Ce chapitre se penche sur une activité familière à Tahiti, la capture de chinchards ou ature à l'aide de grandes sennes de plage. Il s'appuie sur deux études monographiques réalisées par Paul OTTINO en 1962 et l'auteur (BLANCHET, 1982), vingt ans plus tard. La première étude privilégie un point de vue ethnologique. La seconde s'inscrit dans une approche économique du secteur informel (BLANCHET, 1986) et prolonge la précédente qui lui a fourni une problèmatique, un schéma d'analyse et des matériaux de référence. Elle l'actualise en adoptant comme elle une démarche attentive aux multiples facettes de la réalité. La majorité des informations ont été recueillies il y a une dizaine d'années et les plus récentes en 1990. Sans vouloir les minimiser, il est moins question ici de se pencher sur les données chiffrées disponibles que de se livrer à une réflexion sur une activité qui semble, jusqu'à présent, avoir réussi à concilier la tradition et la modernité. Un premier objectif est de la replacer dans le contexte d'évolution rapide qu'a connu Tahiti depuis l'implantation du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) en 1963 et de savoir si on se trouve en présence d'une activité dynamique, susceptible de fournir des emplois et des revenus à une population toujours plus nombreuse ou s'il s'agit d'une activité résiduelle, condamnée par l'évolution des techniques et des mentalités. Un second objectif est de montrer qu'une recherche monographique de caractère empirique, s'appuyant sur des méthodes d'enquête assez simples, peut rivaliser de pertinence avec certaines approches théoriques préoccupées de vérifier le caractère opératoire d'un concept défini à priori de façon abstraite. (Résumé d'auteur)