Sandrine Costamagno, Jérémie Jacquier, Alain Queffelec, Pierre Chalard, Aurélien Royer, François Lacrampe-Cuyaubère, Laure Dayet, Jean-Marc Pétillon, Célia Fat Cheung, Jean-Baptiste Mallye, Olivier Le Gall, Luca Sitzia, Véronique Laroulandie, Solange Rigaud, and David Cochard
Découverte en 1990, la grotte-abri de Peyrazet (Creysse, Lot, France) se situe dans le Haut-Quercy en bordure du causse de Martel, à quelques centaines de mètres du cours actuel de la Dordogne. Les fouilles menées depuis 2008 livrent une archéoséquence du Tardiglaciaire qui permet de combler certaines lacunes documentaires régionales et plus largement du Sud-Ouest de la France. Au Magdalénien supérieur succède un niveau ayant donné des indices d’un Azilien sensu lato stratigraphiquement séparé du Laborien, ensemble supérieur qui fait l’objet de cet article. Jusqu’alors ce technocomplexe de la fin du Pléistocène et des débuts de l’Holocène demeurait mal connu dans la région. En effet, seuls des travaux anciens menés dans deux gisements permettaient de noter sa présence en Quercy. La découverte d’un ensemble laborien récent (ou Épilaborien) à Peyrazet est l’occasion de conduire une étude collective des divers vestiges dans un cadre archéostratigraphique mieux maîtrisé. L’analyse géoarchéologique met en évidence l’action conjointe du ruissellement et de l’éboulisation comme principaux responsables de la mise en place des dépôts. Dans la partie S-O du site, un lithofaciès de remaniement indique une bioturbation importante en lien avec le creusement de terriers. Bien que leur origine ne soit pas liée aux activités humaines, les rongeurs, les oiseaux, les poissons et les mésomammifères (excepté le lièvre) apportent des données concernant l’environnement des chasseurs-cueilleurs. La grande faune est dominée par le cerf dont les carcasses pourraient avoir été introduites incomplètes sur le site puis traitées pour en extraire la viande et la moelle. Nous avons bénéficié d’une analyse fonctionnelle croisée à l’étude typo-technologique des vestiges lithiques composés pour l’essentiel de silex locaux et régionaux. Ce double regard a permis de mettre en évidence une diversité d’activités mise en œuvre dans la cavité. Une pièce d’ocre rouge, quelques vestiges d’industrie osseuse et des éléments de parure participent également à la description d’une large gamme de tâches effectuées lors d’un séjour prolongé ou de plusieurs occupations successives. La comparaison des pointes de chasse microlithiques avec d’autres gisements sur une vaste échelle géographique conduit à discuter l’attribution de cet ensemble supérieur à différentes phases du Laborien. L’hypothèse d’un Laborien récent (ou Épilaborien) conduit à réfléchir à une perduration de morphotypes ancestraux parallèlement à de nouveaux types d’armatures, observation déjà réalisée notamment à La Borie del Rey dans le Haut-Agenais mais qui demande encore des précisions et de nouvelles découvertes. Discovered in 1990, Peyrazet cave-rock shelter (Creysse, Lot) lies in the Haut-Quercy region at the limits of the Martel limestone plateau, several hundred meters from the current Dordogne River valley. Excavations begun in 2008 produced a Late Glacial archaeo-sequence that sheds new light on several still poorly understood aspects of the archeological record in both the Haut-Quercy region and southwestern France in general. The level overlying the Late Magdalenian occupation produced limited evidence for the Azilian and is stratigraphically separated from the Laborian. This latter techno-complex, dated to the end of the Pleistocene and early Holocene, remains poorly documented in the region, having only been previously identified from two sites in the Quercy. The discovery of a recent Laborian (Epilaborian) occupation at Peyrazet presented the ideal occasion for a collaborative study of the diverse archaeological material recovered from this well-understood archaeo-stratigraphic context. A geoarchaeological analysis produced evidence for both surface runoff and the accumulation of coarse deposits (éboulis) as the principal site formation processes. In the southwest area of the site, a reworked lithofacies demonstrates substantial bioturbation in connection with animal burrowing. Although the presence of rodent, bird, fish, and medium-sized mammals (except hare) cannot be definitively connected to human activity, they nevertheless provide important information concerning the environments exploited by hunter-gatherer groups. Larger species are dominated by red deer whose carcasses were partially processed before being introduced to the site, where meat was subsequently removed and marrow consumed. A functional analysis combined with a typo-technological study of the primarily locally- and regionally-procured lithic material revealed evidence for diverse activities having taken place on-site. An ochre fragment, several bone tools and ornaments equally indicate a large variety of tasks to have been carried out during a single, long occupation or several successive visits. A typo-technological comparison of hunting weaponry (microliths) from sites across a substantial area suggests the assemblage to represent either a Laborian/Epilaborian mix or a unique Epilaborian occupation. This latter case would indicate the persistence of older morphotypes alongside the development of new tools forms, a situation already identified at Borie del Rey in the Haut-Agenais but which requires more detailed study supported by new discoveries.