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Figure imposante s’il en est une de philosophe et de pédagogue que celle de John Dewey (1859-1952), figure donc à la fois bien connue dans le domaine de la recherche en sciences de l’éducation et de la formation et souvent encore trop méconnue s’agissant de certains aspects et de certaines implications potentielles de sa pensée. Un des objectifs de ce dossier était donc de chercher à un peu mieux comprendre en quoi sa personne, son œuvre, ses positions, ses concepts et ses écrits sont aujourd...

Cet article procède de la philosophie politique de l’éducation, comprise comme étude de la conversion du projet démocratique en pratiques éducatives. La figure de Dewey est sans doute l’une des plus inspirantes qui soit pour une telle démarche. Nous nous demandons dans ce texte si ce qu’il a présenté en son temps comme la possibilité d’un individualisme nouveau peut nous aider à penser l’éducation et la formation en démocratie au XXIème siècle. Nous commençons (1) pour cela par trois lectures qui nous permettent de comprendre comment Dewey envisage l’articulation de trois concepts forts que sont la démocratie, l’individualisme et le libéralisme, avec toujours en toile de fond des préoccupations éducatives et formatives fortes. Nous discutons ensuite des opportunités de ressaisies contemporaines des propositions deweyennes dans ce registre (2). Une ouverture conclusive fait signe vers quelques enseignements pour une philosophie politique de l’éducation pratique et appliquée dans le contexte français contemporain (3). This article is based on the political philosophy of education, understood as the study of the conversion of the democratic project into educational practices. The figure of Dewey is undoubtedly one of the most inspiring for such an approach. In this text, we ask ourselves whether what he presented in his time as the possibility of a new individualism can help us to think about education and training in democracy in the 21st century. We begin (1) with three readings that allow us to understand how Dewey envisages the articulation of three strong concepts: democracy, individualism and liberalism, always against the backdrop of strong educational and formative concerns. We then discuss the opportunities for contemporary re-examination of Dewey’s proposals in this context (2). A concluding section points to some lessons for a practical and applied political philosophy of education in the contemporary French context (3).

L’objet de cet article est d’investir l’axe 1 du présent dossier, autrement dit de poser la question du modèle philosophique d’éducation du citoyen auquel il s’agit de se référer aujourd’hui pour les questions scolaires. Soucieux de proposer à la discussion une conception démocratique, individualiste et libérale de la citoyenneté comme de l’école contemporaine - en contrepoint des conceptions néo-républicaines de ces mêmes enjeux - nous proposons pour ce faire un dialogue critique, du point de vue de la philosophie politique de l’éducation, avec l’oeuvre de Dominique Schnapper. Nous commençons par dégager, exposer et articuler les principales lignes de force de son modèle de citoyenneté et de ses implications en termes d’éducation citoyenne et de philosophie politique de l’école (1), puis le confrontons à deux critiques d’inspiration libérale, du républicanisme scolaire (2), avant de faire valoir pour finir l’intérêt d’une perspective néo-tocquevillienne et minimaliste de l’éducation citoyenne dans une société des individus (3). The purpose of this article is to invest the axis 1 of the present file, in other words to ask the question of the philosophical model of education of the citizen to which it seems most relevant to refer today for the school questions. Anxious to try to assert the relevance of a democratic, individualistic and liberal conception of citizenship as well as of the contemporary school - as a counterpoint to the neo-republican conceptions of these same issues - we propose to do this through a critical dialogue, from the point of view of the political philosophy of education, with the work of Dominique Schnapper. We begin by identifying, exposing and articulating the main lines of force of his model of citizenship and its implications in terms of civic education and the political philosophy of the school (1), then confronting it with two liberal-inspired critiques of school republicanism (2), before finally arguing the interest of a neo-Tocquevillian and minimalist perspective of civic education in a society of individuals (3).

Cet article tente de faire du rapport des sociétés hypermodernes aux victimes, envisagées ici comme étant les exclues de la socialité, un critère d’intelligibilité du fonctionnement de ces sociétés. Le travail sera conduit d’un point de vue philosophique. Il commencera par une étude et une discussion critique de la thèse selon laquelle ces victimes seraient avant tout les perdantes d’une structuration des sociétés sur le modèle du marché (partie 1). Dans une volonté de dépasser l’explication économiste des enjeux de l’hypermodernité, ce sont ensuite les implications de l’attribution généralisée du statut d’individu autonome dans l’hypermodernité qui seront étudiées (partie 2). Enfin, les conditions de possibilités de la réalisation effective de cette attribution seront envisagées et l’hypothèse d’une autorité bienveillante comme moyen d’atteindre la fin de l’autonomie individuelle et collective sera éprouvée (partie 3). In this article we aim to present the relation of hyper-modern societies to victims, considered here as excluded from sociality, as an intelligibility criterion concerning the functioning of those societies. We investigate and discuss the theory according to which victims would be, first of all, the losers in societies structured around the market model (part 1). Then, to go beyond the economist explanation of hyper-modernity stakes, we study the consequences of the widespread attribution of the autonomous individual status in the frame of hyper-modernity (part 2). Finally, we focus on the conditions enabling the effective achievement of this attribution, and we question the hypothesis of the benevolent authority as a way to reach the end of individual and collective autonomy (part 3).