Colson Durand, L., Besnard, C., Hervé, M.L., Fonteneau, G., Filliard, L., Jerroudi, D., Djebbar, L., Debbi, K., Loganadane, G., Corragio, G., Cherif, M.A., Ghith, S., To, N.H., Tang, E., Chomicki, S., Rahmoun, M., Le Bret, C., Bak, A., Foray, N., and Azria, D.
La radiothérapie externe peut être à l'origine de nombreuses toxicités selon les paramètres dosimétriques, les traitements associés ou la radiosensibilité intrinsèque des patients. La revue de morbimortalité est un processus de veille sanitaire visant à détecter, évaluer, rechercher la cause et traiter les toxicités radio-induites. Contrairement à d'autres spécialités, la revue de morbimortalité n'est que rarement implémentée en radiothérapie. L'objectif du projet « Proust » est de faire un état des lieux et de promouvoir l'implémentation homogène des revues de morbimortalité dans les services en France selon un cahier des charges précis et de créer une base de données prospective nationale des données de suivi de la toxicité et leur relation potentielle avec une radiosensibilité intrinsèque accrue démontrée par des tests spécifiques. Suite à des visites sur sites par notre équipe de revue de morbimortalité, une procédure de « revue de morbimortalité idéale » a été rédigée et validée par cinq centres pilotes. Entre octobre 2016 et mars 2020, huit revues de morbimortalité semestrielles ont eu lieu dans notre service, composées au minimum d'un représentant de chaque métier. La déclaration des dossiers en revue de morbimortalité se fait après constatation d'une toxicité de grade supérieur ou égal à 2 (selon l'échelle de toxicité CTC NCI 4), anormale et/ou persistante au-delà de 3 mois. Les expertises sont assurées par un binôme médecin–physicien, n'ayant pas interféré dans la prise en charge initiale du patient. Une conclusion explicite sur la relation potentielle entre la toxicité et une erreur éventuelle dans le processus de prise en charge est exposée lors de la revue de morbimortalité. Dans le projet Proust, la radiosensibilité intrinsèque sera évaluée par l'un des deux tests disponibles développés en France (culture fibroblastique et apoptose lymphocytaire). Entre 2016 et 2020, 74 dossiers ont été présentés en revue de morbimortalité. Les cas de toxicité rapportés étaient en majorité des rectites (27 %), cystites (25,7 %) et toxicité cutanée (17,6 %). La plupart étaient de grade 2 (45,9 %) et de grade 3 (36,5 %), quatre de grade 4 (soit 5,4 %) et trois (soit 4,1 %) de grade 5 (décès). Soixante dossiers ont été clos dès la première revue de morbimortalité (80 %) ; pour la plupart la cause ayant été identifiée et la toxicité prise en charge. Treize patients sur 74 se sont vus présenter un test de radiosensibilité intrinsèque dans la cadre du projet Proust. Une méthodologie rigoureuse d'organisation des revues de morbimortalité est nécessaire afin d'aboutir à une implémentation homogène et massive de ces processus en France, comme pour les comités de retour d'expérience. Dans notre bilan préliminaire, malgré la « sortie » de leur dossier de la revue de morbimortalité du fait de la régression des symptômes il a été possible de rassurer les patients sur l'absence de relation entre la toxicité et une erreur potentielle dans leur prise en charge. Comme pour les 13 malades de notre série, Proust prévoit d'inclure 300 patients qui se verront proposer un test biologique pour évaluer la relation potentielle entre la toxicité inexpliquée par l'expertise du dossier et une radiosensibilité intrinsèque élevée. [ABSTRACT FROM AUTHOR]