Lamotte, Michel, Cohen-Solal, Alain, Carpentier, Alain, Naeije, Robert, van de Borne, Philippe, and Moraine, Jean-Jacques
La réadaptation cardio-vasculaire pratiquée après un événement cardiaque permet d’améliorer la qualité de vie des patients mais également d’avoir un effet significativement favorable tant sur leur morbidité que sur leur mortalité. L’entraînement physique constitue une partie fondamentale de cette réadaptation. Les recommandations actuelles proposent des entraînements composés d’une partie dite dynamique, relativement bien standardisée en termes d’intensité et de durée, et d’une partie de renforcement musculaire segmentaire. Outre les atteintes musculaires spécifiques observées chez certains patients porteurs de pathologie cardio-vasculaire et qui sont partiellement réversibles par un entraînement musculaire adéquat, de nombreuses études démontrent que l’ajout de renforcement musculaire segmentaire, permet de potentialiser les effets de l’entraînement dynamique. Différentes notions théoriques, cliniques ou épidémiologiques démontrent par ailleurs l’importance de limiter la réponse tensionnelle à l’exercice afin de prévenir d’éventuelles complications lors de ce type d’entraînement. Sur ce point notamment, le mode d’application du renforcement musculaire en réadaptation cardio-vasculaire ne fait pas encore l’objet de consensus. L’objectif de ce travail est de tester plusieurs hypothèses considérant que les caractéristiques qui constituent les modalités de renforcement musculaire influencent l’ampleur de la réponse hémodynamique. Ces caractéristiques sont :l’intensité des contractions, le nombre de répétitions à réaliser par série, la durée des périodes de récupération séparant les séries successives, le nombre de séries à réaliser et la vitesse d’exécution des exercices. La réponse hémodynamique que nous avons analysée considère les variations de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et du volume d’éjection systolique à l’effort obtenues par une mesure non-invasive et en continu. D’autres variables dérivées (débit cardiaque, double produit) ou non (pression intra-thoracique, degré de difficulté) sont également analysées. Ce travail doit nous aider à choisir les modalités d’exercices qui soient efficaces sur le plan fonctionnel tout en tenant compte de l’amplitude de la réponse hémodynamique qui les accompagne. Sept hypothèses sont testées afin de répondre aux questions posées : - Premièrement, nous testons l’hypothèse selon laquelle la combinaison entre l’intensité imposée lors des exercices de renforcement musculaire et nombre de répétitions à éffectuer, à charge de travail équivalente, influence la réponse hémodynamique. - Ensuite nous testons l’hypothèse selon laquelle la durée des phases de récupération séparant les séries successives d’exercices influence la réponse hémodynamique. - La même démarche a été appliquée afin de savoir dans quelle mesure le rythme et la vitesse d’exécution des exercices influencent la réponse hémodynamique. - Nous testons également l’influence : o du nombre de séries effectuées, o de la masse musculaire utilisée, o de la charge maximale mobilisable de nos participants, o de la fraction d’éjection ventriculaire (FEVG) de repos des participants, sur la réponse hémodynamique. Nous rassemblons enfin nos données afin de quantifier globalement la réponse hémodynamique lors de modalités classiques de renforcement musculaire telles que celles utilisées en réadaptation cardio-vasculaire. Comparativement à ce qui est observé lors d’exercices dynamiques, la réponse chronotrope que nous observons est relativement limitée au cours des exercices de renforcement musculaire testés et ceci à cause de leur caractère très bref. Les valeurs relevées témoignent néanmoins d’exercices modérés. La réponse tensionnelle varie fortement en fonction des modalités testées. Les valeurs relevées témoignent de l’intensité de ces exercices. Le double produit, témoin de la consommation myocardique en oxygène et combinant les variations de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, met également en évidence les différences observées entre les modalités testées. Au cours des séries, le débit cardiaque augmente de façon significative sans modification du volume d’éjection systolique. Il ressort de ces différents travaux que le facteur conditionnant principalement l’amplitude de la réponse hémodynamique (fréquence cardiaque, pression artérielle et débit cardiaque) est la durée des séries. Ce facteur peut être influencé par le nombre de répétitions à réaliser, ou par le rythme d’exécution des exercices. La durée de récupération qui sépare les séries, le nombre de séries ou la masse musculaire mise en jeu sont également des éléments conditionnant la réponse hémodynamique et sa dérive au fil des séries successives. Enfin, le degré d’altération de la fonction ventriculaire gauche, analysé sur un petit échantillon de sujets ne semble pas influencer la réponse hémodynamique. Quelle que soient les modalités testées, les observations faites dans notre population de patients porteurs de cardiopathie sont similaires à ce que nous avons observé dans un premier temps chez des sujets sains. L’activation centrale, la stimulation des barorécepteurs, des chémorécepteurs et des ergorécepteurs, conditionnées par les caractéristiques des différentes modalités jouent sans aucun doute un rôle important expliquant les réponses hémodynamiques observées. Pratiquement :si l’on souhaite limiter la réponse hémodynamique lors d’exercices de renforcement musculaire, tout en étant efficace sur le plan fonctionnel, il convient de proposer une modalité répondant aux caractéristiques suivantes : - limiter le nombre de répétitions à dix et imposer des intensités plutôt importantes (75% de 1-RM), - imposer au moins une minute de récupération entre les séries successives, - travailler à vitesse d’exécution rapide, - limiter le nombre de séries à trois, - éviter la manœuvre de Valsalva, - bien que la masse musculaire mise en jeu influence la réponse hémodynamique, il n’y a pas lieu de limiter celle-ci en exerçant par exemple un seul membre à la fois. Le choix du groupe musculaire entraîné étant quant à lui déterminé par l’objectif du traitement, - le degré d’atteinte de la FEVG de repos n’influençant pas la réponse hémodynamique, il ne semble pas nécessaire de différencier la prescription d’exercices de renforcement musculaire en fonction de ce facteur., Doctorat en Sciences de la motricité, info:eu-repo/semantics/published