Search

Notre travail s'intéresse à la discrimination du regard d'autrui chez une patiente (PS) avec prosopagnosie acquise. La littérature propose que le traitement des visages est fait de manière holistique chez les individus neurotypiques et de manière différente chez la population souffrant de prosopagnosie acquise qui semble privilégier l'utilisation d'un traitement analytique. Ainsi, PS ne traite pas le visage dans sa globalité mais traite séparément les différentes parties qui le composent (yeux, bouche et nez). Dans un premier temps, nous voulions tester la patiente PS et un groupe appareillé en âge et genre. Cependant, ce groupe d'âge étant une population à risque, la situation sanitaire nous a contraints de revoir notre projet. Nous avons donc utilisé le dispositif décrit dans l'article de Van Belle, De Graef, Verfaillie, Busigny et Rossion (2010) qui utilise le gaze contingent paradigme pour soumettre des participants neurotypiques aux deux types de traitement du visage (analytique vs holistique). Les participants passaient une tâche de discrimination du regard dans laquelle nous faisions varier l'orientation de la tête (droite versus déviée) et la direction du regard (en direction de l'observateur versus déviée de l'observateur). Les résultats montrent de mauvaises performances avec le traitement analytique en comparaison des résultats obtenus avec le traitement holistique et cela d'autant plus lorsque la direction du regard est ambiguë (Tête déviée avec Regard Droit).

Le regard d'autrui et le contact visuel font partie des rares stimuli de notre environnement pouvant capter facilement notre attention (Farroni et al., 2002; Langton et al., 2008). Les études sur l'attention visuelle ont mis en évidence un effet de ces stimuli sur nos processus d'attention visuelle. Les techniques d'électroencéphalogramme ont ensuite permis d'étudier le décours temporel de ces effets. Peu appliquées au contact visuel, ces mesures n'ont pas permis de définir clairement si ce dernier a un impact sur les étapes précoces du traitement attentionnel ou sur les étapes tardives. L'étude présente a investigué la temporalité de l'impact du contact visuel, et a démontré un effet sur la vitesse de réponse, mais pas sur les mesures électrophysiologiques, lors de la phase d'orientation vers une cible. Ceci pourrait indiquer que le traitement du contact visuel se fait par des voies rapides sous-corticales comme le supposent Senju & Johnson (2009).

Plusieurs études montrent que les caractéristiques d'un objet recherché visuellement sont maintenues en mémoire de travail (MdT) et viennent biaiser l'attention visuelle. Dans le cas d'un objet connu dont les caractéristiques sont stockées en mémoire à long terme (MLT) nous avons postulé que lors d'une recherche visuelle de cet objet, les caractéristiques maintenues en MdT proviendraient de la MLT et par conséquence, que la MLT biaiserait indirectement l'attention visuelle. Nous avons réalisé deux expériences (9 étudiants, 19.8 ans et 8 étudiants, 20.6 ans) pour lesquelles nous avons préalablement soumis les sujets à un apprentissage d'objets en lien avec une couleur. Ils participaient ensuite à une tâche de sélection avec eyetracker. Un objet grisé était montré (indice), suivi d'un écran blanc, puis d'un écran montrant deux objets colorés: la cible et un distracteur. Les sujets devaient ignorer leur couleur et orienter leur regard vers la cible le plus rapidement possible. Lorsque la cible apparaissait dans la couleur apprise liée à l'indice, la première saccade oculaire allait plus souvent et plus rapidement à elle que lorsque le distracteur portait cette couleur.

Shifting the attentional focus in space results in performance benefits at attended vs. unattended locations. For instance, stimuli positions outside the focus are perceived as repulsed from the attended location – Attentional Repulsion Effect (ARE). This bias is assumed to reflect a change of visual field representations in retinotopic areas induced by the attentional shift. We tested whether warped representations are uniform across the visual field. We found that the ARE is a quadrant specific bias and therefore most likely generated in neural areas with quadrantic representations of the visual field (V2/V3). Since the ARE's attentional nature was questioned, we assessed eye-movement and event-related potential (ERP) signatures of exogenous and endogenous attention shifts during the ARE task. With these methods, we provided a first direct link between attention shifts and the ARE. Hence, we conclude that the ARE is a prime example for quadrant-specific biased perception outside the focus of attention.

In this experiment, we studied whether effects of exogenous cues on perception are modulated by the match between cue and target stimulus. It is known that peripheral cues facilitate performance, presumably because they capture attention. Contingent attentional capture refers to attentional facilitation by exogenous cues that is limited to conditions where cue and target properties match. For instance, red cues facilitate performance with a red target, whereas white cues do not facilitate processing of a red target. Previous studies on contingent capture focused on reaction times with stimuli that were clearly above perceptual threshold. We examined whether contingent capture would also occur with perceptual sensitivity as the main dependent variable...

L'amnésie de l'attribut a lieu quand on rapporte plusieurs fois un attribut d'une cible et on ne se rappelle pas d'un autre de ses attributs quand on nous le demande dans un essai surprise. Nous avons conduit cette étude EEG sur un groupe expérimental et un groupe contrôle d'étudiants pour savoir si l'amnésie de l'attribut est due à un manque de consolidation en mémoire de travail. Ainsi, nous nous attendions à voir une différence d'amplitude au niveau de la CDA entre les essais pré-surprise et les essais post-surprise, mais pas au niveau de la N2pc. Les résultats ont montré que l'amnésie de l'attribut n'a pas eu lieu et ont montré une N2pc et une CDA de même amplitude entre la phase pré-surprise et post-surprise.

La saillance d'un événement non-pertinent pour la tâche peut déclencher des déplacements attentionnels spatiaux, automatiques et involontaires, qui entravent le traitement d'une cible pertinente. Ce phénomène de capture attentionnelle se manifeste en modalité visuelle, en modalité auditive et de manière cross-modale, en raison d'un mécanisme de contrôle supramodal du déplacement attentionnel. De manière similaire aux propriétés physiques, il a été démontré que le caractère menaçant des stimuli provoquait aussi des biais attentionnels, au niveau visuel (i.e. visages de colère) et auditif (i.e. prosodies de colère), en raison de son importance pour la survie. Un tel système de détection de la menace permettrait donc un traitement attentionnel automatique de certains stimuli, même lorsqu'ils ne sont pas pertinents pour la tâche. Afin de déterminer si c'était le cas avec des prosodies de colère, nous avons créé une tâche cross-modale où elles étaient présentées durant la recherche visuelle d'un visage neutre. Nos résultats ne révèlent aucune interférence significative des prosodies de colère sur la sélection attentionnelle de la cible, autant au niveau comportemental qu'électrophysiologique (N2pc). En revanche, elles accélèrent et améliorent le traitement de la cible selon leur position spatiale. Nous expliquons ces observations par une interaction entre des processus non-spécifiques d'alerte phasique et de sélection attentionnelle dans l'espace.

Alors que certains auteurs suggéraient qu'un seul élément à la fois pouvait agir comme modèle attentionnel et guider l'attention visuelle, Irons, Folk et Remington (2012) ont démontré que l'attention pouvait être guidée par deux modèles attentionnels maintenus en mémoire. Comme la mémoire de travail visuelle a une capacité maximale de 3-4 éléments, nous avons testé s'il était effectivement possible de maintenir deux modèles attentionnels à la fois, mais également jusqu'à trois, avec un paradigme de capture contingente. Selon nos résultats, les participants ne semblaient pas capables de maintenir plus d'un modèle attentionnel pour guider leur recherche visuelle, contrairement à notre hypothèse et à ce qu'avaient trouvé Irons et al. (2012). Cette différence de résultats pourrait s'expliquer par l'utilisation de couleurs plus proches, donc plus difficiles à différencier. En conclusion, on pourrait rechercher plusieurs couleurs et donc maintenir plusieurs modèles attentionnels à la fois, mais que si elles sont assez distinctes.

L'amnésie de l'attribut définit l'incapacité à rapporter un certain attribut d'un objet (p.ex. sa forme ou sa couleur) alors que celui-ci a été traité au préalable et qu'un autre attribut du même objet est correctement rapporté. Cette étude vise à mieux comprendre les mécanismes sousjacents à ce phénomène. Dans une première expérience, nous avons comparé le rappel d'un attribut d'un unique objet présenté de manière centrale ou para-fovéale. Dans deux autres expériences, nous avons comparé le rappel suite à la présentation d'un indice exogène noninformatif, puis informatif (avant l'apparition du stimulus présenté dans la zone para-fovéale du champ visuel). Nos résultats montrent que les attributs sont mieux rappelés lorsque l'objet est présenté de manière centrale ou si l'attention endogène est dirigée vers celui-ci...

The perception of another's gaze immediately attracts our attention, particularly if focused on us. The present study investigated how social judgments are influenced by eye contact. Specifically, it looked at how direct gaze contact, a highly salient social stimulus, influences the gender categorization process. Participants aged between 17 and 28 viewed facial photographs that varied in the degree of eye gaze deviation from the observer. Their task was to indicate, whether each face was male or female. Response times were measured for each degree of gaze deviation. It was hypothesized that direct gaze contact, given its social importance, would facilitate the categorical knowledge accessibility (gender judgments) compared to gaze that was directed away from the observer. The results only partially confirmed our hypotheses. These findings are discussed regarding potential issues with the experimental paradigm. Above all, the validity of measuring eye contact with photographic stimuli has to be critically considered.

Nos capacités attentionnelles étant limitées, il est important de pouvoir sélectionner l'information pertinente. Nous avons analysé différentes situations dans lesquelles un distracteur visuel saillant est présenté alors qu'il est non-pertinent. Nous avons donc mené une série d'expériences sur la base de deux paradigmes: le paradigme d'indiçage spatial modifié ; l'additional singleton paradigm. Afin d'aller plus loin dans la compréhension des résultats, nous avons mené ces expériences en électrophysiologie pour comprendre les mécanismes de traitement visuel impliqués dans la suppression du distracteur. Nous nous sommes focalisés sur deux composantes, la N2pc reflétant une capture attentionnelle, et la PD reflétant une suppression du distracteur. Nos résultats montrent que les distracteurs saillants sont supprimés lorsque la tâche est facile. De plus, suite à une phase d'entrainement, une PD est observée en direction du distracteur dans une recherche d'élément unique. À l'inverse, nous sommes incapables d'ignorer un distracteur saillant dans une recherche difficile.

Nous avons étudié l'effet de capture et d'inhibition de l'attention de stimuli menaçants. Pour ce faire, huit stimuli de fleurs sont présentés autour d'une croix de fixation, mais une seule diffère par un pétale manquant sur le côté. Une des fleurs peut être remplacée aléatoirement par un distracteur araignée représentant le stimulus menaçant, ou alors par un distracteur émotionnellement neutre, une feuille. Les participants, répartis en deux groupes selon leur peur des araignées, devront identifier la fleur différente tout en ignorant le distracteur. L'effet de capture a été étudié grâce à la composante N2pc, reflétant le déplacement attentionnel vers un stimulus latéralisé, de même que par les temps de réaction. L'effet d'inhibition est étudié grâce à la composante PD, reflétant la suppression d'un distracteur latéralisé...

Edwards (2004) stipule qu'il est nécessaire de procéder à une « conversion cognitive » pour réaliser un dessin réaliste. Autrement dit, il faut favoriser le traitement visuospatial de l'hémisphère droit et inhiber celui de l'hémisphère gauche. Pour cela, elle propose la technique du dessin à l'envers. Nous avons testé cette théorie en utilisant la tâche de dessin. Trente-trois participantes de 17 à 48 ans ont recopié 4 types de dessin (objet, paysage, portrait, sans sens) dans 3 conditions différentes (à l'endroit, à l'envers, à l'envers avec suppression articulatoire). Puis, 26 autres participantes de 18 à 46 ans ont évalué la fidélité et la beauté des dessins recopiés. Nos résultats montrent 2 profils différents. Les dessins objet et sans sens dessinés à l'envers sont plus fidèles et plus beaux que ceux à l'endroit. En revanche, l'inverse s'observe pour le portrait et le paysage, hormis que le paysage est plus beau à l'envers. De plus, les dessins dans la condition à l'envers avec suppression articulatoire sont évalués moins fidèles et moins beaux que dans les 2 autres conditions.

La résolution d'addition serait le fruit d'un déplacement de l'attention sur une ligne numérique mentale vers la droite ou vers le haut et celle de soustraction vers la gauche ou vers le bas, les multiplications n'induiraient pas de tels déplacements. Les faibles magnitudes se situeraient à gauche ou en bas de la ligne numérique et les grandes à droite ou en haut. Nous avons présenté à des adultes des additions, soustractions et multiplications simples qui se déplaçaient horizontalement à partir du milieu de la moitié droite ou gauche de l'écran (expérience 1), ou verticalement à partir du milieu de la partie supérieure ou inférieure de l'écran (expérience 2). Pour chaque expérience, un cinquième des essais était présenté centralement et ne se déplaçait pas. Nous avons trouvé que les multiplications étaient résolues plus rapidement quand elles étaient présentés à gauche...

Lorsque nous cherchons un objet dans notre environnement, nous nous appuyons sur ses caractéristiques visuelles pour le trouver. Pourtant, les objets comportent également d'autres caractéristiques, comme leur odeur. Celle-ci peut-elle augmenter la saillance d'un objet si elle est perçue ? Nous avons tenté de reproduire l'expérience de Chen et al. (2013) qui affirme qu'une odeur congruente à un objet en facilite la recherche visuelle. La réplication n'a pas été un succès et nous n'avons pas retrouvé l'effet escompté. Dans un deuxième temps, nous nous sommes demandé si l'odeur d'un objet distracteur pouvait augmenter la force de la capture attentionnelle. Encore une fois, nous n'avons pas retrouvé l'effet attendu. Il ressort de ces expériences qu'un nombre important de facteurs sont à prendre en compte lorsque nous travaillons avec des odeurs, notamment l'appréciation que les participants ont de ces odeurs.

Our visual system is fovea-heavy, which means that in-depth processing occurs only in the centre of the retina, forcing the eyes to make constant movements in order to bring visual elements into focus. Before an eye movement attention shifts to the location where the eyes will land and visual elements presented there are preferentially processed. In the current thesis, we are concerned with how the visual elements present in the environment shape the allocation of attention before eye movements. We first aimed to determine whether pre-saccadic shifts of attention are a precondition of all saccades, irrespective of goals. We showed that whether the saccade was goal-directed, to the intended target, or involuntary, erroneously directed to a capturing distractor, made little difference to the pre-saccadic shift of attention. Retinal displacement caused by involuntary saccades was also accounted for by the visual system. Next, the project investigated how the decision to make an eye movement is affected by the number of target alternatives. We saw evidence that a larger set-size can reduce saccadic reaction times without increasing the error rate, a finding not predicted by a popular model. Further, whether the presence of visual elements in and around the saccade landing point influences the shifts of attention was investigated. We demonstrate that that perceptual sensitivity is greatly influenced by the presence of visual objects, when these are displayed simultaneously with attentional probes. Visual objects alter perceptual sensitivity across space, which is the very variable that is being tested. Finally, we look at the spatial and temporal distribution of visual attention when a saccade target is removed shortly before the eye movement.

Il est communément admis dans la littérature que la résolution d'opérations simples est basée sur la récupération du résultat en mémoire à long terme. Cependant, des études récentes ont montré que la résolution des additions et soustractions se ferait plutôt grâce à la mise en place de procédures qui correspondraient à un déplacement sur une ligne mentale sur laquelle seraient représentés les nombres. Dans une tâche de production, les participants ont résolus des opérations simples (additions, soustractions et multiplications) qui se déplacaient horizontalement et verticalement sur l'écran de l'ordinateur...

La poursuite visuelle lente a pour but de stabiliser une cible sur la rétine afin que l'on puisse continuer à en avoir une image nette, malgré le fait qu'elle soit en mouvement. Ce mouvement de poursuite lente est considéré comme volontaire, dans la littérature, dans la mesure où l'on peut choisir ou non de suivre une cible du regard quand il y en a une. Sans stimulus, il est très difficile d'effectuer une poursuite visuelle lente. Cependant, nous nous intéressons dans cette étude au système de poursuite lente volontaire, afin de savoir si nous pouvons ou non apprendre à produire ce mouvement de façon volontaire, sur un arrière-plan fixe. Lorsque nous suivons une cible du regard et que cette dernière disparaît, l'oeil continue de bouger en prédiction de la réapparition de la cible. La méthodologie utilisée lors de notre expérience repose sur ces principes de poursuites prédictives...

We cannot recognize all visual features (e.g., colors, shapes, etc.), at all locations at a single moment. Because of capacity and energy constraints, the human visual system must limit detailed processing to small subsets of the available information. One selective mechanism in the visual processing stream is referred to as visual attention. Here, we investigated bottom-up and top-down control processes of visual attention, using psychophysical and electrophysiological measures. In a first study, we found that rare distractors attracted attention more strongly than frequent ones. In two further studies, we demonstrated that the degree to which distractors capture attention is strongly influenced by the distractor-context. These findings suggest that processes analyzing stimulus statistics and stimulus context are critical determinants in the control of visual attention. We discuss how current theories of visual attention can account for these findings, or how they could be modified to accommodate the presented results.

We investigated the strategies involved in written addition and the factors that influence the choice of strategy. Forty-eight adults were recruited to solve 60 twodigit additions on a graphics tablet. This allowed us to register the position from which the participants wrote the solution down, the initiation and solution times and the correctness. Starting the solution from the units indicates the use of the columnar algorithm, whereas starting from the tens or the hundreds implies the use of a flexible strategy. We found that while anxiety does not influence the choice of strategy, arithmetic skill does. Higher-skilled participants solved the additions more often from the units than lower-skilled ones. The adopted strategy depends furthermore on problem types...

Lorsque nous nous baladons dans les rues d'une grande ville, nous croisons une multitude de personnes. Ces personnes vont regarder à leur gauche, d'autres à leur droite, d'autres vont regarder le ciel et certaines vont nous regarder dans les yeux. Nous appellerons cette orientation du regard, le regard direct. Ce stimulus indique qu'une personne a son attention qui est portée sur nous. Le regard direct peut avoir comme signification, une intention menaçante, un sentiment d'attraction ou une volonté d'interaction. Dans ce contexte, il est préférable pour l'espèce humaine de pouvoir détecter ce stimulus le plus rapidement possible. Dans ce travail, nous allons ainsi discuter de la rapidité de sa détection dans un contexte de recherche visuelle. Nous allons, précisément, nous intéresser aux différents paradigmes ayant été utilisés pour l'étudier et les modifier pour voir quels sont les effets sur la détection du regard direct.

Dans « l'additionnal singleton paradigm » (ASP), la recherche d'une forme unique est retardée par l'apparition d'un stimulus saillant non-pertinent pour la tâche. C'est ce que l'on appelle « l'effet de capture attentionnelle ». Il serait purement automatique, les processus « top-down » n'interviendraient qu'ensuite. Nous avons testé s'il est possible d'influencer cet effet, par une pratique régulière de la méditation « mindfulness », impliquant une amélioration du contrôle attentionnel. Le temps de réponse devait alors baisser et la précision de réponse augmenter par rapport à des sujets ne méditant pas. Une première comparaison intergroupe nous a laissés suspecter un biais de sélection des participants. Pour y remédier, un plan longitudinal, avant et après un programme de méditation MBSR (Mindfulness based stress reduction), a alors été mis en place. Seulement 6 sujets (âgés de 22 à 48 ans) sont revenus après le programme...

De nombreuses études ont montré que des expressions faciales de colère étaient détectées plus rapidement que des visages de joie quand ils étaient la cible de la recherche visuelle, un effet appelé : « anger superiority effect ». Cependant, Weymar et collaborateurs (2011) ont été parmi les premiers à étudier le déplacement attentionnel en direction de ces stimuli avec la mesure neurophysiologique, N2pc. La colère attirait effectivement plus l'attention que la joie. Connaissant ce résultat, nous avons mené une première étude pour voir si le même effet était obtenu avec des visages distracteurs. Seule la colère entraînait une N2pc significative, nous incitant à étudier cette émotion de plus près. Dans la présente expérience, nous voulions savoir si des éléments de visages de colère distracteurs attiraient l'attention, et quelle partie, supérieure ou inférieure, jouait le rôle le plus important dans ces effets. Nos résultats dévoilent que ces derniers ne capturent pas l'attention, mais la partie haute, en général, montre une N2pc plus intense...

Juste avant d'effectuer une saccade, notre attention se déplace vers sa cible, facilitant notre perception à cet emplacement. Ce déplacement attentionnel présaccadique survient-il également si l'on prévoit d'annuler la saccade initialement prévue ? Nous avons combiné une double-tâche avec le paradigme stop-signal. Les 18 participants devaient effectuer une saccade aussi rapidement que possible vers un emplacement ciblé, tout en discriminant un stimulus présenté soit à l'emplacement-cible de la saccade, soit à l'emplacement opposé. Un stop-signal apparaissait dans un certain nombre d'essais, après un délai variable (provoquant une inhibition des saccades de la part du participant dans 50% des cas). Les résultats montrent une facilitation perceptive à l'emplacement-cible des saccades lorsqu'elles sont exécutées avec ou sans stop-signal, cette facilitation étant de même ordre pour ces deux conditions. Le déplacement pré-saccadique de l'attention s'avère donc obligatoire pour toute saccade. Cependant, la facilitation attentionnelle semble uniquement présente quand une saccade est réellement exécutée, non quand les sujets parviennent à l'inhiber. Ce phénomène pourrait avoir un rôle dans la perception stable du monde visuel malgré des saccades qui provoquent des mouvements continus sur l'image rétinienne.

Notre déploiement attentionnel lors de tâche de recherche visuelle est ralenti par la présence d'un stimulus saillant non-pertinent pour la tâche. Ceci plaide pour une priorité des processus descendants sur les processus ascendants. La capture attentionnelle étant un processus précoce, nous avons décidé d'enquêter sur ce processus en utilisant l'électrophysiologie et plus précisément, un potentiel évoqué latéralisé appelé N2pc. Nous avons pu montré que la N2pc pour le distracteur était modulé par l'imprévisibilté de la cible. En outre, nous avons constaté une forte corrélation entre l'amplitude de la N2pc au distracteur et le niveau de distraction, mesurée par un questionnaire d'auto — évaluation (« Cognitive Failure Questionnaire »). De plus, nous avons démontré que lorsque la tâche ne necssite pas une identification claire d'une cible, une N2pc peut être remplacé par une positivité au distracteur. En résumé, ces données impliquent que la capture attentionelle est modulé par les processus descendant.

Nous avons étudié l'effet de capture attentionnelle de visages schématiques menaçants. Pour cela, six visages sont présentés autour d'un point de fixation mais un seul possède un nez orienté différemment. Les participants doivent rapporter son orientation. Un des visages neutres peut être remplacé aléatoirement par un visage distracteur émotionnel de colère. Ces derniers peuvent être présentés à l'endroit ou à l'envers, nous permettant ainsi de tester l'impact de bas niveau des stimuli. L'effet de capture a été étudié grâce à la composante N2pc, reflétant le traitement attentionnel en direction d'un stimulus latéralisé, ainsi que des temps de réaction. Nous prédisons une capture de l'attention en direction des visages de colère, effet qui serait aboli par l'inversion du visage. Nos résultats électrophysiologiques indiquent une capture par le visage cible uniquement. Grâce à une analyse post-hoc, nous observons un effet d'habituation dans la condition à l'endroit.

Lorsque nous parlons avec les autres, lorsque nous réfléchissons nos yeux bougent, ils ne restent pas immobiles. Pourquoi ? La direction de ces mouvements oculaires « non-visuels » et la position finale dans laquelle les yeux se trouvent après ces saccades oculaires seraitelle fonctionnelle ? Nous avons effectué cinq études avec un total de 146 sujets de 18 à 35 ans pour investiguer cette question en se basant sur un protocole de matrice visuo-spatial. Nous avons fait varier la position des matrices sur un écran de projection et comparé le pourcentage de bonnes réponses des sujets lors du rappel de ces matrices. Nos résultats montrent un effet de la position des matrices (études 1-2-3) et un effet de la direction du mouvement oculaire (étude 4) pour un mode de présentation simultané lors de l'encodage et du rappel. L'effet de position disparait pour un mode de présentation séquentiel (étude 5). La stratégie de rappel (visuelle, comptage ou mixte) utilisée par les sujets pour effectuer la tâche est également un facteur important (type de mémoire utilisée).

Dans la littérature, plusieurs auteurs se sont intéressés à la dissociation entre perception et action. En effet, des nombreuses évidences neuropsychologiques ont permis de montrer que, suite à dans l'aire visuelle primaire, l'action dirigée vers un objet est possible même si l'objet n'est pas perçu consciemment. Ce phénomène est appelé "action-blindsight". TN, un patient qui a perdu complétement la vision après ses dysfonctionnements cérébraux, a démontré une dissociation dans la discrimination de stimuli entre deux modalités de réponses : une condition de pointage et une condition de réponse symbolique gauche/droite, en étant nettement meilleur dans la condition de pointage. Le but de l'étude est de tester cette dissociation dans un groupe contrôle en utilisant une tâche ne faisant pas appel à la conscience perceptive. Les résultats n'ont pas permis de montrer cette dissociation dans le groupe contrôle, cela est très probablement dû à des limites méthodologiques de la tâche experimentale utilisée.

Au cours de neuf expériences, des participants adultes devaient juger de l'état d'équilibre d'objets bidimensionnels. Six expériences concernaient la perception de l'équilibre instable sur des objets à bases pointues et trois expériences concernaient la perception de l'équilibre stable sur des objets à bases horizontales. En comparant les réponses des participants aux réponses conformes à la réalité physique, nous avons observé des biais significatifs et de fortes différences interindividuelles. Nous nous sommes attachés à trouver les causes de ces biais et de ces différences en examinant l'importance de la configuration de l'objet, le rôle des fixations oculaires sur l'objet, et le rôle des connaissances physiques lors du jugement d'équilibre. Nous avons constaté que la configuration de la base ou l'excentricité du haut de l'objet influençaient les jugements, que les fixations oculaires pouvaient être à l'origine de certaines différences interindividuelles, et que les connaissances physiques réduisaient les biais de manière significative.

Les mouvements oculaires saccadiques peuvent être perturbés par la présence d'un stimulus distracteur. Par exemple, les latences saccadiques sont prolongées lorsqu'un distracteur visuel est présenté simultanément avec la cible pour la saccade. Pour expliquer l'effet, certains modèles supposent une inhibition mutuelle entre le signal neuronal liée à la cible et le signal lié au distracteur, mais ne font pas de prédictions explicites sur la façon dont le processus d'inhibition est modulé par les propriétés des stimuli. Cette thèse fournit la preuve que les propriétés de la cible d'une saccade et les propriétés d'un distracteur tels que le contraste peuvent influencer le temps nécessaire aux signaux pour atteindre le système oculomoteur. Nous avons également démontré que l'effet du distracteur peut être influencé par la similarité entre la cible et le distracteur, mais que ces modulations dépendent notamment des caractéristiques des stimuli considérées par le participant pour trouver la cible.

Bien que motivées par différents contextes de recherche, les illusions du flash-lag et des asynchronies perceptives pourraient être considérées comme la manifestation d'un problème général auquel est confronté le système perceptif. Ce problème est de pouvoir lier des changements abrupts à des changements continus. Lorsque ces changements se produisent dans la même dimension perceptive, comme dans l'illusion du flash–lag, le changement abrupt (flash) est erronément lié au changement continu (mouvement) de telle sorte qu'il est perçu retardé. Nous avons montré que la dynamique des erreurs de liages pouvait expliquer les erreurs perceptives lorsque deux objets en mouvement devaient être localisés. Lorsque les changements abrupts et continus se produisent entre les dimensions perceptives, comme dans les asynchronies perceptives, un abrupt changement de couleur durant la trajectoire d'un objet en mouvement est perçu retardé, tandis qu'au départ de la trajectoire, aucune erreur de liage ne se manifeste de manière consistante.

Les études portant sur les mouvements oculaires ont mis en avant des biais précoces de vigilance puis d'évitement pour des stimuli menaçants en particulier chez des personnes anxieuses (phobie des araignées). Le but de notre étude est de montrer que ce genre de stimulus affecte également les étapes d'initiation dans des mouvements de pointage. 18 participants ayant une forte peur des araignées et 21 participants contrôles ont effectué deux tâches de pointage impliquant un mouvement du doigt vers une image soit neutre (papillon, scarabée…) soit menaçante (araignée). Nos hypothèses sont que le groupe phobique sera ralenti spécifiquement pour les araignées et que les trajectoires initiales du mouvement dévieront davantage pour les images d'araignée dans ce groupe. Les résultats montrent un ralentissement général (TR) du groupe phobique dans la première tâche alors que ce ralentissement est spécifique aux araignées dans la deuxième tâche. De plus, le groupe phobique semble faire des trajectoires permettant d'éviter les araignées. Nous interprétons ces résultats dans le sens d'un contrôle plus fort chez les personnes anxieuses, nécessitant un ralentissement, et permettant un évitement du stimulus menaçant.

La compatibilité spatiale et le Simon effect offrent un cadre optimal à l'étude des liens existant entre perception, cognition et action. En particulier, le Simon effect indique que même lorsque l'information spatiale fournie par un stimulus est non pertinente, les temps de réaction sont plus courts lorsque l'emplacement du stimulus et de la réponse sont congruents que lorsqu'ils sont incongruents. Nous avons montré que le Simon effect était également présent au niveau des trajectoires initiales de mouvements de pointage, indiquant un effet au niveau de l'étape de programmation motrice. Alors que le Simon effect est un phénomène très robuste, qui est retrouvé dans de nombreuses situations expérimentales, nous montrons qu'il disparait lorsque les participants sont obligés de faire une saccade vers le stimulus et lorsque des réponses symboliques sont requises. Les résultats indiquent que la réorientation de l'attention vers la position reliée à la réponse correcte contribue au Simon effect.