International audience; Jules Romains n’a pas été au front, mais il n’a cessé d’agir et d’écrire contre la guerre. Outre ses nombreux essais en faveur de la paix et son long poème Europe, qui met les foules en demeure de refuser la guerre, il a raconté Verdun dans Les Hommes de bonne volonté. Il peint l’arrière, mais surtout les tranchées, et donne ainsi un véritable témoignage. C’est qu’il a consulté les archives publiques et intimes, et que son empathie de romancier lui permet de vivre avec intensité la vie des soldats ordinaires comme celle des généraux. Il ne veut pas cependant être de ces héros de l’arrière qui glorifient une guerre dont ils n’ont pas souffert. Il se dédouble donc : il a deux frères fictionnels, dont l’un reste à Paris, et dont l’autre part à Verdun. Cette dissociation entre l’individu et le poète en qui la psyché universelle se cristallise permet à Romains de faire résonner simultanément le chant qui célèbre le courage des soldats et le contre-chant qui déplore la misère de la guerre.