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Ce récit entend raconter succinctement la vie financière et fiscale d’un individu fictif, M. Martin, qui se classe dans les 1 % les plus riches. Dans une logique proche de l’idéal type, il s’agit d’élaborer un exemple aussi réaliste que possible d’un « très riche ». La dimension financière s’appuie sur les dernières statistiques disponibles et les aspects fiscaux visent à montrer les nombreuses ressources dont M. Martin dispose. L’article montre ainsi la « sécurité fiscale » qui entoure la vie des très riches. Il met en avant également à quel point la richesse est assistée aujourd’hui en France, ce qui revient à souligner son coût pour la société. This article intends to tell succinctly the financial and fiscal life of a fictitious individual, Mr. Martin, who ranks among the richest 1%. In a logic close to the ideal-type, the aim is to elaborate an example as realistic as possible of a "very rich" person. The financial dimension is based on the latest available statistics and the fiscal aspects aim at showing the numerous resources that Mr. Martin has. The article shows the "tax security" that surrounds the life of the very rich. It also highlights the extent to which wealth is assisted in France today, which is to say its cost to society.

International audience; This article intends to tell succinctly the financial and fiscal life of a fictitious individual, Mr. Martin, who ranks among the richest 1%. In a logic close to the ideal-type, the aim is to elaborate an example as realistic as possible of a "very rich" person. The financial dimension is based on the latest available statistics and the fiscal aspects aim at showing the numerous resources that Mr. Martin has. The article shows the "tax security" that surrounds the life of the very rich. It also highlights the extent to which wealth is assisted in France today, which is to say its cost to society.; Ce récit entend raconter succinctement la vie financière et fiscale d’un individu fictif, M. Martin, qui se classe dans les 1 % les plus riches. Dans une logique proche de l’idéal type, il s’agit d’élaborer un exemple aussi réaliste que possible d’un « très riche ». La dimension financière s’appuie sur les dernières statistiques disponibles et les aspects fiscaux visent à montrer les nombreuses ressources dont M. Martin dispose. L’article montre ainsi la « sécurité fiscale » qui entoure la vie des très riches. Il met en avant également à quel point la richesse est assistée aujourd’hui en France, ce qui revient à souligner son coût pour la société.

La question de la production et de l’usage des chiffres dans nos sociétés contemporaines connaît depuis plusieurs années un regain d’intérêt. Que l’on considère les big data, le quantified self ou encore le benchmarking, les pratiques de quantification se font aujourd’hui de plus en présentes, voire pressantes. Ceci étant, la quantification n’en est pas moins ancienne, avec une histoire souvent peu ou mal connue. Les chercheurs en sciences sociales se penchent depuis plusieurs décennies sur l...

L’obtention en 2019 du « Nobel » d’économie par Esther Duflo et ses collègues Abhijit Banerjee et Michael Kremer marque le sacre d’une méthode d’évaluation d’impact : les expérimentations aléatoires. Similaires aux essais cliniques randomisés, elles visent à mesurer l’effet d’un « traitement » à l’aide de la constitution aléatoire de groupes que l’on compare. Pour les promoteurs de cette méthode, elle serait le « gold standard de l’évaluation » Dans cet ouvrage, Arthur Jatteau s’interroge sur la nature de cette « preuve par le chiffre ». L’histoire – méconnue – des expérimentations aléatoires mérite d’être défrichée, car elle offre des pistes intéressantes pour comprendre leur succès aujourd’hui et, plus encore, leurs limites. Une attention particulière est accordée à la médecine, où la longue et vaste expérience en essais cliniques est riche d’enseignements. La construction de la « preuve par le chiffre » est explorée, en insistant sur ses effets heuristiques et politiques. Que vaut la preuve produite par les expérimentations aléatoires ? Pour y répondre, l’auteur mobilise une diversité de sources, s’appuyant sur de nombreux entretiens. Il montre qu’il convient d’investiguer comment, en pratique, sont élaborées les expérimentations aléatoires, pour saisir plus justement leur valeur. Les aspects politiques de ces dernières sont également analysés, non sans s’interroger sur le rôle plus général de la quantification dans nos sociétés.

Les deux chapitres de cette première partie avaient pour objectif de reconstituer l’histoire des expérimentations aléatoires. Cette tâche fut malaisée, tant il a fallu remettre en question des filiations pourtant considérées comme acquises par un certain nombre de chercheurs, y compris par nous-mêmes au début de notre travail. Les expérimentations aléatoires ne « descendent » pas des essais cliniques randomisés, que l’on considère la vague débutée dans les années 1960 ou celle d’aujourd’hui. ...

Dans cette deuxième partie, nous avons poursuivi notre investigation de la preuve par le chiffre randomisé, en nous interrogeant sur la façon dont on en produit et sur ce que l’on en fait. Notre chapitre 3 nous a permis de montrer que la preuve produite par les expérimentations aléatoires n’atteint pas le niveau de pureté espéré. D’abord, la question cruciale de la « validité externe » demeure irrésolue. Le passage d’une évaluation isolée à une généralisation à un territoire plus vaste n’a ri...

« Ce qui manque ne peut pas être compté. »Ecclésiaste, I, 15 Les randomistes produiraient de la « hard evidence » (« When we talk about hard evidence, we will therefore have in mind evidence from a RCT » écrit ainsi Abhijit Banerjee), c’est-à-dire des preuves « solides ». Situées au sommet de la hiérarchie des preuves, les expérimentations aléatoires constitueraient la meilleure méthode en matière de production de preuves. Nous allons partir de cette affirmation et tenter de l’investiguer, pr...

« Quasiment inconnue il y a 10 ans, l’évaluation aléatoire est désormais beaucoup plus courante. »Esther Duflo (2009) « Supposedly “new ideas” are often simply old ideas held by younger economists who are not familiar with the history of the discipline. »David Colander et Alfred Coats (1989) La méthode de l’évaluation par assignation aléatoire comme mode d’administration de la preuve n’est pas apparue avec Esther Duflo et ses collègues, comme on le lit parfois. Elle possède une histoire, que ...

I. Qu’est-ce que les expérimentations aléatoires ? Définir un objet suppose déjà de le nommer. C’est une première difficulté, avec celui qui nous occupe, car autant le terme paraît stabilisé en anglais, autant il est particulièrement fluctuant en français. La traduction n’est donc guère aisée et implique de faire des choix, en mettant l’accent sur tel ou tel aspect de ce que nous avons choisi de nommer les expérimentations aléatoires (A). La méthode elle-même des expérimentations aléatoires n...

« The United States and other modern nations should be ready for an experimental approach32 to social reform, an approach in which we try out new programs designed to cure specific social problems, in which we learn whether or not these programs are effective, and in which we retain, imitate, modify or discard them on the basis of apparent effectiveness on the multiple imperfect criteria available. »Donald T. Campbell (1969) « Creating a culture in which rigorous randomised evaluations are pr...

« Je tiens à signaler que les rapports “scientifiques” – c’est-à-dire basés sur l’observation des autres – sont faux et factices : pour connaître une population, il faut d’abord la “vivre” et la “regarder”. Ce pourquoi ceux qui vivent doivent apprendre à regarder et ceux qui regardent doivent apprendre à vivre. […]Il me semblait (il me semble de plus en plus) que, pour discourir sur les sciences humaines, l’érudition pure ne peut suffire, et qu’une expérience vécue, profonde et diverse, const...

Arrivés au terme de cette enquête au cœur de la « fabrique de la preuve » par les expérimentations aléatoires, il nous faut tirer quelques leçons en guise de conclusion. Dans un premier temps, nous reviendrons sur les idées importantes que nous avons développées dans ce travail (I). L’exploration de la sociogenèse des expérimentations aléatoires remet en cause leur histoire officielle. La sociologie des randomistes que l’on a menée explique en partie leur succès. L’approche originale des vali...

« La notion de gouvernement se simplifie : le nombre seul fait la loi et le Droit. Toute la politique se réduit à une question d’arithmétique. »Alexis de Tocqueville (1850) « L’évaluation n’est pas un mot, mais un mot d’ordre. »Jean-Claude Milner (2005) « Le gouvernement des hommes ne sera jamais un gouvernement des choses. »Danilo Martuccelli (2010) Dans le mouvement de l’evidence-based policy, c’est-à-dire de la politique basée sur des preuves, dans lequel les expérimentations aléatoires s’...

"Un traité d'économie citoyenne qui tombe à pic. Après le choc de la crise économique enclenchée en 2020, l'explosion de la dette publique sera au cœur des débats de politique économique. Les auteurs déconstruisent les idées reçues les plus tenaces sur ce sujet : la dette publique est un fardeau pour les générations futures ; la France vit au-dessus de ses moyens, etc. Ce faisant, ils produisent un petit manuel sur le budget de l'État, les modalités de son financement, les limites et les erreurs d'interprétation du ratio dette/PIB, la distinction entre bonne et mauvaise dette, la façon dont la dette publique enrichit les riches ou peut être utilisée comme un instrument de domination. Ils explicitent aussi les moyens qui permettraient aux États d'affronter la récession en évitant le retour contreproductif des cures d'austérité : restructuration et monétisation de la dette, sortie de la dépendance aux marchés financiers et nouveau rôle de la Banque centrale, réforme fiscale redistributive et écologique, politique budgétaire au cœur de la transition écologique. Ces propositions, soumises au débat citoyen, entendent faire de la dette publique un instrument au service du bien commun."

Depuis une quinzaine d’années, l’étude des inégalités, en particulier économiques, connaît un certain succès, comme en témoignent les travaux de Thomas Piketty et de son équipe. Si les données réunies par ces chercheurs sont impressionnantes, la variable « sexe » y est très largement absente, principalement à cause du manque de sources disponibles. Les inégalités de genre, notamment en matière patrimoniale, constituent donc un angle mort de l’étude des inégalités, que le livre de Céline Bessi...

Dans ce livre, dirigé par Pascal Combemale, sont rassemblées pas moins de vingt-deux contributions de spécialistes traitent de questions économiques et sociales. Ce dernier point constitue l’originalité de l’ouvrage : là où beaucoup de manuels se contentent d’une présentation peu problématisée de concepts et de données, celui-ci a pour parti pris de traiter de questions. L’ouvrage est divisé en quatre grandes parties, elles-mêmes divisées en chapitres. La première se penche sur la croissance,...

Pour les sciences sociales, les Gilets jaunes constituent un objet fascinant. Largement inédit, souvent confus, parfois contradictoire, ce « mouvement » – nous verrons que ce qualificatif lui-même est l’objet de débats – suscite de nombreuses interrogations chez les chercheurs et les chercheuses en sciences sociales issu-e-s de disciplines variées (sociologie, histoire, géographie, philosophie, économie…). En ce début d’année 2019, deux livres coordonnés chacun par un journaliste, en rendent ...

The issue of campaign financing regularly makes headlines, whether it is the suspected Libyan funding of Nicolas Sarkozy’s campaign, the lack of transparency surrounding the donors to the young political party “En Marche,” or even the salary arrangements of the staff working on Jean-Luc Melenchon’s last presidential campaign. Rather than resorting to sensationalism, economist Julia Cagé has decided to approach the topic seriously, with the goal of scrutinizing the systems of political financi...

Pas un jour sans qu’il soit question dans les médias de fiscalité ou d’intervention de l’État de l’économie, et le plus souvent des deux. Par l’intermédiaire des prélèvements obligatoires, l’État est aujourd’hui un acteur incontournable de l’économie. Ça n’a pas toujours été le cas. À l’« État circonscrit » du long XIXe siècle, dont le poids dans le PIB oscillait autour de 10 %, succède, après une période de transition pendant l’entre-deux guerres, l’« État inséré » tel qu’on le connait depui...

L’économie comportementale en question, ouvrage que signe Jean-Michel Servet, constitue un titre aussi trompeur qu’éclairant. Trompeur, car il ne s’agit pas strictement d’économie comportementale, du moins telle qu’on l’entend dans la littérature. Aussi, il ne sera pas question d’expériences en laboratoire, de théorie des jeux ou encore de neuro-économie. Mais c’est aussi un titre qui, paradoxalement, permet d’éclairer sous un nouveau jour un courant méthodologique que l’on peut ranger provis...

International audience; Randomized controlled trials (RCTs) are a method to assess impact that has become increasingly popular over the last fifteen years, particularly as a result of the work done by Esther Duflo and her Poverty Action Lab (J-PAL), an or-ganization devoted to the promotion of randomization. This article aims to explore and understand this success by using an in-depth sociographical study of the J-PAL and a network analysis of economists who use RCT. J-PAL appears to be a concentration of educational and academic capital that give great legitimacy to the RCT method. The network is controlled by certain leaders who are able to diffuse the J-PAL approach to RCTs. Furthermore, this article argues that it is necessary to go beyond the intrinsic quality of this method to explain how it became so popular