Résumé Objectifs Dans cet article est décrite l’évolution des soins psychiatriques sur l’actuel territoire de la République de Moldavie, faisant autre fois partie de l’État Moldave, puis province russe de 1812 à 1918, qui appartiendra ensuite à la Roumanie pour devenir soviétique de 1940 à 1991 et qui depuis est devenue République indépendante. Méthodes L’analyse longitudinale et rétrospective, en utilisant les méthodes empiriques et de comparaison des données bibliographiques, statistiques, des documents, des rapports de fonctionnement, de témoignages, a permis une synthèse et une description évolutive des soins psychiatriques en Moldavie. Résultats Suite à l’analyse effectuée, nous avons tracé les étapes du développement de la psychiatrie en Moldavie. Au Moyen Âge, depuis la constitution de l’État Moldave, il y avait une attitude humaniste envers les malades mentaux, l’église chrétienne, qui s’occupait de ces malades, était très tolérante et protectrice envers eux. La deuxième étape commence après l’annexion de la Moldavie à l’Empire Russe en 1812, avec l’ouverture des premiers lits dans des Hôpitaux généraux et l’ouverture en 1895 du premier hôpital psychiatrique, qui est devenu à l’époque, un des plus progressif et moderne parmi les Hôpitaux Psychiatriques de Russie, avec la plus courte durée de séjour, un nombre important des mesures de réhabilitation par le travail, par l’organisation des colonies de malades, par la vie dans la communauté. La même tendance s’est poursuivie pendant la période roumaine, quand ce territoire a retrouvé ses liens culturels et linguistiques, avec un progrès évident dans le traitement des maladies liées à la malnutrition (la pellagre) et une diminution importante du nombre de ces malades. La période soviétique a été marquée par des mouvements contradictoires. D’un côté, un développement important des soins hospitaliers, avec l’ouverture des nouveaux centres hospitaliers, une assurance suffisante de médicaments et des soins de réhabilitation. En même temps, un élargissement important des critères de diagnostic de la schizophrénie qui pouvaient servir de motif d’hospitalisation sous contrainte. Les personnes qui manifestaient des traits paranoïdes, borderline , schizoïdes, étaient hospitalisées avec le diagnostic de schizophrénie légère (lente), ce que sous-entendait un traitement obligatoire. En dehors de cela, un dispositif important de réhabilitation a été mis au service des patients. La période actuelle se caractérise par une ouverture importante de la société concernant les malades psychiques avec la diminution de nombre de lits intra-hospitaliers, l’ouverture des centres communautaires. En même temps, il y a un déficit important de médicaments de dernière génération qui ne sont pas accessibles à la majorité de la population. L’assurance maladie est mise en place depuis quelques années et les patients ont la possibilité de recevoir un minimum de soins. Discussion L’évolution des soins psychiatriques sur l’actuel territoire de la République Moldave, qui est passée en un siècle de temps du régime tsariste au capitalisme roumain, puis au système soviétique pour devenir un pays indépendant avec une aspiration européenne, a connu des changements importants avec un enrichissement des expériences à travers les époques et les régimes. Les bases de la psychiatrie moldave moderne ont été posées par la psychiatrie russe, qui était une continuité de l’école allemande de psychiatrie. Les questions les plus importantes, aujourd’hui, sont liées au futur développement et à la réorganisation de la santé mentale avec l’accent sur les soins ambulatoires et la réhabilitation. Les problèmes majeurs à dépasser sont la stigmatisation et la discrimination du malade mental, le développement des structures sociales, dans un contexte économique et démographique très difficile. Malgré cette situation, le projet de réforme de la santé mentale se développe dans le pays, implémenté par l’Institut Trimbus (Pays Bas), institut de Santé Mentale et des addictions et financé par le Gouvernement Suisse pour la période 2015-2018. Le but du projet est la mise en place du modèle communautaire de santé mentale avec comme objectif une diminution importante de nombre de lits dans les hôpitaux psychiatriques. Conclusion Ce travail nous permet de faire une rétrospective historique de la prise en charge des patients psychiatriques sur l’actuel territoire de la Moldavie, ainsi qu’une présentation de la situation actuelle d’un système de santé mentale en pleine mutation et l’alignement au modèle de psychiatrie communautaire, malgré une situation financière très difficile. Objectives This article describes the development of psychiatric care in the present territory of the Republic of Moldova, which was formerly a part of the Moldavian Principality, and then a Russian province from 1812 to 1918. Afterwards, it belonged to Romania, before becoming a Soviet republic from 1940 to 1991 when it became an independent country. Methods A longitudinal, retrospective analysis, using empirical methods and comparisons of bibliographic and statistical data, documents, activity reports, and evidence, enabled a synthesis and the description of the evolution of psychiatric care in Moldova. Results By way of this analysis, we have delineated the different stages in the development of psychiatry in Moldova. In the Middle Ages, after the establishment of the Moldavian Principality, there was a humanist attitude towards mental patients. The Christian church, which often had the charge of these patients, was tolerant and protective towards them. The second stage started after the annexation of Moldova to the Russian Empire in 1812, the establishment of the first beds in general hospitals, and the opening of the first psychiatric hospital in 1895, which became at the time one of the most progressive and modern among the psychiatric hospitals of Russia, with the shortest duration of hospitalisation, and a large number of rehabilitation measures entailing work projects, patient colonies, and life in the community. This tendency persisted during the Romanian period, when the territory retrieved its cultural and linguistic links, making visible progress in the treatment of patients in the area of malnutrition (pellagra), and achieving a considerable reduction in the number of patients with pellagra. The Soviet period saw contradictory trends. On the one hand, the considerable development of hospital care, as a result of the establishment of new hospital centres, adequate drug supplies and the availability of rehabilitation care. At the same time, there was a considerable broadening of the criteria for schizophrenia diagnosis, which could serve as grounds for coercive hospitalisation. Individuals who displayed paranoid, borderline, schizoid manifestations were hospitalised with a diagnosis of mild schizophrenia, which meant compulsory treatment. In addition to this, far-reaching rehabilitation provisions were developed for the patients. The current period is characterised by a wide receptiveness in society towards psychiatric patients, a significant reduction in inpatients beds and the opening of centres in the community. At the same time, there is a considerable shortage of last-generation drugs which are not available for the majority of the population. A medical insurance system has been in place for several years and patients can receive basic care. Discussion The development of psychiatric care in the present territory of the Republic of Moldova over one century, from the tsarist regime to Romanian capitalism, then to the Soviet system and finally the independent State with European aspirations, has seen significant changes and enriching experiences at all stages and under all regimes. The foundations of the modern Moldavian psychiatry were laid by Russian psychiatry which followed on from the German psychiatric school. At present, the main concerns are related to future development and to the reorganisation of mental health, with particular emphasis on outpatient care and rehabilitation. The main problems to be overcome are the stigmatisation and discrimination of psychic patients, and the need for social structures in a very difficult economic and demographic context. Despite this situation, a mental health reform project is being implemented in the country over the period 2015-2018 by Trimbos Institute (the Netherlands Institute of Mental Health and Addiction), financed by the Swiss Government. The aim of the project is to develop a community mental health model so as to considerably reduce the number of beds in psychiatric hospitals. Conclusion This work provides a retrospective account of psychiatric care in the present territory of the Republic of Moldova, and describes the current situation of the mental health system which is undergoing a process of fundamental change modelled on community psychiatry, despite the very difficult financial situation. [ABSTRACT FROM AUTHOR]