Saadoun, D., Ghembaza, A., Sarah, T., Girszyn, N., Philip, B., S. P., Grégory, P., Marc, A., Mathilde, L., Thomas, R., Emmanuel, R., Hie, M., Gaëlle, C.R., Abad, S., Stanescu, D., Toutée, A., Gueudry, J., Bron, A., Kodjikian, L., and Vincent, S.
Les uvéites non infectieuses (UNI) sont responsables de plus de 20 % des cécités légales. Bien que l'usage d'immunosuppresseurs en combinaison avec une corticothérapie systémique soit recommandé en cas de corticodépendance, ces traitements n'ont pas réussi à démontrer une rémission durable chez plus de 70 % des patients atteints d'uvéites sévères réfractaires ou récidivantes. Les biothérapies présentent l'avantage d'une action rapide et d'un profil de tolérance satisfaisant. Néanmoins, il n'y a pas d'essais contrôlés randomisés portant directement sur le meilleur agent biologique dans les UNI sévères et réfractaires. Le but de cette étude était de comparer l'efficacité et la tolérance de l'adalimumab, du tocilizumab et de l'anakinra dans le traitement des UNI réfractaires. Il s'agit d'un essai randomisé multicentrique, incluant des patients avec des UNI actives, réfractaires à l'association immunosuppresseurs et corticoïdes dans 27 centres en France. Les patients monophtalmes, ceux avec une uvéite infectieuse ou une uvéite antérieure isolée ont été exclus. Les patients éligibles ont été randomisés selon un rapport de 1:1:1 pour recevoir par voie sous-cutanée et jusqu'à la semaine 16 : soit l'adalimumab (40 mg tous les quinze jours), soit le tocilizumab (162 mg par semaine), soit l'anakinra (100 mg par jour). Tous les patients ont initialement reçu une corticothérapie à une dose de 0,5 mg/kg/j, avec une réduction progressive pour atteindre une dose ≤ 0,1 mg/kg/j à trois mois. Le critère principal d'évaluation était la réponse complète à la semaine 16, définie par le pourcentage de patients présentant une réduction du Haze vitréen d'au moins deux points avec une dose de corticothérapie orale ≤ 0,1 mg/kg/j. Les critères d'évaluation secondaires comprenaient les changements de l'acuité visuelle, de l'œdème maculaire, et de la vascularite rétinienne, ainsi que l'épargne cortisonique et le profil de sécurité aux semaines 4, 8, 12, 16, et 24. Les effets indésirables graves étaient définis par des effets liés aux traitements de l'étude et empêchant les activités quotidiennes. Entre juin 2017 et février 2022, 112 patients ont été randomisés. L'inclusion dans le groupe anakinra (n = 18) a été interrompue en raison de son inefficacité lors des analyses intermédiaires. Au final, 44 patients ont été inclus dans le bras adalimumab, et 50 patients dans le bras tocilizumab. Les principales étiologies des uvéites étaient la choriorétinite de Birdshot (25 %), la sarcoïdose (16 %), et la maladie de Behçet (6 %), tandis que 48 % des uvéites étaient idiopathiques. À la semaine 16, sept (18 %) patients du groupe adalimumab et sept (15 %) patients du groupe tocilizumab présentaient une réduction du Haze vitréen d'au moins deux points avec une dose de corticothérapie orale ≤ 0,1 mg/kg/j. La réduction de l'œdème maculaire à la semaine 16 était supérieure dans le bras tocilizumab que dans le bras adalimumab (79 % versus 56 %, respectivement). L'amélioration de l'acuité visuelle et de la vascularite rétinienne étaient comparables entre les deux bras aux différentes visites. La dose cumulée des corticoïdes à la semaine 16 était similaire dans les deux bras. Au total, 149 effets indésirables non graves, ont été rapportés chez 63 (33,5 %) et 78 (41,5 %) patients sous adalimumab et tocilizumab, respectivement. Les principaux effets indésirables non graves étaient des réactions locales aux injections et des infections. Sept effets indésirables graves ont été enregistrés, dont cinq dans le bras adalimumab, principalement des pneumopathies infectieuses. Au cours des UNI réfractaires, la réduction du Haze vitréen à la semaine 16 était comparable entre l'adalimumab et le tocilizumab. Le tocilizumab permettait un meilleur contrôle de l'œdème maculaire par rapport à l'adalimumab. [ABSTRACT FROM AUTHOR]