La production porcine a bénéficié, au cours des dernières décennies, de progrès importants et continus réalisés par la sélection pour une croissance sans cesse plus forte de tissus maigres et un dépôt décroissant de gras, en réponse à la demande des consommateurs. Cet article examine les changements intervenus dans l’alimentation en considérant les évolutions récentes et les perspectives, compte tenu de l’évolution prévisible des performances de production et de l’apport des nouvelles technologies. L’importance du progrès génétique en faveur de la croissance des tissus maigres a conduit en premier lieu à envisager une modélisation de la prévision des besoins nutritionnels (énergie, protéines et acides aminés, minéraux), dont les variations se traduisent notamment par des exigences moins marquées en énergie que par le passé et par un accroissement important des besoins en acides aminés relativement à l’apport énergétique. Grâce à cette démarche de modélisation, il est désormais possible de définir de nouvelles stratégies d’alimentation adaptées pour la production de viande maigre (plan de rationnement alimentaire, choix du type d’aliment pour une phase de production déterminée), en fonction des conditions particulières de production et à l’aide de systèmes d’évaluation des aliments suffisamment discriminants (énergie nette, digestibilité iléale des acides aminés). En outre, l’augmentation de certains intrants alimentaires (azote, phosphore) pour une production accrue de viande maigre implique une gestion raisonnée de leurs apports, afin de prévenir des rejets excessifs dans l’environnement (eau, atmosphère). La tendance à une certaine dégradation de la qualité de la viande, notamment sous l’angle technologique et organoleptique, au fur et à mesure des progrès de la sélection sur la croissance musculaire, oblige à une prise en compte, par l’alimentation, des exigences de qualité des produits, qu’il s’agisse des dépôts gras ou des tissus maigres (importance du gras intramusculaire). Il en est de même avec le recours à de nouvelles technologies permettant, soit de préserver le potentiel de croissance musculaire (utilisation du porc mâle entier), soit de le stimuler (facteurs de croissance). En dernier lieu, après avoir considéré les effets de l’alimentation sur la conformation des carcasses, en relation avec l’amélioration du développement musculaire, les conséquences d’un amaigrissement excessif des truies sur les performances de reproduction sont évoquées en liaison avec la mobilisation et la reconstitution des réserves lipidiques corporelles. Ce problème d’équilibre entre les tissus musculaire et gras constitue un enjeu important pour l’évolution future de l’alimentation du porc maigre. Au plan de l’application, les nouvelles approches nutritionnelles, basées sur l’établissement de lois de réponse qui prennent en compte la diversité à la fois des types génétiques (depuis les plus gras jusqu’aux plus maigres) et des conditions d’élevage et de milieu devraient permettre, dans chaque cas, de définir les conditions optimales de production d’un type de porc particulier., During the last decades, pig production has gained important and continuous progress from selection for constantly increasing lean tissue gain and decreasing fat deposition, in order to meet the increasing demand of market and consumer. The present report is intended to examine the changes that have been introduced in pig feeding to bring the necessary adaptations for optimizing growth performance, by considering the recent development and the trends for the future, in relation to the predictable shift in production performance and technological innovations. The unceasingly changing contribution of animal related factors has made it necessary to consider prediction modelling of nutritional requirements (energy, protein and amino acids), with a general trend to lower energy needs than in the past and higher amino acid requirements relative to energy. This modelling approach allows to implement new feeding strategies (feeding scale, type of feed for a given phase of production) that are adapted to lean meat production, according to specific production conditions and with sufficiently discriminating feed evaluation systems (net energy, ileal amino acid digestibility). In addition, the steady increase in some dietary inputs (nitrogen, phosphorus) for expanded lean meat production implies a sound management of nutrient supply, in order to prevent excessive loss to the environment (water, atmosphere). The observed trend to some degradation of meat quality with intense selection for muscular growth, particularly with regard to technological and organoleptic characteristics, necessitates to take into account these constraints in feeding, whether one considers fat deposition or lean tissue gain (extent of intramuscular fat). Finally, after examining the effects of feeding on carcass conformation, we have considered the incidence of excessive leanness in sows on reproduction performance, in relation to mobilization and restauration of body lipid reserves. This problem of optimum balance between lean and fat is an important challenge for future evolution of feeding lean pigs. From practical standpoint, the new nutritional approaches based on establishing dose - response relationships that integrate the diversity of available genotypes (from the fattest to the leannest), along with production and environmental conditions, should contribute, in each case, to fix the optimum conditions for producing a given type of pig.