Baisnée, Olivier, Christin, Angèle, Comby, Jean-Baptiste, Coulangeon, Philippe, Ferron, Benjamin, Lecler, Romain, Picaud, Myrtille, Vera-Zambrano, Sandra, and Comby, Jean-Baptiste
Tandis que depuis un demi-siècle la « mondialisation culturelle » ne cesse d’être louée pour ses supposées vertus démocratiques ou contestée pour ses présumées logiques impérialistes, ses rouages sociaux restent étonnamment méconnus. Si son économie politique est régulièrement discutée, les professionnels de l’internationalisation des biens culturels et médiatiques ont, eux, fait l’objet de peu d’attention. Qui sont ces femmes et ces hommes au cœur de l’import-export des biens symboliques ? Comment en viennent-ils à (s’)investir à l’international, avec quelles ressources, en poursuivant quels enjeux et en tenant compte de quelles contraintes ? Quels intérêts inséparablement sociaux et nationaux engagent-ils dans leurs métiers ? La partie visible des échanges symboliques à l’international, souvent teintée d’économisme et de technologisme, dissimule en fait une compétition sociale entre différentes fractions des champs du pouvoir. À rebours des approches culturalistes, cet ouvrage éclaire les hiérarchies sociales au principe de l’inégale circulation internationale des biens culturels. Tout le monde n’a pas les moyens de jouer le jeu de la « mondialisation », de se mobiliser par-delà les frontières ou de faire un usage distinctif des livres et films étrangers. Si concurrence il y a, elle met sans doute moins à partie des pays que des catégories sociales. Le montrer empiriquement c’est aussi lutter contre les clichés différencialistes qui, en essentialisant et en figeant les cultures, font le lit des visions xénophobes. Les différentes contributions étayent donc cette perspective. Elles expliquent comment il est possible et pourquoi il est important, de saisir les dynamiques structurelles et les rapports de domination qui orientent les processus d’internationalisation médiatique. Ainsi, ce livre collectif espère être utile aux étudiants et chercheurs analysant la construction sociale et historique des échanges internationaux de biens symboliques. Mais au-delà, l’ouvrage s’adresse à l’ensemble des agents concernés par ces questions et entend leur suggérer des clefs pour interpréter autrement ce qui est en jeu lorsqu’ils sont confrontés « à l’international ».