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L’histoire récente du radicalisme britannique réserve aux idées des « radicaux philosophiques » utilitaristes une place marginale : plus que les cercles londoniens dans lesquels évoluent Bentham, les Mill et leurs proches, ce sont les différents courants du radicalisme populaire qui ont récemment retenu l’attention. Il existe pourtant de nombreux points de contact entre les cercles benthamiens et les mouvements réformateurs britanniques dans les décennies 1810 et 1820. Cet article s’appuie sur la correspondance connue de Bentham au cours de l’année 1820. Il montre que Bentham est une personnalité reconnue dans les cercles radicaux puis examine la lumière que jettent ses lettres sur les événements de l’année 1820. Deux thèmes permettent d’examiner de plus près ces liens : la liberté de la presse et les relations avec les révolutions libérales qui agitent cette année-là la péninsule ibérique. Le témoignage de Bentham éclaire aussi les dissensions à l’intérieur du mouvement radical. In recent works on political radicalism in the British Isles, the contribution of “philosophic radicalism” is only cursorily mentioned. Indeed, the focus of historiography has moved away from the Westminster circles in which Bentham, Mill and their friends were active and has paid increasing attention to popular movements. In the 1810s and 1820s however, contacts between Benthamites and radical reform groups were numerous. This article draws on Bentham’s collected correspondence for the year 1820. It first explains his position within radical circles in London, before looking at the events of that year under the lens of his letters. Two themes illustrate the close links between radical and utilitarian circles: the fight for the liberty of the press and a shared interest in the liberal revolutions in Spain and Portugal. Bentham’s testimony also highlights the divisions within radical movements.

Este trabajo analiza algunos elementos sobre prácticas y discursos de corrupción en Chile durante la primera mitad del siglo XIX, revelando el carácter polisémico de dicho concepto y su circulación en la política y sociedad del periodo. En ese contexto, existieron diversos “ámbitos de corrupción” que se crearon a raíz de la interacción entre agentes públicos y estatales. Estos ámbitos se estudiarán a partir de tres casos ocurridos entre 1826 y 1849, los que mostrarán que los diversos hechos fluctuaron entre la asimilación cotidiana y su potencial escandaloso en la contienda política, dando claves del papel performativo del escándalo de corrupción como creador de una nueva realidad sociopolítica. Se revelará de este modo un problema histórico con distintos matices y niveles de análisis, en el marco del proceso de construcción estatal chileno. This paper analyse some elements about corruption practices and discourses in Chile during the first half of the 19th century, revealing the polysemic nature of this concept and its circulation in the politics and society of the period. In this context, there were several "ambits of corruption" that were created as a result of the interaction between public and state agents. These ambits will be studied from three cases occurred between 1826 and 1849, which will show that the various events fluctuated between the everyday assimilation and its scandalous potential in the political contest, giving keys to the performative role of the corruption scandal as creator of a new sociopolitical reality. This will reveal a historical problem with different nuances and levels of analysis, in the frame of Chilean state construction process. Ce travail analyse certains éléments des pratiques et discours sur la corruption au Chili durant la première moitié du XIXe siècle, révélant le caractère polysémique de ce concept et sa circulation dans la politique et la société de cette période. Dans ce contexte, certains "espaces de corruption" se formèrent à partir de l'interaction entre divers agents publiques et étatiques. Ces espaces seront étudiés au travers de trois cas qui se produisirent entre 1826 et 1849, qui montreront que les différents faits fluctuèrent entre l'assimilation quotidienne et le scandale potentiel dans l'arène politique, ce qui permettra établir des clés de lecture du rôle performatif du scandale lié à la corruption en tant que créateur d'une nouvelle réalité sociopolitique. Nous pourrons donc rendre compte d'un problème historique qui présente différentes nuances et niveaux d'analyse, dans le cadre du processus de construction de l'Etat chilien.

Premier journal imprimé de la ville de São Paulo, le Farol Paulistano (1827-1831) profite du vent de liberté accordé par D. Pedro I. Fondé et dirigé par Costa Carvalho, l’un des futurs membres du triumvirat élu afin d’assumer la régence après l’abdication de l’Empereur en 1831, ce périodique secondait la vie parlementaire naissante au Brésil. Son objectif se révéla pourtant plus ambitieux, porté par un discours moralisateur désireux d’amender (mais non de régénérer) l’homme et la femme. Érigeant la presse au rang de moyen de gouvernement placé au service des élites locales, les fameux « barons du café », son propos visait aussi à défendre les libertés publiques et à propager les idées françaises au moyen de traductions régulières. La sélection, effectuée sur la base d’ouvrages importés de France par des libraires français, entérine la thèse de la circulation d’une culture juridique française au Brésil ; mais elle illustre aussi un comportement typique des classes sociales dominantes, à l’origine de l’oligarchie brésilienne, en légitimant leur emprise sur le droit et la confiscation, à leur profit, du pouvoir conservateur refusé au chef de l’État. First printed newspaper published in the city of São Paulo, O Farol Paulistano (1827-1831) takes advantage of the wind of freedom granted by D. Pedro I. Founded and managed by Costa Carvalho, one of the future members of the triumvirate elected to assume the regency after the abdication of the Emperor in 1831, this periodical assisted the rise of the parliamentary life in Brazil. Its purpose was nevertheless more ambitious, trying to convey a moralizing speech, anxious to improve (but not to regenerate) men and women. Introducing the press as a way of government placed under the authority of the local elite, the famous «coffee barons», the periodical also aimed to defend the public freedoms and to propagate the French ideas through regular translations. These translations, made from works imported from France by French booksellers, confirms the theory of a diffusion of the French juridical culture in Brazil; but it also illustrates a typical behaviour of the dominant class, at the origin of the Brazilian oligarchy, striving to legitimate its influence on law and its prise of the conservative power refused to the Emperor.

Tout au long du XIXe siècle, la nécessité de construire un nouvel ordre social a suscité une réflexion sur la place à donner à la médiatisation dans cette reconstruction. Les auteurs examinent plus particulièrement comment, au cours de la première partie du siècle, la presse est apparue susceptible, en contribuant à la formation de l’opinion publique et à la récréation d’un lien social, de constituer désormais un instrument indispensable à l’exercice du pouvoir au sein d’une société marquée par une exigence croissante de publicité.