Malgré sa polysémie, le terme « solidarité » est redevenu courant dans l’action publique en France pour qualifier des relations aussi bien macro que microsociales. S’il est vrai que les rapports sociaux intra et extrafamiliaux n’ont pas toujours été compris comme des manifestations de solidarité, avons-nous cependant affaire aujourd’hui, dans ce domaine, à la même solidarité que celle qu’instaure l’État social ? Dans cet article, les auteurs s’attachent à déconstruire les solidarités familiales remises à l’honneur ces deux dernières décennies. Ils tentent également de vérifier les conditions de possibilité d’une solidarité familiale et en notent les apories conceptuelles. Cette approche permet de suggérer que la notion de solidarité familiale, telle qu’elle est communément utilisée, confond plusieurs régimes de justice qu’il conviendrait pourtant de nettement distinguer, surtout si l’on veut faire un usage sociologique judicieux de l’expression « solidarité familiale ». Despite its many meanings, “solidarity” has once again become current in French to describe macro as well as microsocial relations. Social relations in and outside the family have not always been understood as instances of solidarity. But is this solidarity the same as the one established by the welfare state? Forms of family solidarity that have risen in esteem over the past two decades are “deconstructed”. The conditions for family solidarity are examined; and conceptual paradoxes, described. This approach suggests that family solidarity, as this concept is normally used, mixes together several systems of justice that should be clearly distinguished, especially if we want to put this phrase to a judicious social use.