Le sédiment superficiel (0-3cm), l’eau interstitielle, les particules en suspension et l’eau de surface autour de l’Ile-aux-Grues (Québec, Canada) ont été échantillonnés en mai 1988 (11 jours après le déversement du pétrolier Czantoria) et en juin 1990. Les concentrations en hydrocarbures totaux mesurées par spectrofluorescence révèlent l’enrichissement des particules en suspension relativement à la fraction dissoute et au sédiment. Les analyses en chromatographie en phase gazeuse montrent que la contamination pétrolière du sédiment a été très ponctuelle. En mai 88, seulement deux stations montraient les indices d’une forte contamination pétrolière du sédiment, qui n’était plus décelée significativement deux ans après. A l’une de ces stations, la biodégradation des hydrocarbures semblait très avancée dans le sédiment, alors que l’eau interstitielle était enrichie en dérivés naphtaléniques. Des résidus de type émulsions “d’eau-dans-1’huile” non altérés étaient retrouvés adsorbés sur des rochers aux deux extrémités de l’ile, 11 jours après l’accident. Dans le sédiment prélevé en mai 88, l’origine fossile des hydrocarbures se superpose à un “bruit de fond” dans lequel on peut distinguer une importante contribution biogénique (n-alcanes à chaînes impaires, rétène, pérylène). Durant les deux séries d’échantillonnage, tous les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dérivés de combustion ont été retrouvés à des niveaux relativement faibles dans le sédiment, confirmant la légère contamination pyrogénique à laquelle le site étudié est soumis.