Cette communication cherche à établir les apports des discussions et des contributions des membres de la Société Médico-Psychologique (SMP) à l'histoire de la psychiatrie légale en France pendant le siècle qui a suivi sa naissance en 1852. Les discussions du Second Empire et des débuts de la Troisième République sur les aliénés criminels, l'assistance, les aliénés dangereux, les aliénés avec conscience, sont résumées. Des articles de synthèse du milieu du XXe siècle sur la loi de 1838 (Desruelles), la médecine légale psychiatrique (Heuyer), l'évolution de l'assistance de 1789 à 1838 (Bollotte) et de 1838 à 1939 (Demay), sont analysés. Les grandes thématiques de la psychiatrie légale ont été traitées en profondeur à la SMP, sous les angles clinique, juridique et philosophique, dans trois registres : 1̊ l'état dangereux : rapports entre aliénation et criminalité, responsabilité des aliénés délinquants, critères de dangerosité des différentes catégories d'aliénés raisonnants et/ou avec conscience ; 2̊ l'assistance hospitalière et extra-hospitalière : activités des patients, colonies et placements familiaux, prise en compte de la chronicité, puis premiers services ouverts ; 3̊ la loi de 1838 et ses projets de réforme : rôles respectifs des autorités administrative et judiciaire, établissements privés, intégration des services ouverts et des suivis ambulatoires après 1945. Au XIXe siècle, le travail des malades (en général agricole) est mis en avant, avec la notion d'un rendement économique qui fait écran à sa fonction thérapeutique. Les débats occupant plusieurs séances cessent après 1880 de porter sur des thèmes spécifiquement médico-légaux. À la jonction des XIXe et XXe siècles, la prégnance de la dégénérescence, puis des thèses de Cesare Lombroso, éclipsent la philanthropie de la période précédente. Durant les années qui précèdent la guerre de 1914, la question de la responsabilité est traitée dans d'autres enceintes que la SMP. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la mortalité par famine dans les asiles n'est abordée qu'allusivement. Dans le contexte idéologique de l'époque où elles ont été publiées, des contributions décisives ont été apportées entre 1852 et 1946 par la SMP à des questions qui vont structurer jusqu'à nos jours la législation et l'assistance psychiatriques : d'une part, organisation des services hospitaliers, modalités de placement des malades mentaux, ergothérapie, formes de suivis extra-hospitaliers, ébauche d'une organisation sectorielle des soins ; d'autre part, criminologie, dangerosité et responsabilité juridique des patients psychiatriques, expertise mentale. This paper seeks to establish the contribution of the discussions of the Société Médico-Psychologique (SMP) to the history of forensic psychiatry in France during the century following its birth in 1852. We summarize the discussions held during the Second Empire and the beginning of the Third Republic, about the criminally insane, the dangerously insane, the insane with consciousness and about assistance. Synthesis articles published from the middle of the 20th century on the law of 1838 (Desruelles), psychiatric forensic medicine (Heuyer), assistance from 1789 to 1838 (Bollotte) and from 1838 to 1939 (Demay), are analyzed. The principal themes of forensic psychiatry have been treated in depth at the SMP, in their clinical, juridical and philosophical aspects. The paper contains three chapters: (1) dangerous lunatics: the association between insanity and criminality, the responsibility of delinquent insane persons, the criteria of dangerous behavior in "reasoning" lunatics and in lunatics with consciousness; (2) inpatient and outpatient care: patient activities, colonies and family placements, chronicity in asylums, incurable lunatics, and the first open-door services; (3) the law of 1838 and its projects of reform: the respective roles of administrative and judicial authorities, private establishments and religious hospitals, the integration in the law of open-door services and outpatient follow-up after 1945. In the 19th century, the economic value of the patients' work (generally agricultural) was put forth and took precedent, over its therapeutic function. After 1880, the great debates over several months and sessions ceased to deal with specific forensic themes. At the end of the 19th century and the beginning of the 20th, the prevalence of degeneracy and the theses about criminals of the Italian Cesare Lombroso eclipsed the philanthropic concerns of the previous period. During the years just prior to World War I, the theme of responsibility is treated in other forums than by the SMP. After the Second World War, mortality due to starvation in asylums for lunatics was only slightly alluded to. In the ideological context of the period in which they were published, decisive contributions were made between 1852 and 1946 by the SMP in several domains, and which will have a bearing on psychiatric legislation and care up to the present day: on the one hand, the organization of hospital services for the mentally ill patients, occupational therapy, forms of outpatient follow-up care, the beginnings of a sectorial organization of care and ergotherapy in the institutions. On the other hand, criminology, knowledge about dangerous behavior and the responsibility of psychiatric patients, and in forensic expertise. [ABSTRACT FROM AUTHOR]