droits. La stratégie du projet se base sur des principes constructifs économiques et rationnels en utilisant les containers disponibles dans les chantiers du pays. A l'échelle du site, le plan est un étirement linéaire et ondulé des unités de vie. Cette forme urbaine plissée est une réinterprétation contemporaine des principes de l'habitat traditionnel chinois dans lequel la relation entre public et privé est structurée par une série de ruelles et de cours. Au travers de cette proposition, ces travailleurs de l'ombre retrouvent leur dignité ainsi qu'un lieu de vie à leur mesure.

A l’Est de Paris, à cheval entre la ville historique et les communes voisines, le plateau de Romainville domine la métropole. Il porte en lui les stigmates de l’anthropocène: l’ère où l’action humaine est la principale force qui transforme la terre. En effet, des millions d’années après sa formation, cette butte-témoin a brutalement changé : On a creusé d’immenses carrières pour extraire le gypse, On a sculpté des forts sur ses sommets, Des autoroutes l’ont entaillée. Mais la butte a en quelque sorte tiré parti de ces blessures pour se doter de lieux singuliers, telles les carrières qui forment aujourd’hui une couronne de parcs en hauteur et mettent en scène le relief excavé. Dans ce système, l’autoroute A3 qui traverse la butte d’Est en Ouest, est une fracture infranchissable qui exclut les riverains. Pourtant, par sa topographie et son implantation, elle offre l’opportunité d’inventer une architecture à même de valoriser ce territoire et son histoire. Compte tenu du développement des transports en commun et de la métropole, je pose l’hypothèse d’une transformation de l’autoroute en voie métropolitaine, plus lente, plus accessible, plus partagée. Le projet imagine une voie nouvelle, vecteur d’intégration, un lien. Une voie poreuse qui réintègre dans la ville les endroits aujourd’hui délaissés de la butte, créant un quelque part, un lieu nouveau, autre. Des volumes qui symbolisent le vécu du plateau transformé émergent des talus rendus accessibles par des rampes et des escaliers.

Aujourd'hui, différentes lectures de la réalité spatiale de la ville font recours à la notion de fragmentation pour définir un processus de transformation de l'espace urbain. Ce concept met donc l'accent sur les dynamiques interactives socio-spatiales. La fragmentation, en tant que paramètre de la métropolisation, s'inscrit dans la question urbaine mondiale comme une sorte de paradigme de la crise urbaine. La municipalité de San Fernando est un exemple symptomatique de ce phénomène. Situé au Nord de l'agglomération de Buenos Aires, le territoire de San Fernando est fortement divisé par des infrastructures qui définissent des secteurs socialement et spatialement distincts. Ce projet de master choisit de se concentrer sur le secteur le plus défavorisé de San Fernando, le quartier de Virreyes. Des fragments urbains de tous types composent ce quartier populaire qui souffre d'un délitement du lien social, d'une absence d'espaces publics, de graves problèmes de mobilité de ses habitants. Les enjeux principaux de Virreyes sont donc une plus grande mixité sociale et une mobilité générale améliorée. Le projet propose donc une sorte de plan directeur pour développer le quartier. La stratégie d'intervention prend en compte à la fois les potentiels du site et à la fois la présence de deux tissus urbains différents. L'implantation des différents programmes et voies de circulation a pour objectif la réactivation sociale et la diversification fonctionnelle du quartier.

Marseille, ville portuaire fonde son identité sur la migration et la cohabitation de populations hétérogènes. S'y juxtaposent des quartiers historiquement sédimentés aux inégalités fortes et intriquées. Défiée par des enjeux socio-urbains importants, elle illustre aussi le parfait esprit des lieux de la ville méditerranéenne. Le gigantisme du projet Euroméditerranée, actuellement en cours, expose certains quartiers au risque d'oblitération, conduit à la relégation des classes populaires en dehors de la ville et tend inéluctablement à effacer un cosmopolitisme historique. Au modèle spéculatif de « ville garantie », il convient d’opposer d’autres logiques et de repenser l’imaginaire de la ville attractive: garantir un hébergement décent pour tous, préserver l’existant, les pratiques et les modes de vie de la Cité en lui faisant de la place et prôner la culture d’un bâti nouveau de qualité. Dans sa façon d’investir l’espace, le marché aux puces des quartiers nord, seul lieu de rencontre et d’échange dans un paysage industriel en déshérence, constitue le point d’ancrage d’un nouvel imaginaire urbain où règne la permanence de cette fonction de marché. Étirée en longueur, une passerelle crée la couture des quartiers nord vers la ville et agit comme l’épine dorsale d’un projet d'espaces publics, de logements et d'infrastructures sociales. Axe de connexion rapide et fluide, cette passerelle surplombe le site et offre des vues sur l'horizon maritime tout en couvrant un espace public qui se déploie et se développe en fonction des jours et des heures de la journée.

L'habitat traditionnel est porteur de nombreuses réflexions dès lors qu'il entre en rupture avec les modes de vie contemporains. Comment perpétuer les qualités du patrimoine bâti et immatériel qu'il constitue, tout en proposant aux habitants un lieu de vie en adéquation avec leurs besoins? Quelle stratégie adopter pour faire évoluer des modèles locaux, pour produire un habitat qui tire à la fois parti de siècles d'expérience et s'ancre profondément dans les réalités actuelles? La médina de Marrakech offre un cadre de vie aux qualités restées inchangées. Cependant, les attentes en matière de logement, liées aux récentes évolutions sociétales, se heurtent à son bâti peu flexible. La fuite hors des hauts remparts, vers une ville nouvelle en constante expansion, se révèle ainsi tentante. Une alternative intéressante pourrait être offerte par un quartier reprenant les caractéristiques de l'organisation médinale, composé de maisons à cour adaptées à une diversité de types d'occupation. Non loin des grandes avenues de la ville moderne, mais cependant contenue dans l'enceinte de la muraille de terre, une nouvelle portion de médina prolonge le tissu ancien. Les matériaux et techniques de construction sont issus du lieu, les formes et les programmes cherchent les interactions avec l'existant, le quartier se fond dans la ville séculaire. Des étroites ruelles au cœur des patios, on y retrouve les ambiances propres à la médina, alors que la réinterprétation des plans, des formes et des détails façonne un quartier fonctionnel et adapté aux aspirations contemporaines.

Dans l’Ouest lausannois, comme dans de nombreuses agglomérations, la problématique de la gestion de l’eau face au réchauffement climatique est au cœur des préoccupations. Cela se traduit par des projets de renaturation, de gestion de l’eau de pluie sur site ou de rénovation des réseaux d’évacuation. Cependant, ces projets n’intègrent pas l’ensemble des eaux urbaines dont le traitement en aval est énergivore. Ainsi, ce travail appréhende un site mixte, principalement industriel, en tant qu’espace de réinvention afin d’en faire émerger les potentiels d’intégration de tous les différents types d’eaux urbaines. C’est une appréhension holistique d’un métabolisme urbain durable et écologique pour nos futurs quartiers qui passe d’une vision du tout-réseau à une vision plus cyclique. Une telle approche interroge le rapport entre l’eau et l’architecture, entre l’être humain et sa consommation. Le projet vise à réutiliser au maximum le bâti disponible ; pour minimiser son emprise au sol, il se pose sur des structures existantes. En réaffectant les halles industrielles, il accueille une multitude de fonctions inédites qui valorisent ce nouveau quartier mixte et lui confèrent une identité fondée autour de la thématique de l’eau. Le bâtiment du garage de l’étoile accentue le caractère urbain de la place au nord qui est connectée à la ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) et au jardin d’eau au sud, faisant ainsi émerger le potentiel de conciliation entre mobilité, urbanité et nature.

Travail en deux phases. D'abord élaboration d'un plan de quartier, puis développement architectural d'un objet de ce plan: un demi-groupe scolaire. La proposition d'aménagement tente d'établir une continuité entre deux tissus distincts. L'école assume un rôle de catalyseur en répondant à l'hétérogénéité des éléments qui l'entourent.

La ville de Lausanne et ses environs connaissent un développement important ces dernière années. Une étude a donc été menée afin de connaître les perspectives d'évolution de l'Ouest lausannois. Le résultat de cette étude est le Schéma Directeur de l'Ouest Lausannois (SDOL) qui montre plusieurs zones d'intervention et qui regroupe plusieurs stratégies comme la mobilité, le paysage ou encore la densification de la ville. Une question peut alors se poser: comment donner envie aux personnes d'habiter un quartier plutôt qu'une maison à la campagne? Il existe en effet une multitude de modes de vie et l'objectif est de les faire cohabiter pour favoriser une plus grande mixité sociale. Connaître les envies et les besoins des futurs occupants permettra alors d'élaborer des projet qui correspondront à leurs attentes et qui favoriseront cette mixité. C'est dans ce cadre que ce projet prend forme. Le site retenu parmi ceux mis en évidence par le SDOL est celui des “Côtes de la Bourdonnette”. Il s'inscrit en effet dans la continuité du futur quartier “En Dorigny” situé au Sud, ainsi que du projet de remodelage de la route de Chavannes qui sépare les deux terrains. Le projet est un quartier constitué principalement de logements, allant du studio jusqu'au six pièces. Il prend en compte la topographie existante particulière du terrain, en plateaux, afin de générer divers espaces ayant des qualités différentes pour les habitants.

À travers l’habitat et le questionnement de notre quotidien, le Fémilistère réunit les idéaux féministes soutenant une architecture inclusive, la collectivisation des tâches domestiques et du « care » dans un habitat communautaire, inspiré du Familistère. Situé à Cheseaux, à vingt minutes en train du centre de Lausanne, le projet se développe en partie sur l’emplacement d’un ancien parking. Sa position, à proximité du centre, établit une continuité avec le village en prolongeant la rue piétonne historique et la promenade entre la rivière de la Mèbre et la station du LEB. Quatre bâtiments s’assemblent pour former une cour s’ouvrant vers le village et le paysage. A l’intérieur se dessinent des jardins et une place minérale, lieu de rassemblement de la collectivité. Derrière les façades régulières en pierre massive de carrière régionale, les unités de logements disposent des espaces communs par bande, contenus entre les chambres à soi, espaces plus privatifs. Leurs dispositions et leurs tailles identiques assurent une grande flexibilité dans l’organisation de différents modes de vie. Au centre de l’habitat se trouve la cuisine, couverte par une verrière, qui perce le volume sur toute sa hauteur, reliant physiquement et visuellement les espaces partagés, jusqu’à atteindre la buanderie au niveau du toit-terrasse. De cette façon, le Fémilistère offre la possibilité de s'affranchir de l’organisation hiérarchique traditionnelle, représentée symboliquement par la mise en avant et en commun des programmes domestiques par excellence.

En raison de son passé ouvrier et industriel, le Vallon est connu pour être un lieu de grande diversité socio-culturelle. Accueillant aujourd’hui plusieurs associations et institutions sociales, ce quartier est devenu un objet d’intérêt pour la ville de Lausanne qui cherche à le revaloriser, tout en gardant son caractère singulier. Sur la parcelle de l’ancienne usine d’incinération, le projet cherche à mettre en valeur une possible réappropriation du lieu de la part de ses habitants et à étendre l’actuelle place du Vallon. Dans cette perspective, le projet est constitué d’une maison de quartier, de logements, de logements sociaux et d’une serre, partageant tous un même espace collectif qui devient le lieu principal de rencontre et d’interactions sociales. Sur la place du Vallon, l’antenne de quartier permet de mettre à disposition de la ville de Lausanne et des associations des salles pour des activités socio-culturelles. La serre, de son côté, permet aux personnes vivant dans les logements sociaux d’avoir des jardins de réinsertion pour être pris en charge tout le long de l’année. Afin de respecter et de revaloriser l’existant, le projet s’appuie autant sur le thème de la fragmentation que sur celui de la variation, soulignant ainsi le caractère hétéroclite et le charme du Vallon.

L’Homme et l’eau entretiennent depuis toujours une relation plurielle et symbiotique. Toutefois, ambivalente et potentiellement dangereuse, celle-ci ne cessera de le défier. A travers les âges, l’Homme s’est installé à ses côtés et a développé de nombreuses stratégies de contrôle. Mais aujourd'hui, ces méthodes ont montré leurs limites vis-à-vis des problématiques climatiques et démographiques du XXIe siècle. Dans ce contexte, l'architecture flottante se profile comme étant une solution potentielle à ces défis majeurs en proposant un nouveau mode de vie en totale harmonie avec son milieu, au contact de la nature et de la mer. Le projet, implanté dans la ville d’Helsinki, questionne la place d'une architecture flottante en zone urbaine. Il se confronte aux dimensions de la ville en cherchant une liaison entre les différents quartiers par le biais d’une passerelle urbaine tout en intégrant une coopérative d'habitation sur l’eau. Sur cette liaison, l'espace public se dilate à l’aide de plateformes et propose, d’une part, des infrastructures liées à la baignade et aux loisirs de l’eau et, d’autre part, un ensemble de logements. Des programmes publics, gérés par les habitants, font la transition entre collectivité et communauté favorisant l’échange et l’ouverture avec la ville. Les habitations se répartissent le long des pontons, qui agissent comme condensateurs sociaux. Ils encouragent l'esprit de partage, la vie en communauté et incarnent ainsi cette manière d’habiter entre terre et mer.

La Cité-Nouvelle d’Onex-Lancy a été bâtie pour pallier la pénurie de logement qui a frappé le canton de Genève dans les années 1960. En l’analysant, on peut relever aujourd’hui de nombreux problèmes qui vont de la dimension urbaine à l’espace habitable. Le projet consiste donc à revitaliser ce grand ensemble en intervenant à différentes échelles. Tout d’abord, au niveau urbain, il s’agit de relier les sept sous-ensembles de la Cité-Nouvelle actuellement refermés sur eux-mêmes. La mise en valeur d’un axe fort, par un mail qui parcourt l’entier du site, permet d’effectuer ce lien en regroupant certains équipements actuels avec de nouveaux. Ensuite, le projet se focalise sur deux des sous-ensembles de la cité : Onex I et II. Pourtant situées dans un contexte privilégié, ces deux opérations locatives sont le résultat d’une économie de moyens qui a fini par générer des logements de piètre qualité. Le projet prévoit une transformation des rez-de-chaussée qui les ouvre à d’autres programmes et améliore leur rapport à l’extérieur. Des extensions de surfaces chauffées, tempérées et extérieures permettent par ailleurs d’offrir un confort supplémentaire. Une intervention structurellement plus conséquente est prévue sur les quatre tours d’Onex I et II afin de transformer les appartements actuels. En plus de générer de nouveaux logements, la surélévation de ces quatre tours met à disposition des habitants des espaces collectifs au dernier étage.

Dans un monde hyperconnecté, l'homme contemporain occulte paradoxalement les visages qui peuplent ses rues et les plans géométriques qui dessinent les pans de son existence. Quand sa matérialité refuse la permanence, son paysage devient immuable: l'image supplante l'expérience du sensible. L'ordre chaotique suburbain cristallise la contradiction. Là-bas, je ne suis qu'un individu dans un collage urbain sans projet. Aux abords de Lausanne, les quartiers de Grand-Vennes témoignent de l'incompréhension suscitée par ces territoires. Que faut-il regarder, que faut-il comprendre? En discutant avec ses habitants, nous construisons le fondement d'un regard nouveau sur l'ordinaire. Se réapproprier Grand-Vennes, c'est défricher sa mémoire et permettre à l'imaginaire collectif de l'approcher. En d'autres termes, s'autoriser à l'habiter. Dès lors, Grand-Vennes devient le lieu d'un récit suburbain qui raconte la transformation de la nature par l'homme. Les trois ponts sous le viaduc de la Chocolatière composent les allégories d'une image commune et forment en même temps des points de vue sur le site. Au-delà des liens entre quartiers, les ponts sont des racines déployées pour signifier un lieu complexe entre forêt, campagne et jardin. Ils ont un nom, une fonction, une forme, une échelle, un parti vis-à-vis du sol. La cabane, le grand champ et la tranchée deviennent alors les espaces d'une rencontre suburbaine. Ils esquissent les contours d'un dessein commun.

Capitale émergente, Prishtina fait face à une explosion démographique extraordinaire et, par conséquent, à une explosion du secteur de l'immobilier, domaine le plus corrompu du Kosovo. La standardisation du logement de masse de faible qualité, malgré tout inabordable pour la population moyenne (27% vit sous le seuil de pauvreté en milieu urbain), m'a poussé à requestionner le logement à travers les modes d'habiter propres à la région. De la cellule familiale à la rue, le projet propose, à travers la réinterprétation de la maison à cour traditionnelle, un module de logement permettant la refonte d'un quartier délabré du centre-ville. La combinaison de plusieurs modules permet au tissu ottoman, par la redéfinition des rues, de retrouver sa vigueur et sa clarté. La conception de nouveaux espaces publics est facilitée par la conservation des immeubles existants de plus de sept étages. Transformés en pôles interactifs, ils favorisent une mixité sociale dans le nouveau quartier. La production d'un logement abordable par le plus grand nombre est rendue possible par la conjugaison d'un savoir-faire, d'une mise en oeuvre et de matériaux locaux. Cet élément est pris en compte dans le projet en permettant une part d'auto construction. Le module offre une partie bâtie fixe complétée par la suite par l'habitant, selon ses besoins et ses moyens. Pour le rendre viable pour les plus pauvres, le module permet, grâce à la cour-jardin, une partielle autonomie alimentaire.

C’est sous le régime franquiste que la ville de Barcelone a commencé à subir une densification qui n’a eu de cesse d’étouffer la « ville verte » initiée par Ildefonso Cerdá, et ce jusqu’à reléguer la végétation à un simple décor urbain. Aujourd’hui, la pression foncière et l’absence de logements abordables obligent les habitants à quitter le centre. Si l’ancien quartier ouvrier de Poblenou reste la dernière zone proche du centre pouvant encore se soustraire à ces pressions urbaines, la ville a toujours l’ambition d’en faire une plaque tournante pour le tourisme et le business à l’échelle européenne. La gentrification qui en découle pousse à l’expropriation des habitants et à la destruction du patrimoine industriel local, sans pour autant répondre au besoin urgent de logement. La Sardana s’oppose à cette densification débridée. En reprenant la géométrie de l'îlot barcelonais, mais en s'implantant sur l’intersection de deux rues, le projet préserve un vide accueillant un jardin autour duquel dansent les espaces domestiques. Une tapisserie métallique enveloppe le bâtiment. Celle-ci lui permet de faire face à la ville, de se protéger du soleil, de laisser passer la circulation et de s’ouvrir sur le jardin. Les typologies de logement se développent à travers une nappe de pièces dont l’usage et la hiérarchie sont à préciser par les habitants. Entre structure pérenne et échafaudage, le projet rend visible l’instabilité du ménage contemporain en perpétuelle déconstruction et reconstruction.

Saint Louis, Missouri, est une ville moderne. Le système sur lequel elle est établie est obsolète: son plus grand défaut est la grille, trop vaste, trop dense, trop chère à entretenir. La modernité de Saint Louis tient dans sa lutte permanente contre la grille, faisant de chaque projet un projet infrastructurel, en conformité avec son temps. La ville est un laboratoire spéculatif, l’exaltation de modernités successives. Le complexe Pruitt Igoe est sûrement l’illustration la plus évidente de la stratégie du « blight ». Fléau parce qu’à Saint Louis l’infrastructure première est la population noire. C’est elle qui construit la ville selon le bon vouloir d’investisseurs qui rachètent à la ville des portions de plus en plus grandes de la grille, la vident, ses habitants avec. Un « blight » est à l’œuvre aujourd’hui. 700 hectares, un investisseur, deux grands projets. Et ironie, en son centre se trouvent les ruines de Pruitt Igoe. Le projet répond au cahier des charges de l’investisseur. L’objet spéculatif par excellence, la tour de 432 Park Avenue à New York, se couche dans le territoire. Dans cette barre sont relogés les habitants ; d’un côté, le vide de la grande histoire, de l’autre la densité spéculative. Les programmes des deux grands projets se nourrissent de leur contexte. Entre les espaces servants du CBD et ceux de la barre, la ville se forme autour de grands vides dialectiques qui concentrent les circulations. Elle s’en nourrit jusqu’à s’en soustraire, jusqu’au prochain « blight » et le départ de la population noire.

Les petites maisons de la « Siedlung 14 Linden », construites dans les années trente à Weil-am-Rhein, possèdent une valeur historique et culturelle indéniable. Les habitants les ont bâties eux-mêmes à l’époque, sous le contrôle de l’État. Aujourd’hui, l’achat par la ville de l’une de ces maisons et la restitution de certaines de ses caractéristiques permettraient de garder un témoignage de cette initiative d’autoconstruction oubliée, mais aussi de l’intégrer au développement futur de l’important site au sud de la « Siedlung ». Ce dernier, cerné par la forêt, présente de nombreuses qualités. Il tend toutefois à être sous-évalué en raison de l’humidité de son sol, ainsi que de sa proximité avec la prison de Bâle et les voies ferrées. Le projet vise à réinterpréter la question de l’autoconstruction par l’expérimentation d’un mode alternatif de construction économique sur ce site, en continuité avec la « Siedlung » existante. Le chantier est facilité par la préfabrication des éléments de construction, nécessitant des moyens de levage et d’assemblage restreints. L’unité structurelle de base, conçue pour être répétée dans différentes configurations, offre une adaptabilité des logements aux évolutions sociales et aux modes de vie qui en découlent. Les types ainsi générés viennent s’implanter suivant l’hydrographie du sol et leur rationalité est contrebalancée par l’omniprésence d’espaces naturels productifs et d’éléments de médiation entre artefact et nature.

Yangon, 7.3 millions d’habitants et 0.37 m2 d’espace public par habitant: dix fois moins que ses voisines Bangkok ou Singapour. Depuis la fin du XXe siècle, la ville s’étend, les voitures affluent et le paysage urbain si particulier, issu d’une cohabitation entre habitants, vendeurs de rue, transports et végétation incontrôlée, évolue. Le projet consiste en une trilogie d’interventions le long de Pyay Road, l’un des principaux axes routiers de Yangon, visant à souligner le caractère public potentiel des sites choisis. Le climat – mousson ou soleil ardent – est une donnée cruciale dans le projet: la recherche d’ombre comme catalyseur social, la figure du toit comme point de départ du dessin. Trois espaces publics projetés dans des environnements urbains différenciés. Le premier s’insère dans un alignement des symboles du pouvoir: la pagode Shwedagon et le Parlement régional. Un portique crée une entrée monumentale au plus grand parc de la ville et accueille une séquence d’espaces ouverts. Le second s’ancre dans un contexte plus civil, dont le centre des activités est interrompu par le trafic dense. Une place à un niveau intermédiaire, attachée à une structure existante de route surélevée et reliant deux parcs se faisant face. Elle est à la fois plateforme et toit, circulation et lieu de repos. Le troisième définit un centre civique pour l’université. Percevoir l’avenue scindant le campus, non comme limite mais comme axe auquel s’attachent des fonctions publiques, dont un parc pour flâner.

Sur les côtes de l’île de Rügen, en Allemagne du Nord, se trouve une cité à l’histoire inachevée. Construite en 1939, la cité balnéaire de Prora a pour ambition d’être le plus grand projet touristique jamais réalisé. Elle se situe dans un cadre idyllique au milieu d’une forêt de pins, au bord de la mer Baltique. Elle restera cependant vide. Aucun touriste n’y séjournera jamais. A la veille de la Seconde Guerre mondiale les travaux sont arrêtés, elle est abandonnée et placée sous zone militaire. Le temps et la nature ont pris possession de ce projet gigantesque et inachevé. La perception hors échelle est modifiée par la végétation qui vient au plus près des constructions. Le rythme unique des façades s’efface au profit d’un tableau plus complexe. Le but du projet est de garder les qualités de l’abandon, de s’en servir pour proposer un nouveau développement, d’intégrer à l’image historique celle de la végétation. Le site connaît déjà aujourd’hui une réhabilitation hôtelière. Afin d’accompagner ce développement de façon durable, l’intention est ici d’y amener de nouveaux programmes. Pour cela le projet se séquence en plusieurs interventions, qui, toutes, intègrent une scénographie liée à la végétation. Le projet est vu ici comme moyen d’expérimenter et de comprendre ce que la nature peut apporter à la lecture de la construction.

Juin 2030; Après réflexion quant à notre devenir sur la planète Terre, nous nous sommes questionnés sur les modes de vie du XXIe siècle. Le projet se concentre sur la densification d'un quartier existant du centre-ville de Bienne. Il s'inscrit dans la transition énergétique et sociétale en proposant des solutions durables et sobres, tout en améliorant la qualité de vie des habitants. A l'échelle du quartier, des synergies sont développées pour tendre vers une certaine autonomie – énergie, eau, aliments – et une valorisation de la mobilité douce. A l'échelle des bâtiments, de nouvelles formes d'habitat et de collectivisation des espaces sont imaginées. Les îlots du quartier fonctionnent en interconnexion, apportant des qualités spatiales, des densités contrastées. Le parc joue le rôle de poumon, l'îlot principal représente l'intensité urbaine et la densité maximale tandis que les îlots réguliers au Sud offrent un caractère paisible. Des aménagements paysagers de différentes natures – parc, végétation urbaine – enrichissent le caractère de chaque îlot. En réponse à la densité de l'îlot principal, une nouvelle urbanité voit le jour au travers d'un programme collectif sur les toits. Ces derniers deviennent l'espace le plus attractif pour les habitants, permettant une multitude d'activités dans un endroit ensoleillé, avec vues. Grâce à ces aménagements, la qualité de vie est augmentée et la surface habitable réduite à 35 m2 / hab. (moy. CH 45 m2, 2014). La grande diversité de types de logements – clusters, petits appartements, appartements conventionnels – répond à l'évolution de la société et permet à chacun-e de prendre part à la transition en expérimentant un nouveau mode de vie.

La tendance de la politique immobilière du gouvernement chinois est l'éradication des villages urbains avec pour conséquence la réduction des logements à loyer modéré. Le village Changqing à Hangzhou est un village urbain typique. Il a été absorbé par l'urbanisation, mais aujourd'hui il semble isolé et désordonné. L'objectif de ce projet est d'améliorer le fonctionnement et l'environnement du village, en proposant des solutions aux problèmes les plus urgents. Préserver le village, c'est préserver une offre de logement à loyer abordable pour les migrants-travailleurs. ; La stratégie générale est de démolir une petite partie des bâtiments existants et de les remplacer par de nouveaux bâtiments de manière à résoudre le désordre d'infrastructure, le risque d'incendie, la mauvaise gestion des déchets et le manque d'espace vert. ; Les démarches les plus importantes sont: ; 1. organisation des infrastructures au niveau du sol et sur les façades des bâtiment existants; ; 2. création des accès pour la protection contre l'incendie; ; 3. nouvelles infrastructures / mise en place des services publics; ; 4. déplacement des ateliers artisanaux existants / compensation de logement; ; 5. jardin / agriculture sur toit. ; Selon une analyse des différents types de tissu urbain et des modes de vie dans le village, les critères de démolition varient. Les nouvelles typologies des bâtiments à implanter ne sont pas identiques. L'analyse relève quatre types d'usage. Chaque typologie est basée sur le même prototype. Par mesure d'économie, la construction est toujours préfabriquée et standardisée. Cet essai pourrait être un exemple pour les autres villages urbains en Chine.

A la bordure de la Genève dense, le visiteur trouvera une zone bâtie hétéroclite unifiée par des îlots de verdure. Ces parcs sont le limon collectif définissant ce quartier, duquel d'anciens axes trahissent le passé maraîcher du lieu. A l'intérieur de cette végétation, le visiteur y trouvera aujourd'hui, entre deux promenades, des établissements scolaires, quelques places sportives et même des jardins collectifs. C'est au milieu de ces contrastes que le logement du dimanche campe comme l'intervalle entre la ville et l'Arcadie. Dans cette mise en scène, il défend la condition publique du parc et permet à ses habitants de s'approprier l'urbanité du lieu tout en profitant d'un répit le long des allées vertes.

Un nouveau pôle multi-fonctionnel se dessine sur le plateau de Saint-Léonard, sportif, commercial mais aussi résidentiel et administratif avec la caserne de la Poya qui se libèrera à l'horizon 2025. Le développement d'un quartier mixte sur cette parcelle, d'un seul tenant et d'une grande qualité, doit répondre à de nombreux critères. Il doit respecter l'utilisation mesurée et efficace de la ressource mais aussi apporter un bénéfice qualitatif à plus large échelle. Ainsi, la volonté de ne pas fractionner l'image urbaine du projet et de la considérer comme un élément générateur d'urbanité à son échelle, apporte clarté et sentiment d'unité. Le parti pris de bâtir le pourtour du site et de générer un large espace au centre, permet d'offrir aux futurs usagers et habitants de cet ensemble une vaste cour commune qui rappelle les dimensions des espaces militaires précédents, soit la place d'appel. Ce projet représente un état transitoire du développement de ce quartier, avec sur la partie Sud de la parcelle, des jardins familiaux qui pourront ensuite être entourés de petits immeubles d'habitations contigus construits peut-être par des maîtres d'ouvrage non institutionnels. La réussite d'une telle opération dépend d'outils aptes à canaliser son image. Un masterplan, définissant alignement, gabarit, épaisseur, mobilité et accès ainsi que l'image architecturale des façades, permettra de reconnaître le projet comme un seul îlot même si celui-ci devait se voir fractionné en faveur de différents maîtres d'ouvrage. La mixité du programme (bureau, service cantonal, formation et logement) représente un défi supplémentaire pour la cohésion de ce nouveau quartier.

La capitale de la Pologne est aujourd'hui confrontée à une pénurie de près de quarante mille logements. De nouvelles constructions naissent régulièrement, mais exigent d'importants crédits, et n'offrent en retour que des plans standardisés, aux espaces de vie minimaux. S'inspirant d'autres capitales européennes rencontrant des problèmes similaires, le projet introduit une co-habitation de logements modernes à Varsovie. Ce type d'investissement commun donne enfin l'occasion de former un logement sur mesure qui réagit avec une plus grande sensibilité au contexte local. Le quartier de Praga, lieu d'intervention, possède la dernière structure urbaine typique du XIXe siècle de Varsovie, mais détient toujours un grand nombre de parcelles vides, aux prix les plus modérés de la ville. Les cours intérieures, avec ses habitants qui entretiennent des traditions villageoises et effectuent des métiers presque oubliés, présentent une qualité certaine. Au-delà de ses hypothèses programmatiques, le projet établit des fonctions communes partagées avec les voisins, et conserve les liens piétonniers existants. La question brûlante des espaces de travail dans une ville trouve sa solution dans la dualité du mot flexibilité: construction qui accepte des modifications du plan et des variations de la fonction. Les plans des sols et sous-sols sont les seuls prédéterminés, alors que les autres étages sont présentés comme scénarios de possibilités.

Le projet s'inscrit dans la logique de développement de l'agglomération genevoise. Le triangle des Acacias est en effet le point de rencontre des trois plus grosses communes du canton: Genève, Carouge et Lançy. Zone industrielle appelée à subir des mutations à moyen terme, cette plaine est en passe de devenir un quartier habité de la ville. La caserne occupe aujourd'hui un terrain stratégique de cette zone, à la pointe Est du triangle, face à l'Arve. Il s'agit donc de définir la manière dont la ville viendra déborder sur ce territoire. Les deux segments du triangle attenants à la parcelle sont traités de manière différenciée: la route des Acacias conserve un front bâti qui en fera un des grands boulevards de la ville, alors que les berges naturelles de l'Arve seront remises en valeur par une bande de parcs qui en feront un lieu apprécié des habitants. La morphologie du bâti découle d'une recherche sur la façon d'habiter en ville, et sur la façon dont l'habitat génère la ville. L'immeuble comme unité de composition de l'espace urbain. Il s'agissait donc de trouver une forme construite qui soit reproductible en ville, qui présente des caractéristiques urbaines fortes (front bâti, rapport public-privé), qui soit combinable ou déformable, en vue de produire des espaces variés, et qui permette de combiner l'habitat collectif à d'autres types d'activités, tout en ménageant des possibilités d'appropriation spontanées par les habitants ou les usagers.

La ville de Genève procède à une densification de ses zones villas, ce qui menace les milieux naturels riches en biodiversité qui les entourent. Par ce projet, on propose une densification alternative, soucieuse du bien-être des humains et non-humains qui y cohabitent à travers six principes urbanistiques. Le projet prend en compte les éléments suivants : la densité dans le quartier du Bouchet qui vise à accueillir environ 780 habitants, la mobilité majoritairement douce qui permet des liaisons vertes, le paysage, en agrémentant sa trame par des parcours aux ambiances diverses, l’écologie, en limitant au maximum les surfaces imperméables et conservant les arbres présents, les aménités, en ménageant des lieux de rencontres et finalement le confort, en minimisant la pollution lumineuse et le bruit. Sur cette base, le projet développe quatre scénarios extrêmes de densification: (I) par l’intérieur, (II) commun, (III) centralisé et (IV) dispersé sur le territoire. Ceux-ci sont évalués par 24 indicateurs qui se basent sur les principes énoncés à partir desquels on propose un scénario hybride, « intérieur + commun ». Ce dernier est optimisé pour les besoins des futurs habitant, les « personas » cibles - qui placent quatre profils humains et quatre non-humains au même niveau - dans un modèle de coopérative de copropriétaire. La zone villa se transforme en quartier d’habitation connecté à la ville. Elle devient ainsi un lieu de transition des modes de vie et de cohabitation entre humain et non-humain dans l’écosystème urbain.

De nos jours les régions urbaines grandissent, se densifient et des espaces pour vivre sont construits partout pour des familles et leurs enfants. Mais lors de la planification on oublie encore souvent de se demander, comment vieillir harmonieusement dans ces lieux. Ce projet propose une approche urbanistique et architecturale qui tente de répondre à ce nouveau phénomène de société. Les sites ferroviaires désaffectés sont des espaces urbains de plus en plus appréciés de nos jours pour leur potentiel de densification. Il en va de même pour l'ancienne gare de marchandises de St-Gall, qui est aujourd'hui privée de ses fonctions et est l'objet de projets urbanistiques et architecturaux. Par sa situation centrale et sa proximité à la gare principale de la ville, le Güterbahnareal offre un terrain idéal pour explorer les possibilités d'hébergement du troisième âge dans un milieu urbain. Proposant des logements, des bureaux et des commerces, ce projet intègre dès le début de la planification un lieu de retraite réparti en une maison de soins et des appartements assistés. Le but est d'offrir un programme mixte et varié dont toutes les générations peuvent profiter, sans pour autant favoriser l'une au détriment de l'autre.

Ce projet sert de détonateur au futur renouvellement urbain du quartier Beaumont à Fribourg. Il prend place dans un îlot allongé, à la limite entre deux tissus urbains de forme et d'époque très différentes: au Sud, des grandes tours de logement des années 1960, au Nord, une colline occupée par des maisons individuelles construites antérieurement. L'îlot étant vieillissant, peu attractif et pauvre en aménagement extérieur de qualité, mon projet va donc chercher à lui donner un nouveau souffle en s'inscrivant dans une réflexion fondée sur trois piliers. Le premier pilier est celui du vivre-ensemble au travers du fonctionnement d'une coopérative d'habitation et d'une mixité programmatique. Le projet est en effet composé, à part égale, de locaux commerciaux, de logements traversants de haute qualité et de locaux coopératifs tournés vers une rue centrale Est-Ouest catalysant les activités. Le second pilier est celui de l'écologie, notamment par une bonne gestion de l'eau, par l'utilisation des principes de l'architecture bioclimatique et par l'emploi du bois et de la terre stabilisée comme matériaux de construction. Le troisième et dernier pilier est celui de l'architecture qui devrait faire se rejoindre les deux précédents autour d'une composition vraiment qualitative et singulière. Les circulations et la place au centre du projet permettent de lier l'ensemble des programmes publics et semi-publics en les faisant remonter dans les étages jusqu'aux toitures.

C'est à Yerevan, au cœur de l'Arménie, que le projet prend place. Une première étude a démontré que cette capitale connaît depuis son Indépendance en 1991 une certaine altération de ses généreux espaces ouverts hérités de la période soviétique. La ville est traversée par un canyon accueillant la rivière Hrazdan. Cette gigantesque faille agit comme une césure dans la ville et n'a jamais été prise en compte dans son développement urbain. Elle est aujourd'hui un espace ouvert dont le potentiel n'est pas exploité à sa juste valeur. Le projet propose d'utiliser le canyon comme moyen de couture – autant populaire que paysagère – et de connexion entre différents espaces ouverts. Ce processus de requalification de la ville imagine donc ce canyon comme une épine autour de laquelle vient s'articuler la richesse des différents tissus urbains, afin de créer ensemble une nouvelle grammaire à la fois locale et territoriale. Pour ce faire, le projet identifie les traces des différentes pratiques et les objets qui structurent cette faille. Sa traversabilité se traduit ensuite dans la continuité des espaces ouverts des différents tissus avec l'espace ouvert du canyon. De plus, une continuité de déplacement, parallèle à la rivière, attribue au canyon un rôle de couloir distributif qui assure la desserte de nouveaux points clés de la ville. Nos quelques voyages sur le site nous ont rendues sensibles à la mémoire constructive des pierres locales, à savoir le tuf et le basalte. Cette tradition de la pierre est un aspect culturel important qui trouve son application à l'échelle architecturale du projet.

"Dans 105 km2, Paris est une ville très petite, nous voulons à la fois plus de crèches, plus de logements, plus de locaux pour les activités économiques." Bertrand Delanoë, Maire de Paris. Le centre de la métropole doit répondre par sa restructuration à l'accueil d'une partie conséquente de sa croissance. Densifier la ville, c'est combattre l'étalement urbain et aller dans le sens d'un développement durable. Paris, au cours de son histoire a annexé les territoires qui lui sont limitrophes, développant peu à peu sa capacité à gérer ce territoire. Les enceintes successives de Paris ont su disparaître, permettant aux quartiers séparés de se retrouver. Le territoire inscrit entre les Maréchaux et le Périphérique possède des caractéristiques redondantes. Son urbanisation et le Périph' créent aujourd'hui une séparation brutale qui enferme Paris. Il doit développer sa capacité à devenir le seuil du centre prestigieux de Paris, exprimé ponctuellement par le traitement des Portes. Celles-ci ne sont aujourd'hui que de vastes carrefours. Chacune d'elles doit aussi signifier du caractère local du quartier auquel elle introduit. Une composition d'ensemble doit être établie. Le tramway va revaloriser son environnement. Le Périphérique sera, à terme, recouvert. Le potentiel de ce territoire peut alors être exploité. Il faut travailler aux retrouvailles de Paris et de ses communes limitrophes. Le projet met l'accent sur les liaisons piétonnes qui irrigueront le nouveau quartier. La Porte est investie d'espaces publics/verts sur l'endroit du périphérique. Il propose des immeubles-villas, une école, des commerces ainsi que des pôles, culturel, artisanal et commercial. Deux parkings souterrains permettent le passage simplifié d'une voiture aux transports publics. La morphologie des HBM est renouvelée. La typologie est celle d'une maison dotée d'un petit jardin.

La pièce urbaine considérée se situe au centre de la ville de Bâle et se distingue de son contexte par son échelle, son utilisation et sa conception architecturale. Elle est un collage d’éléments représentatifs de son histoire. Ce projet ambitionne de créer une plus-value dans cette parcelle, qui profitera à la ville et à ses habitants. Deux thèmes sont à la base du projet, perpendiculaires l’un à l’autre : l’identité et la perception de l’accessibilité. Une analyse précise de l’existant, de ses relations avec les bâtiments, les espaces extérieurs et de leur valorisation actuelle, a permis de faire ressortir quatre lieux stratégiques afin de modifier la perception générale du site. La zone1 sert de parvis et constitue un lieu qui dessert les différents bâtiments ainsi que le jardin de l’hôpital. La zone2, un corridor vert, se développe à partir du jardin de l’hôpital et le traverse en passant par la Schanzenstrasse; il relie ainsi les espaces verts existants en une forêt urbaine aménagée. La zone3 vise à créer et structurer l’espace extérieur fluide des bâtiments à l’échelle humaine. La zone4 reconstitue l'ancien axe du train, qui avait été effacé par la construction d'un bâtiment, et ouvre ainsi l'accès à la parcelle depuis le nord-ouest. Les interventions adoptent un langage partagé en termes de formes, de couleurs et de matériaux, créant ainsi une identité commune qui doit permettre de lire le lieu dans son ensemble.

Le développement de la ville dans le bassin genevois fait face à une situation paradoxale partagée entre, d’une part, le besoin de surface à bâtir pour répondre à la forte croissance démographique et, d’autre part, la raréfaction des terres disponibles toujours mieux protégées en tant que ressource agricole, environnementale et paysagère. Le projet se présente comme une alternative à la construction de la ville à côté de la ville, consommatrice de surfaces productives. Le scénario proposé découle d’une lecture du paysage agraire comme palimpseste: résultat d’un long processus d’accumulation de projets basés sur des éléments comme la topographie et l’hydrographie, la biologie naturelle ou encore le sol, et traduisant des rapports techniques, économiques et sociaux qui ont évolué au cours du temps. Au cœur de l’espace agricole destiné à la production de denrées alimentaires, cette lecture met en lumière un certain nombre d’opportunités foncières ayant perdu leur rôle initial dévolu à l’agriculture traditionnelle ou intensive. Le long d’une séquence territoriale stratégique, le projet tire parti de ces situations foncières et paysagères. Il appuie le développement de la ville sur la maison d’agriculteur, les jardins familiaux, la marge village ou encore la carrière, générant un paysage fragmenté, discontinu, où se rencontrent différents types d’agriculture et différents types d’habitats.

Ce projet vise à créer un espace public occupé par les habitants afin de repenser les limites du lieu de vie. Dans la continuité de l’énoncé théorique qui traitait des modes de vie écologiques, je remarque qu’un individu se sent davantage en sécurité et à l’aise dans un lieu qui lui offre des possibilités d’appropriation, un lieu qu’il puisse rendre familier. Ceci est valable, généralement, pour le logement, mais pourrait s’étendre au-delà, jusque dans l’espace public. Situé près du centre-ville de Lausanne, le quartier du Vallon qui accueille des populations et des fonctions marginalisées, s’est créé une identité propre, qui résulte en partie de cet abandon de la part de la Ville. Mais de nombreuses démarches participatives s’y développent, notamment celle d’une association de quartier qui implique les habitants, tant dans l’organisation de fêtes que dans la création de nouvelles infrastructures. Le projet a pour ambition de donner plus de visibilité à ces démarches afin de faciliter événements, manifestations et autres rassemblements et de mettre ainsi en place une hospitalité de l’espace, pour des personnes ayant des parcours différents. Grâce à ce projet qui remanie le sol, redistribue les flux et les mobilité douces, installe de nouvelles interfaces de rencontre entre la place et les bâtiments, le Vallon peut redevenir un lieu attractif à l’échelle de Lausanne.

Le quartier traité se situe sur la presqu'île, au Nord-Ouest de la ville d'Alexandrie, en Egypte. Il est délimité au sud par deux rues de souk et au nord par la plus grande mosquée de la ville. Malgré un patrimoine riche en histoire, mêlant des styles architecturaux variés, tels que des maisons à encorbellement datant du XVIe, des maisons de style ottoman édifiées sous le règne de Mohamed Ali et des immeubles aux influences européennes construits au début du XXe siècle, ce quartier est laissé à l'abandon et se dégrade de jour en jour. De plus, de nouvelles tours, répondant à la pression foncière engendrée par la croissance démographique, sont construites sur le gabarit de l'ancien parcellaire, ce qui provoque des espaces extérieurs sinistres et des rues sombres aggravant l'état du quartier; ce phénomène ne peut être régulé car le « bakchich » fait la loi. Ce travail propose une stratégie de réhabilitation du quartier par la création de petits pôles venant s'implanter de manière ponctuelle sur l'ensemble du site. Ils sont composés de trois éléments: un espace public, un bâtiment à conserver à valeur patrimoniale ainsi qu'un nouveau bâtiment mêlant habitat et activité. Les différents lieux sur lesquels ces pôles s'implantent résultent d'une analyse de stabilité du parcellaire; en effet, les interventions s'opèrent uniquement sur des parcelles existantes instables, à savoir: des parcelles qui, dans l'état actuel, ne peuvent pas accueillir de nouvelles constructions.

Le projet aborde la thématique de l'habitat précaire, qui nous semble plus que jamais d'actualité, sachant qu'aujourd'hui un tiers de la population urbaine mondiale habite dans un bidonville. L'Afrique est un des continents les plus touchés par ce phénomène, car la plupart des grandes villes africaines ont connu une explosion démographique brutale. Nouakchott, capitale de la République Islamique de Mauritanie depuis l'indépendance en 1957, doit faire face à d'importants problèmes d'habitat, d'autant plus que ce pays est passé, en l'espace de 30 ans, d'une population majoritairement nomade à une proportion de citadins sédentaires de 90 %. Pour répondre à ces problèmes, l'état, avec l'appui de la Banque Mondiale, a mis en place à la fin des années 1990 une Stratégie Nationale de Lutte contre la Pauvreté visant en priorité à réduire la pauvreté en milieu urbain par l'amélioration des conditions de vie des populations des quartiers précaires. Dans la capitale, cette politique se traduit par des opérations de réhabilitation des quartiers irréguliers et de régularisation des occupations illégales. Ceci implique des déplacements de population dans des nouvelles zones d'accueil, qui se trouvent la plupart du temps dépourvues d'équipement et fortement enclavées. Le projet propose un quartier pour le relogement de ces habitants issus des quartiers informels, tout en ayant pour ambition de trouver des solutions aux problèmes de l'habitat précaire. Comment donner au plus grand nombre un «droit à la ville» et un accès aux services de base? Comment agir avec les moyens modestes à disposition, pour améliorer le quotidien de ces citadins dits «marginaux», mais qui finalement représentent une forte proportion de la population? Quels sont les outils et les moyens possibles pour proposer un logement convenable à chacun, adapté aux besoins et aux modes de vie locaux? À l'échelle du quartier, l'implantation et la répartition des équipements garantissent une accessibilité optimale à chaque habitant. Pour répondre aux besoins en logement de la population, le projet développe un modèle d'habitat évolutif reproductible dans d'autres quartiers de la ville et qui laisse place à l'initiative individuelle de chaque ménage.

Dans un îlot du XIIe arrondissement, non loin de la place de la Nation et des gares de Bercy et de Lyon, prend forme un projet de logements. La traversée de cet îlot permet de questionner et repenser le partage des espaces dans la ville de Paris. Considérant la rigidité du modèle spatial haussmannien, l'implantation du projet aspire à une ouverture de l'îlot, en contribuant à regarder différemment la limite du tissu et la logique d'un style de vie ayant entraîné de telles transformations, dans la continuité des modèles de Sauvage et Portaluppi étudiés dans le cadre de l'énoncé théorique. L'intérieur de l'îlot, traditionnellement simple résultat d'un découpage parcellaire perpendiculaire à la rue et ayant généralement fonction d'entretien privé, devient ici un généreux espace collectif et partagé. Trois types de barres, adressées aux différents résidents, définissent l'ensemble du projet. Les jeunes couples et petites familles habitent le bâtiment-mur qui délimite le Nord du site, en contiguïté avec les façades aveugles des bâtiments existants. Les maisons-atelier définissent avec leur vis-à-vis un passage couvert pouvant accueillir les fonctions les plus variées. Enfin, la maison de retraite, parallèle à la coulée verte, complète l'ensemble avec un couloir-espace commun qui établit un dialogue avec la promenade en contre-bas. L'ensemble, inscrit dans les traces historiques du dense tissu urbain parisien, propose, à travers la construction en profondeur de l'îlot, une expérience des espaces collectifs et un style de vie partagé, en définissant un petit “univers urbain”.