Search

De façon patente, au regard du rayonnement et de la richesse de son abbaye, l’abbé d’Anchin est un personnage considérable et l’abbaye un puissant établissement religieux respecté et envié tant dans le diocèse qu’à l’extérieur. En raison de la localisation de l’abbaye dans une zone frontière, les comtes de Flandre, ceux de Hainaut et les rois de France ont eu pour elle des attentions qui ne furent pas toujours désintéressées. De plus, les évêques d’Arras, soucieux d’exercer leurs droits épisc...

Le modèle spirituel constitué par cette abbaye est indissociable des éléments temporels qui en manifestent la puissance. Loin d’envisager une histoire du temporel de cette communauté, nous ne retiendrons ici que trois aspects principaux qui illustrent cette assise économique de façon patente : son réseau de paroisses, ses curtes et ses trois prieurés. I – Le réseau des autels et paroisses A) L’étendue du réseau contrôlé par Anchin Dès sa fondation, l’abbaye avait obtenu des autels dont le nom...

L’attraction exercée par cette abbaye bénédictine se mesure au nombre de monastères réformés par des religieux qui en sont issus et qui donnent à cet établissement une dimension exemplaire, à une période où le modèle bénédictin perd de son attrait. Cette caution religieuse recherchée permet à Anchin de tisser un immense réseau de confraternités spirituelles. I – Anchin, une pépinière de religieux réformateurs A) Anchin dans le renouveau bénédictin jusque vers 1130 L’influence d’Anchin sur les...

Trop souvent l’historien déplore l’insuffisance de la documentation ou son caractère partiel pour aborder telle ou telle étude. Ce n’est pas le cas pour l’abbaye d’Anchin. En effet, pour en faire revivre les premiers temps, nous disposons de sources littéraires et diplomatiques dont la richesse constitue à elle seule un sujet d’étude. Leur lecture attentive laisse entrevoir une réalité beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. La fondation que l’on place traditionnellement en 1079 en s’appuyan...

De la grande variété des sources conservées, dont l’exploitation n’est cependant pas épuisée, ont été volontairement privilégiés les éléments qui ont permis de faire revivre la communauté religieuse d’Anchin et de comprendre sa réussite peu commune due à un ensemble de facteurs convergents. En premier lieu, la fondation de l’abbaye en 1079 n’est pas une éclosion spontanée mais résulte d’une aspiration spirituelle lancée quelque temps auparavant. Les deux chevaliers fondateurs avaient établi d...

La jeune communauté, les épreuves des débuts surmontées, connaît un développement rapide lié à des abbés remarquables, menant une vie exemplaire, jusque 1110 où une crise abbatiale majeure la déchire. La démission de l’abbé Gelduin, l’éviction de son successeur Robert, le choix imposé d’Alvise constituent la trame événementielle de l’affaire qui, à y regarder de plus près, n’est pas une simple agitation ponctuelle, mais constitue un enjeu déterminant pour la direction de l’abbaye et plus part...

Les sources précédemment étudiées montrent que les origines de l’abbaye sont antérieures à 1079. Une période précénobitique, à la durée difficile à établir mais ne remontant sans doute pas au-delà de 1076, a précédé la confirmation de fondation de 1079 qui officialise la communauté. I – La brève période précénobitique A) Les débuts d’une communauté de type érémitique Les sources narratives et diplomatiques s’accordent sur les noms des deux chevaliers fondateurs, cités dans les deux ordres pos...

Cum verecundia référant hoc quod vidi, Aquicinctum monasterium est maximum et ditissimum in Atrehatensi diocesi constitutum . Ainsi s’exprimait, vers 1263, pour décrire l’abbaye d’Anchin dans son ouvrage Bonum universale de apibus, Thomas de Cantimpré (1201-1263), ancien chanoine régulier devenu frère dominicain. Si le ton polémique de l’ouvrage, dont la description des mœurs des abeilles n’est que le prétexte à dénoncer l’inconduite des prélats et des abbés des anciens ordres religieux, doit...

I – Le nécrologe de l’abbaye d’Anchin A) Un manuscrit inédit et inexploité Le nécrologe d’Anchin est inclus dans un codex en parchemin du XIIe siècle, qui porte le titre de Martyrologium Usuardi. Ce codex, minutieusement décrit par J.-L. Lemaître, est le Liber Capitulum du monastère et l’on y trouve successivement le martyrologe d’Usuard, des leçons des évangiles, la règle de saint Benoît, des textes de saint Grégoire, des lectures propres à certaines fêtes, des annales (1079-1291), une liste...

L’abbaye bénédictine d’Anchin, née d’un groupement d’ermites, est fondée en 1079 avec le concours de l’évêque de Cambrai Gérard II. Son spectaculaire essor s’affirme avec l’abbatiat d’Alvise (1111-1131). Le xiie siècle est un véritable âge d’or. Au siècle suivant, l’abbaye vit encore sur sa splendeur mais n’échappe pas aux difficultés à partir des années 1270. Pour écrire ce livre, il a fallu interroger une documentation considérable. Le nécrologe et le coutumier inédits ont permis de faire revivre ce monastère dans ses membres comme dans sa pratique. Le cadre monumental grandiose, aujourd’hui disparu, l’important réseau de curtes et de paroisses, les trois prieurés attestent de l’indiscutable puissance de l’abbaye. Le magistère spirituel exercé auprès de nombreux monastères et le vaste réseau de confraternités manifestent le dynamisme d’Anchin, insérée dans la société de son temps par de considérables possessions foncières et des dîmes. La position de l’abbaye sur la Scarpe, à la frontière entre Flandre et Hainaut, et l’enjeu qu’elle constitue dans la progression capétienne définissent la spécificité de ses rapports avec les puissants. Pendant deux siècles et demi, malgré des vicissitudes et en dépit de la densité monastique de la région, l’omniprésence des moines d’Anchin illustre la place éminente tenue dans un espace qui dépasse de beaucoup le cadre d’origine.

Le coutumier d’une abbaye est le texte normatif qui complète la règle. Celui d’Anchin, inédit et largement tributaire des coutumes clunisiennes de Bernard, permet de voir l’application de l’idéal monastique dans l’abbaye. Cependant les silences du texte sur certains points nécessitent de recourir à d’autres sources pour compléter la perception de la vie quotidienne de la communauté, notamment ses activités liturgiques. Mais en définitive, malgré l’impression de sérénité qui exhale de ce monas...

Ora et labora, enseigne la règle de Benoît. Ce double précepte connaissait à Anchin une application totale illustrée par la production extraordinaire du scriptorium et l’intensité de la vie liturgique. Quant à la rigueur de la vie quotidienne, elle connaissait des assouplissements codifiés dans les actes de pitances résultant de la bienveillance des abbés et sur lesquels les moines étaient vigilants. I – La pratique monastique au quotidien A) Le bien-être des religieux La rigueur est certes l...