Le zinc est un micronutriment essentiel pour l'utilisation des macronutriments et la réalisation des multiples fonctions métaboliques, immunitaires et structurales. Sa complémentation doit être systématique lors de la nutrition parentérale (NP). Cependant, l'apport en zinc des solutés de multi-oligoéléments commercialisés ne correspondent pas tous aux recommandations internationales chez les patients présentant une insuffisance intestinale chronique (IIC) (6 à 12 mg/poche). L'objectif principal était d'analyser le statut en zinc chez ces patients et l'objectif secondaire était de rechercher une éventuelle association entre la concentration en zinc et les caractéristiques des patients. Étude rétrospective d'une cohorte de patients avec une IIC sous NP depuis plus de 12 mois, suivis entre janvier 2017 et décembre 2021 dans un centre référent hospitalier tertiaire, sans sepsis au moment du dosage. Dosage du zinc plasmatique réalisé par spectrométrie d'émission atomique avec ionisation par plasma induit (valeurs normales : 7,8–12,38 μmol/L). Une sous-cohorte a été isolée pour l'analyse des objectifs secondaires afin de s'affranchir des biais des données manquantes. L'analyse statistique a été réalisée avec le logiciel SPSS (version 21). Les valeurs sont exprimées en médiane (minimum–maximum) et pourcentage. Comparaison par test t de Student, analyse de corrélation par le coefficient de Pearson et analyse univariée et multivarié. Au total, 166 patients inclus dans l'étude : 92 femmes, âge de 61 (16–89) ans, poids à 59,6 (29–126,4) kg, index de masse corporelle à 21,3 (14,3–48,7) kg/m2. Causes d'IIC : grêle court 74,7 % (principalement de type 1–46,8 %–et d'étiologie ischémique–35,5 %), maladies muqueuses intestinales 11,4 %, pseudo-ostruction intestinale chronique 8,5 % ; 55 stomies hautes. Durée NP de 51 (12–391) mois ; volume de 1750 (625–4500) mL ; calories à 1310 (0–2550) kcal/poche. Les apports en zinc par poche étaient de 0,168 (0,076–0,459) mmol, soit 10,98 mg (comprenant les apports cachés et le soluté d'oligoéléments, dans 94,6 % des cas le NUTRYELT©). Aucun n'a de supplémentation orale en zinc. La concentration plasmatique de zinc était de 14,6 (5,5–54,9) μmol/L, avec 72,3 % des patients ayant une valeur au-dessus de la normale ; seul 1,8 % avait une valeur en dessous du seuil. La sous-cohorte de 92 patients n'était pas différente de la cohorte générale : albuminémie à 33,9 (19,9–43,3) g/L, protéine C réactive à 1,8 (0,2–48,8) mg/L ; calorimétrie à 1318 (813–1954) kcal/j ; HbA1c à 5,1 (4–10,6) %, glycémie à jeun à 5,2 (2,9–14,3) mmol/L ; cuivre à 13,07 (2,52–29,61) μmol/L, céruloplasmine à 0,26 (0,04–0,83) g/L, fer à 12,5 (2,7–29,9) μmol/L, ferritine à 134,5 (1–5218) μg/L, coefficient de saturation de la transferrine à 0,21 (0,04–0,60) % ; volume de selles à 1164 (46–8984) g/j, stéatorrhée à 28,9 (2–173,5) g/j, test D-xylose 0,62 (0,01–1,75) mmol/L, 26,1 % d'entéropathies exsudatives ; débit de filtration glomérulaire à 62 (14–103) mL/min/1,73 m2. Il existe une association positive et significative entre la concentration en zinc et l'âge (p = 0,006), le nombre de perfusions par semaine (p = 0,003) et la supplémentation en zinc hebdomadaire (p = 0,013). Il existait une corrélation négative avec l'apport calorique de la nutrition parentérale (p = 0,007) et la dépense énergétique de repos à la calorimétrie (p = 0,01). En analyse multivariée, seul l'apport hebdomadaire en zinc est significatif (p = 0,001). Plus de 70 % des patients en NP pour IIC présente une zincémie élevée. Cette hyperzincémie est essentiellement liée à l'apport hebdomadaire en zinc de la NP suggérant une dissociation entre les besoins hydriques et/ou caloriques et les besoins en zinc. Les dosages disponibles sur le marché restent insuffisamment adaptés aux besoins hétérogènes de ces patients. Dans ce contexte, comme recommandé, un monitorage des éléments trace doit être réalisé de façon systématique et régulière afin de détecter un déficit ou un surdosage et adapter la complémentation de façon personnalisée. [ABSTRACT FROM AUTHOR]