Pendant la période de transition chez les vaches laitières, la demande énergétique pour initier la production de lait est très élevée, tandis que l’apport d’énergie est faible, ce qui crée inévitablement une balance énergétique négative. Ce déséquilibre physiologique constitue l'un des principaux facteurs de risque dans le développement de maladies de transition, et ensemble, ils peuvent influencer les performances reproductrices et augmenter le taux de réforme. De nouvelles stratégies, aidant les vaches laitières à supporter une production intensive, doivent donc être mises en place. Bien que des progrès remarquables aient été réalisés pour garantir un apport énergétique élevé, peu de recherches ont évalué la possibilité de contrôler les dépenses énergétiques. La traite incomplète des vaches en début de lactation pourrait aider à limiter le déséquilibre énergétique chez les vaches laitières. L'objectif de ce projet était de mesurer l'impact, sur la santé et la production, d'une traite incomplète durant les cinq premiers jours en lait (JEL ; sans changer la fréquence de traite), sur les vaches de fermes laitières commerciales. Plus spécifiquement, les éléments suivants ont été évalués : la production de lait, le taux de réforme, l'incidence de maladies infectieuses, les performances reproductrices et la sensibilité au niveau du pis. Un essai contrôlé randomisé a été réalisé chez les vaches multipares provenant d’un échantillon de convenance de 13 fermes laitières. Dans chaque troupeau, toutes les vaches multipares (n = 878), ayant mis bas entre décembre 2013 et mars 2015, ont été aléatoirement réparties entre un groupe traitement et un groupe témoin, à l'aide d'un générateur de nombres aléatoires. Les vaches du groupe traitement ont été soumises à une traite incomplète durant les cinq premiers JEL, avec une collecte maximale de 10, 10, 10, 12 et 14 litres de lait par jour aux JEL un, deux, trois, quatre et cinq, respectivement. Les vaches du groupe témoin ont été traites de manière conventionnelle. Le taux de réforme des vaches et la production de lait ne différaient pas entre les deux groupes. Lorsqu'on s'intéresse aux différences de rendement en termes de lait corrigé en énergie, les vaches traites incomplètement produisaient de façon similaire aux vaches traites complètement. La traite incomplète n'affectait pas les cotes de nouvelles infections intramammaires du 11 au 18ème JEL, ni les cotes de maladies du système reproducteur à 35 JEL, ni l'incidence de mammite clinique durant les 90 premiers JEL. Les cotes d'élimination d’une infection intramammaire du 11 au 18ème JEL chez les vaches traites incomplètement étaient 2,9 fois supérieures à celles des vaches traites complètement (intervalle de confiance à 95% : 1,4-6,0). La traite incomplète n'affectait pas non plus l'activité lutéale ; elle avait, cependant, un impact positif sur le risque de conception chez les vaches en deuxième lactation qui étaient dans des troupeaux avec une période d’attente volontaire inférieure à 55 jours (180/775 vaches). Chez ces vaches, le risque de conception (intervalle de confiance à 95%) pour les vaches traites incomplètement était 576,3 (240,0-1383,7), 36,9 (18,9-72,1), 6,8 (3,3-13,8), 2,5 (1,0-5,9), et 0,13 (0,07-0,26) fois celui des vaches traites normalement à 1-21, 22-43, 44-65, 66-87 et >87 jours respectivement après la période d'attente volontaire. L'algomètre de pression a été validé pour mesurer des changements de sensibilité dus à une distension du pis. Cet instrument était modérément répétable pour quantifier le seuil nociceptif mécanique sur le pis et de nombreux facteurs externes influençaient également les valeurs obtenues. Par conséquent, son utilisation pour cet usage devrait être considéré avec prudence. Nous avons donc plutôt observé le comportement de repos pour évaluer une douleur éventuelle ressentie au niveau du pis des vaches traites de façon incomplète. Nous n'avons observé aucun effet sur le temps de repos. Cependant, l'impact de la traite incomplète sur la fréquence et la durée moyenne des phases de repos dépendait du nombre de lactations de la vache. Cette stratégie semble légèrement problématique pour les vaches de deuxième parité, mais potentiellement bénéfique pour les vaches plus âgées., During the transition period in dairy cows, energy demands for milk production are very high, while energy intake is low, leading to a physiologically unavoidable negative energy balance. Physiological imbalance or dysfunction appears to be one of the main factors leading to increased risk for transition diseases, and together, these problems have a great impact on subsequent reproductive performances and culling. This leads to the urgent need for alternative management strategies to help dairy cattle to cope with the intensive systems in which they are raised. Although there has been great improvements in managing the source of energy for the cow, little work has been done in controlling energy expenses to improve energy balance. An incomplete milking in early lactation could help limiting negative energy balance in dairy cattle. The objective of this project was to measure, in a context of commercial dairy farms, the impact of an incomplete milking (without altering the milk frequency) during the first five days in milk (DIM), on performance and health. Specifically, the aims were to quantify its impact on: culling and milk production; on incidence of infectious diseases; on reproductive performance; and on udder sensitivity. A randomized controlled trial was conducted on multiparous cows from a convenient sample of 13 commercial dairy farms. In each herd, all multiparous cows (n = 878) calving between December 2013 and March 2015 were randomly allocated at the time of dry off to a treatment or a control group using a random number generator. Cows in the treatment group were milked incompletely during the first five DIM, with a maximum of 10, 10, 10, 12, and 14 L/d collected on DIM one, two, three, four and five, respectively. Cows in the control group were milked conventionally. Culling hazard and milk yield did not differ among treatment groups. When investigating differences in energy corrected milk yield per week throughout the lactation, incompletely milked cows produced as much as conventionally milked cows during most weeks. Incomplete milking did not affect the odds of new intramammary infection from 11 to 18 DIM, the odds of reproductive tract disease at 35 DIM, or clinical mastitis incidence in the first 90 DIM. The odds of eliminating an existing intramammary infection from 11 to 18 DIM for incompletely milked cows were 2.9 (95% confidence interval: 1.4, 6.0) times those of conventionally milked cows. The incomplete milking protocol had no effect on postpartum luteal activity and it had a positive impact on pregnancy hazard in second parity cows from herds with voluntary waiting period lower than 55 days (180/775 cows). The hazards of pregnancy (95% confidence interval) in incompletely milked cows were 576.3 (240.0, 1383.7), 36.9 (18.9, 72.1), 6.8 (3.3, 13.8), 2.5 (1.0, 5.9), and 0.13 (0.07, 0.26) times that of conventionally milked cows at 1-21, 22-43, 44-65, 66-87 and >87 d after voluntary waiting period, respectively in second parity cows from herds with voluntary waiting period lower than 55 days. The pressure algometer was validated for measuring changes in udder sensitivity due to udder distension. The instrument was shown to be only moderately repeatable for quantifying mechanical nociceptive threshold on the udder and was influenced by extraneous covariates, therefore its use should be considered cautiously or it should be further developed. Consequently, to assess potential increased udder pain due to incomplete milking, we used the resting behavior data of incompletely and conventionally milked animals. There was no effect of incomplete milking on lying time. However, the effect of incomplete milking on frequency of lying bouts and on mean lying bout duration varied by parity level, suggesting that an incomplete milking may be slightly problematic for second parity cows and, possibly, slightly beneficial for older cows.