1. Sexualité des adolescentes nées avec le VIH au Sénégal : entre normes sociales et secrets de famille
- Author
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Laborde-Balen, Gabrièle, Diop, Maimouna, Sow, Khoudia, Ndiaye, Ndeye, Diop, Karim, Taverne, Bernard, Recherches Translationnelles sur le VIH et les maladies infectieuses endémiques et émergentes (TransVIHMI), Institut de Recherche pour le Développement (IRD)-Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM)-Université de Montpellier (UM), Centre Régional de recherche et de Formation à la prise en charge Clinique de Fann (CRCF), and CHNU Fann
- Subjects
Sénégal ,adolescent ,[SDV]Life Sciences [q-bio] ,VIH ,ARV ,contexte rural ,sexualité ,décentralisation - Abstract
Est une version de Référence originale :Laborde-Balen G., Diop M., Sow K., Ndiaye N. B., Diop K. et Taverne B. Sexuality of adolescent girls born with HIV in Senegal: an anthropological analysis, Therapeutic Advances in Infectious Disease, 10 (janvier) 2023: 20499361231159296.https://doi.org/10.1177/20499361231159295version d’auteur, traduite en français par M. Bernard Taverne; Objectifs : Au Sénégal, la norme sociale dominante valorise la virginité avant le mariage et érige l’abstinence des adolescents et desadolescentes comme valeur morale cardinale. La sexualité hors mariage reste socialement réprouvée en 2022. L’entrée dans lasexualité des adolescentes vivant avec le VIH soulève diverses difficultés. A Dakar des initiatives émergent pour accompagner cesjeunes, notamment grâce à des applications numériques. Ces dispositifs sont plus rares en milieu rural. Une étude menée en 2021, aexploré le vécu de la sexualité des adolescentes nées avec le VIH, vivant hors de Dakar, les contraintes socio-sanitaires auxquelles ellessont confrontées et l’accompagnement dont elles bénéficient de la part du dispositif de soins.Méthode : L’étude anthropologie « Échec thérapeutique chez les enfants et adolescents vivant avec au Sénégal, hors Dakar [ETEA-VIH,ANRS 12421] » a été menée en 2021 dans 14 hôpitaux régionaux et centres de santé. Des entretiens semi-directifs ont concerné 87enfants/adolescents VIH vivant avec le VIH, 95 parents/tuteurs et 47 acteurs de santé. L’entrée dans la sexualité des adolescentes afait l’objet d’une analyse spécifique auprès de 40 adolescents âgés de 12 à 19 ans.Résultat : Généralement, les parents feignent d’ignorer la vie sexuelle de leurs enfants. Les mères redoutent la survenue d’unegrossesse hors mariage, car la responsabilité de l’éducation sexuelle leur incombe et la « faute » leur serait attribuée. La survenued’une grossesse non désirée peut conduire à une exclusion familiale et à un risque de transmission du VIH à l’enfant, par manqued’accompagnement médical et social. Le VIH demeure une maladie stigmatisante que l’on garde secrète dans les familles. Le risque dedévoilement est une préoccupation majeure. Malgré les programmes de santé sexuelle et reproductive (SSR), la plupart des soignantssont réticents à parler de sexualité et à proposer une contraception aux adolescentes. Des espaces d’informations sont organisés dansquelques hôpitaux régionaux, par des associations formées à la SSR. Ils sont plus rares dans les centres de santé. Les applicationsnumériques et les forums d’échanges sont peu accessibles en milieu rural faute de smartphones et d’accès à internet.Conclusion : En milieu rural, les adolescentes vivant avec le VIH sont confrontées au silence qui entoure la sexualité et le VIH. Uneapproche individualisée et l’accès confidentiel à la contraception doivent être privilégiés pour les accompagner, avec l’appui desassociations de PVVIH
- Published
- 2023