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Cet article défend une approche linguistique de la poésie contemporaine qui s’appuie à la fois sur les données énonciatives, les parcours sémantiques reposant sur les isotopies et les faits de disposition, de rythme et de chaines phoniques. Il met la démarche en œuvre à propos d’un poème de J. Sacré et d’un poème d’A. Dreyfus en montrant comme un lecteur armé d’outils linguistiques simples mais robustes peut construire l’interprétation du texte en tenant compte de l’interrelation entre les dimensions sémantique, énonciative et esthésique. Ce faisant le lecteur peut aussi confronter les choix opérés dans le poème à l’état du champ poétique à un moment donné et analyser la scène d’énonciation et l’éthos construits par le texte. In this paper we define a linguistic approach to contemporary poetry that focuses on the speaker’s marks of subjectivity, on textual structure, rhythm and phonic chains and on semantic paths based on isotopies. We carry out this approach in the study of two poems, one from J. Sacré, the other from A. Dreyfus and show how simple but solid linguistic tools allow the reader to construe the interpretation of the text taking into account the interrelation between semantic, enunciative and aesthesic dimensions. In doing so the reader can also compare the devices observed in the poem with the setting of the poetic field at a given moment and analyse the implied author’s position and ethos displayed in the text.

Cet article propose une lecture entre systeme et variation, entre langue et discours, d’un texte particulier Before I Say Goodbye* (BISG) de Ruth Picardie. Il s’agit d’un discours ecrit proche de l’oralite : c’est un recueil d’echanges de courriers electroniques entre Ruth Picardie et ses amis, d’editoriaux publies dans Observer Life columns et de reponses de lecteurs. Comme le titre de l’ouvrage l’indique, l’isotopie est celle de la fin de vie. Le point de vue adopte dans l’article est celui de la reception du texte : l’objectif est d’apprehender, dans une demarche analytique, l’impact du discours sur la co-construction du sens d’unites lexicales.La premiere partie consiste en une etude de la construction semantique d’unites lexicales par transfert categoriel. Il s’agit de contraster la valeur en discours de verbes denominaux lexicalises a celle de verbes denominaux qui relevent davantage de la creativite de l’auteur.Dans la seconde partie, il s’agit de degager le sens discursif le plus saillant d’unites lexicales verbales en discours. En effet, dans ce texte, la construction des verbes de mouvement et des verbes de perception engendre leur recategorisation semantique. La perte de poids semantique lexical que connaissent les verbes feel, look, sound, go et turn dans BISG leur confere un role de cadrage du scenario verbal : ces unites verbales entrent en discours dans un rapport a la verite du sujet qui devient son propre objet. La troisieme partie est consacree au rapport entre phonie, jeux phonetiques et rythmiques et construction du sens dans la chaine discursive.Il n’est nullement question de rejeter la part systemique – du systeme langue – dans la co-construction du sens lexical et textuel mais de la faire dialoguer avec la dimension discursive, sociale et historique inherente a tout acte de parole, a toute production-reception de sens.* Penguin Books, 1998. Le titre est suivi d’un sous-titre « The bottom line is, I’m dying ».