Sarradon, Aline, Centre de Recherche Cultures, Santé, Sociétés (JE 2424) (CReCSS), Université Paul Cézanne - Aix-Marseille 3-JE2424, Financement Fondation de France, Florence Cousson-Gélie, Emmanuel Langlois, Marion Barrault, Sarradon-Eck, Aline, and Florence Cousson-Gélie, Emmanuel Langlois, Marion Barrault
The text considers the lay etiological model of cancer psychogenesis as a social construction, whose dynamics and cultural conditions of elaboration will be analyzed. This model assigns cancer origin or activation to psychic activity (i.e. a matter of mind, understanding and affectivity).This chapter will more precisely consider a cultural model: cancer as a physical scar of a traumatism, which is to say the inscription of a social experience in the body. According to the explanatory model, the patient is a victim of a psychic traumatism that results from a biographical accident or from the social environment. This interpretation favours a process of investigation, in order to seek the biographical occurrence that is liable to activate a cancer. Then, this event is elevated to the rank of traumatism. This model comes within a cultural dynamic: "general traumatization of life", "new psychological culture", expansion of psychosomatic medicine, promotion of a psychological work about oneself, social norm of narrativity. Reparation is the underlying social logic. On the one hand, it underlies some patients' patterns of prevention that aim at repairing the psychic traumatism in order to suppress the recurrence risk. On the other hand, it partly underlies professional practices: those focussing on the support of patients.Then, the article will consider a second cultural model: the "psyche" as cancer risk factor. Following the example of the scientific model, this lay epidemiology examines different real or supposed patients' risk factors. In this context, cultural dynamics is involved: institutionalization of individual responsibility by health policy and internalization of one's fault. It is important to emphasize that ethnoepidemiology sometimes considers the human mind as another risk factor, since patients who consider the "psychic risk" as a risk factor among others develop risk reduction strategies., Le texte propose d'examiner le modèle étiologique profane de la psychogenèse du cancer, qui attribue à une certaine activité psychique (relevant de l'esprit, de l'intelligence et de l'affectivité) l'origine ou le déclenchement de la maladie cancéreuse, en tant que construction sociale en analysant sa dynamique et les conditions culturelles de son élaboration. Sera examiné plus précisément un modèle culturel : le cancer comme cicatrice physique d'un traumatisme, soit l'inscription dans le corps d'une expérience sociale. Selon ce modèle explicatif, le malade est une victime d'un traumatisme psychique, lui-même étant la conséquence d'un accident biographique ou d'un environnement social. Cette interprétation favorise une démarche d'enquête à la recherche d'un événement biographique susceptible de déclencher un cancer, événement élevé alors, a posteriori, au rang de traumatisme. Ce modèle s'inscrit dans une dynamique culturelle (« traumatisation généralisée de l'existence », « nouvelle culture psychologique », essor de la médecine psychosomatique, promotion d'un travail psychologique sur soi-même, norme sociale de la narrativité). La logique sociale sous-jacente est celle de la réparation. Elle sous-tend, d'une part, des conduites de prévention de la récidive des patients visant à réparer le traumatisme psychique afin de supprimer le risque de rechute. D'autre part, elle sous-tend – en partie - les pratiques des professionnels centrées sur l'accompagnement des malades pour atténuer les effets –physiques, psychologiques et sociaux - néfastes des traitements et améliorer la qualité de vie des patients. L'article examinera ensuite un second modèle culturel : le « psychisme » comme facteur de risque du cancer. Cette épidémiologique profane interroge les divers facteurs de risque réels ou supposés par la personne, à l'instar du modèle scientifique. La dynamique culturelle à l'oeuvre est celle de l'institutionnalisation de la responsabilité individuelle par la santé publique et de l'intériorisation de la faute. L'ethnoépidémiologie élevant le psychisme au rang de facteur de risque du cancer, est particulièrement importante à connaître car les personnes qui envisagent le « risque psychique » au même titre que les autres facteurs de risques, développent des stratégies de réduction du risque.