Weber, E., Grangeon, F., Rousset, P., Hot, A., Sève, P., Jardel, S., Grange, C., Reynaud, Q., Durieu, I., and Lega, J.C.
Introduction Peu de séries décrivent les infarctus rénaux (IR) et/ou spléniques (IS), des événements rapportés comme rares, mais pour lesquels l’interniste est souvent sollicité en pratique quotidienne [1,2] . Le but de cette étude est d’en comparer leur clinique, leurs causes et leur pronostic. Patients et méthodes Tous les cas consécutifs d’IR et d’IS, identifiés, entre janvier 2013 et décembre 2015, à partir d’une requête de la base de données radiologiques institutionnelles par la recherche de différents mots clés dans les comptes-rendus de scanners du CHU de Lyon ont été inclus, à l’exception des sujets de moins de 18 ans, des infarctus postopératoires après chirurgie abdominale et des infarctus chez des suivis pour une hémopathie. Résultats Cent soixante et un patients ont été inclus : 104 avec un IS, 34 avec un IR, 23 avec un infarctus mixte (IR associé à un IS). L’âge moyen était de 63,2 ans ; 59,6 % étaient des hommes. Parmi les patients, 3,1 % n’avaient aucune comorbidité. La présentation initiale était fruste : douleurs abdominales dans 26,4 % des cas, nausées dans 18,3 % des cas et fièvre dans 16,4 % des cas, sans différence entre les 3 groupes. Un iléus survenait dans 13,6 % des cas avec une différence significative ( p = 0,0003) entre les IR (21,4 %) et les IS (11,8 %). Une pleurésie était présente dans 10,4 % des cas, essentiellement, dans les IR (27,6 %) et les infarctus mixtes (33,3 %) ( p = 0,00002 et 0,00001 versus les IS, respectivement). Parmi les patients, 30,4 % des patients étaient indolores à la prise en charge avec une différence significative ( p = 0,004) entre les IS (40,5 %) et les IR (10,7 %). Quarante-deux accidents artériels (26,1 %) d’un autre territoire et 13 accidents veineux (8,1 %) étaient associés. Les LDH étaient significativement plus élevées dans le groupe des IR ( p = 0,04). Les examens les plus contributifs pour le diagnostic étiologique étaient l’échographie cardiaque transoesophagienne (60,5 %), l’échographie cardiaque transthoracique (20,2 %), les hémocultures (22,2 %) et le holter ECG (14,3 %). Une étiologie était mise en évidence chez 80 % des patients : cardioembolique (29,8 %) dont la fibrillation auriculaire (18,0 %), pathologie infectieuse (19,1 %) dont l’endocardite infectieuse (12,4 %), néoplasie (16,0 %) dont les cancers solides (12,2 %). Dans 25,2 % des cas aucune étiologie n’était retenue. Les néoplasies étaient plus fréquentes ( p = 0,009) en cas d’infarctus mixte (21,7 %). Les causes cardioemboliques (47,1 %), surtout la fibrillation atriale (35,3 %) étaient significativement ( p = 0,01), plus souvent, mises en cause dans les IR. Parmi les autres étiologies (26 %), il y avait significativement plus d’anévrysmes artériels responsables d’IR que d’IS (respectivement 11,8 % et 0 % ; p = 0,03). Parmi les patients, 62,4 % ont reçu un traitement médical seul. Dans 80 % des cas, l’anticoagulation était prolongée. La survie à 1 mois, 3 mois et 1 an était de 77 % (IC 95 % 71–83), 69 % (IC 95 % 62–77) et 56 % (IC 95 % 46–66), sans différence entre les trois groupes ( p = 0,18). Conclusion Les IR et les IS sont des évènements non exceptionnels au CHU de Lyon, avec environ 5 cas par mois, pour un bassin de recrutement de 1–2 millions d’habitants. Ils correspondent à un groupe hétérogène de patients. Les causes sont dominées par les emboles cruoriques ou infectieux. Aussi, le bilan doit systématiquement comporter une échographie cardiaque orientée, un holter ECG et la réalisation d’hémocultures avec recherche spécifique d’endocardite infectieuse. Le pronostic global est sombre du fait des comorbidités et des pathologies responsables de l’infarctus. [ABSTRACT FROM AUTHOR]