Pouedras, J., Vieillevigne, L., Cabarrou, B., Mathevet, F., Sarini, J., Vergez, S., Siegfried, A., Moyal, E., and Modesto, A.
La prise en charge par radiothérapie avec modulation d'intensité des tumeurs du plan glottique reste controversée du fait du petit volume à irradier et de la mobilité de la cible. L'objectif de cette étude est de comparer le contrôle local, la survie et la toxicité tardive des patients irradiés en technique conformationnelle avec ou sans modulation d'intensité pour un carcinome épidermoïde T1N0 de corde vocale. La chirurgie représentant l'autre option thérapeutique de référence dans cette situation, nous avons également comparé le contrôle local et la survie des patients irradiés avec celui des patients opérés. Cent quatre-vingt-trois patients ont reçu un traitement à visée curative dans notre centre pour un carcinome épidermoïde du plan glottique, soit par irradiation conformationnelle avec modulation d'intensité (« goupe IMRT », n = 72), soit par irradiation conformationnelle tridimensionnelle (« groupe RTC », n = 47), soit par chirurgie (« groupe chirurgie », n = 64) entre 2005 et 2020. La dose médiane délivrée en radiothérapie quelle que soit la technique était de 66 Gy en 30 fractions de 2,2 Gy. Une radiothérapie guidée par l'image quotidienne était effectuée par kv/kv ou tomographie conique. Le suivi médian était de 27,37 mois (intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] : 20,9–35,4 mois) pour le groupe IMRT, 87,8 mois (IC 95 % : 68,5–106,7 mois) pour le groupe RTC et 45,6 mois (IC95 % : 32,7–55,9 mois) pour le groupe chirurgie. Les taux de survie sans récidive locale à 2 ans et de survie globale à 2 ans étaient de 85,4 % et 89,2 % pour le groupe IMRT, 84 % et 89 % pour le groupe RTC, 90,5 % et 96,4 % pour le groupe chirurgie respectivement, sans différence significative entre les groupes. L'incidence de la toxicité tardive a été évaluée dans le groupe IMRT comparé au groupe RTC selon l'échelle CTCAE v4.3, avec une diminution significative des taux de fibrose cutanée de grade 1–2 (1,4 % contre 6,4 %, p = 0,0062), de dysphagie de grade 1–2 (0 % contre 2,1 %, p = 0,0265), de dysphonie de grade 1–2 (50 % contre 76,6 %, p = 0,0037) et de la toxicité sévère définie par la nécessité de trachéotomie ou de laryngectomie pour larynx radique (0 % contre 8,5 % p = 0,0225). En outre, le taux de dysphonie persistante à 1 an était significativement inférieur pour la radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité comparé à la chirurgie (23,6 % contre 75 %, p < 0,0001). La radiothérapie conformationnelle en technique avec modulation d'intensité permet d'obtenir des résultats équivalents à la technique tridimentionnelle en termes de contrôle local, tout en diminuant de manière significative la toxicité tardive, notamment le risque de trachéotomie pour larynx radique. En outre l'implémentation de la radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité dans cette indication permet de diminuer la dose délivrée aux carotides chez ces patients à haut risque cardiovasculaire. Par ailleurs, le contrôle local est équivalent entre la radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité et la chirurgie. [ABSTRACT FROM AUTHOR]