1. Plastoc : Indicateurs de la pollution en macrodéchets dans l'environnement et estimation des flux issus des eaux urbaines
- Author
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Tramoy, Romain, Gasperi, Johnny, Tassin, Bruno, and Tramoy, Romain
- Subjects
Milieu naturel ,[SDE] Environmental Sciences ,Zone urbaine ,Ville ,Réseaux d'assainissement ,Macroplastique ,Filet ,Macrodéchet ,Indicateur ,Eau pluviale urbaine - Abstract
La pollution plastique est un des enjeux environnementaux majeurs du siècle avec des estimations de flux à la mer de l’ordre du million de tonne par an. Cet enjeu est en passe d’être élevé au même niveau que celui du changement climatique par l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement avec la création d’un Comité Intergouvernemental de Négociation visant à élaborer un texte juridiquement contraignant d’ici 2024 pour lutter contre la pollution plastique. Il s’agit, entre autres « d’élaborer des indicateurs capables d’évaluer l’impact des politiques publiques dans la lutte contre la pollution plastique ».C’est l’objet de l’Axe 1 du projet PLASTOC qui concerne l'ensemble des macrodéchets anthropiques (> 5 mm), y compris les macroplastiques. La diversité et la persistance dans l'environnement des plastiques conduisent à proposer des indicateurs dans différents compartiments environnementaux avec une approche systémique : de la production jusqu'à leur usage, puis déchéance. Cette chaîne de production-consommation-rebut s’inscrit dans un continuum Terre-Mer sur le temps long dans le cas des plastiques, car ils ne se biodégradent pas (ou très lentement) dans l’environnement. L’amont du système correspond au marché, c’est-à-dire à la production/consommation de plastique et l’aval correspond à la rivière, puis ultimement, à la mer. La ville, où se concentrent les activités humaines correspond au nœud fondamental des interactions entre l’amont et l’aval du système. Les indicateurs développés s’organisent en trois niveaux que sont (1) le marché : données de production/consommation), (2) la ville : densités de surface, flux issus des eaux urbaines, et (3) la rivière : comptages visuels, surveillance OSPAR/DCSMM sur berges. Les filières de responsabilité étendue du producteur sont appelées à financer la mise en place pérenne des indicateurs et la professionnalisation des acteurs (ONG, entreprises de l'ESS, collectivités) à l'échelle nationale. L’AXE 2 du projet PLASTOC concerne l’estimation des flux de macrodéchets issus des eaux urbaines. Il correspond à la mise en œuvre et au test de l'un des indicateurs développés dans l'Axe 1. D'un point de vue recherche, il s'agit de la continuité cohérente du projet MacroPLAST qui visait à quantifier les flux de macroplastiques transitant en Seine et dans l’Huveaune (de l’ordre de 1 à 10 g/hab/an de macroplastiques dans ces milieux) avec une remontée de la rivière vers l'exutoire des bassins urbains. Les eaux urbaines charrient des macrodéchets à travers les réseaux qui sont susceptibles d’être directement rejetées dans le milieu aquatique par temps de pluie. Des dispositifs de piégeage de type filet permettent de capter et mesurer ces flux de macrodéchets. Les flux ont été estimés sur deux réseaux d'eau pluviale (environ 500 et 22 500 habitants concernés) et deux déversoirs d'orage (DO; environ 1500 et 15 000 habitants concernés). Les flux de macroplastiques s'échelonnent sur trois ordres de grandeur de 0,1 à 10 g/hab/an avec les plus fortes valeurs dans les réseaux d'eau pluviale et les plus faibles dans les DO. Les réseaux d'eau pluviale semblent donc être une source majeure de macroplastiques pour les milieux. Par ailleurs, les types de macrodéchets diffèrent entre les deux types de réseaux avec une majorité de lingettes (jusqu'à 80% en masse) et de déchets issus de l'hygiène féminine (serviettes, tampons) dans les DO et une majorité de déchets issus de la voirie (mégots, emballages, bouteilles) dans les réseaux d'eau pluviale.D'un point de vue opérationnel, les filets sont un excellent outil du suivi de la pollution plastique issu des eaux urbaines, complémentaire d'autres indicateurs amont (surface des villes) et aval (rivière). Il a par ailleurs l'avantage d'avoir été largement testé et d'être comparable aux suivis OSPAR/DCSMM littoraux et fluviaux. D'un point de vue curatif, les filets ont montré leurs limites et doivent être utilisés avec parcimonie dans des zones bien identifiées par l'expérience des locaux ou par une phase de test préalable. Car cette solution technique constitue en soi un paradoxe : filtrer les eaux urbaines d’un ouvrage dont la fonction est précisément de faciliter leur évacuation. Des analyses en cours sur d'importants DO de la Métropole Rouen viennent toutefois appuyer leur efficacité curative avec des quantités importantes de déchets collectés.
- Published
- 2022