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Les mesures britanniques et la politique alimentaire du Ministère Hammarskjöld Les derniers mois de 1914 furent pour la Suède une période de difficultés croissantes pour ses relations commerciales maritimes. Certes l’exportation de minerai de fer avait pu reprendre en mer du Nord vers Anvers et Rotterdam. Cependant les Britanniques élargirent encore par deux fois les listes de contrebande et commencèrent à remplacer la pratique de la visite en haute mer par celle du détournement des bateaux n...

L’impossible dialogue finlandais Depuis l’écrasement des Rouges et l’établissement d’un véritable protectorat allemand la situation en Finlande s’était, en un sens, stabilisée. Le Lantdag s’était réuni à Helsinki le 18 mai, en l’absence des députés sociauxdémocrates, emprisonnés. Svinhufvud fut désigné comme régent dans les prérogatives qui avaient été, naguère, celles du Grand Duc. J.K. Paasikivi, "vieux finnois" et "germanophile modéré" devint le chef du gouvernement avec O. Stenroth aux Af...

Le nouveau gouvernement s’était uni autour du texte de la déclaration ministérielle faite par Edén le 19 octobre. Si cette dernière comportait en bonne place, comme on devait s’y attendre, l’annonce de la réforme électorale, elle touchait très sensiblement à l’orientation de la politique étrangère. Certes, encore une fois, la Suède s’engageait à mener une politique "de stricte neutralité". Mais l’accent serait mis sur la collaboration Scandinave, sur la recherche d’un ordre international et s...

Le Congrès socialiste international de Copenhague (17 et 18 janvier 1915) Attentif, à l’intérieur, au maintien strict de la neutralité suédoise, le S.A.P. restait convaincu qu’une active coopération internationale des partis socialistes pouvait favoriser la cause de la paix. Le Congrès de Copenhague, dont le principe avait été retenu dès l’automne 1914 s’ouvrit effectivement le dimanche 17 janvier 1915. Les délégués suédois étaient Branting et Ström pour le S.A.P., Herman Lindqvist et Ernst S...

Les lendemains de l’accord du 29 mai L’histoire de la politique économique du gouvernement Edén-Branting pendant l’été et l’automne 1918 est celle d’une suite ininterrompue de tensions et de déceptions. L’engagement de politique étrangère, auquel Branting avait tant travaillé, l’accord avec les "puissances de l’Ouest", ne porta pas, en effet, les fruits attendus. Le S.A.P., et Branting tout le premier, méconnurent les mécanismes économiques au point de croire que tout salut pouvait venir rapi...

Le Parti et la guerre Jusqu’en 1904 ni le Parti Social-démocrate, ni d’ailleurs la IIe Internationale ne s’étaient véritablement préoccupés de leur attitude immédiate devant la menace d’un conflit armé en Europe. Dans son programme de 1897, le S.A.P. s’était prononcé pour la suppression des armées permanentes, pour le désarmement progressif et pour le règlement des conflits internationaux par l’arbitrage, reprenant ainsi l’essentiel des résolutions des Congrès de Bruxelles, de Zurich et de Lo...

Les 18 et 19 décembre 1914 eût lieu à Malmö la rencontre des trois rois Scandinaves, Gustave V, Christian X, et Haakon VII (Tre Konungamötet). L’annonce de cette conférence avait été saluée avec une satisfaction particulière par Branting. Selon lui cet événement venait ruiner les rumeurs d’après lesquelles il fallait s’attendre "à des changements dans la conduite suprême de nos affaires en matière de neutralité". A l’origine de ces rumeurs se trouvait très certainement le développement de la ...

Le Parti et la grève générale Le 2 février, Erik Hedén publiait dans "Stormklockan" un article retentissant intitulé "Prêt pour la grève générale" (klart till storstrejken). Hedén était alors toujours membre de la rédaction du Socialdemokraten, et il était assez significatif du durcissement des relations entre la majorité et l’opposition qu’il publiât son article dans un journal dont, par ailleurs, il était loin d’approuver totalement la politique. Il n’avait pas fait siens le pacifisme et l’...

Le Parti face aux initiatives de paix L’offre de paix allemande du 12 décembre 1916, si elle visa d’abord à "désunir" les adversaires de l’Entente eut aussi pour but de faire impression sur les neutres. Mais cette démarche "à la fois pompeuse et menaçante fut instantanément condamnée par Branting : l’Allemagne qui occupait une partie du sol de la France et de la Russie, qui avait la Belgique, la Serbie, la Pologne et la Roumanie "dans la poche" voulait négocier "en position de force". Il y av...

Comme tous les neutres, la Suède dut faire son choix entre la paix et la guerre. Ce choix résulta évidemment largement du rapport des forces politiques en présence dans le pays. Le Ministère responsable apparaissait comme la délégation d’une minorité et le Parlement eût pu lui couper les vivres pour peu que les libéraux y eussent consenti. Le pouvoir manqua d’unité, Hammarskjöld et Wallenberg représentant deux sensibilités, deux visions du monde, deux politiques. Il y avait aussi le roi et le...

Le S.A.P. et la situation extérieure de la Suède à l’heure de l’offensive allemande à l’Est L’histoire de l’activisme suédois en 1915-1916 n’a pas été écrite, et on peut se demander si elle le sera jamais. Les historiens suédois, pour la plupart, n’ont cessé de répéter que l’activisme avait été le fait d’une minorité, ce qui est indéniable, et que le péril réel encouru par le pays avait été négligeable, ce qui est plus douteux. Si on entend par activisme l’action, ouverte ou occulte, de ceux ...

Première réunion du Comité de Coopération des Mouvements Ouvriers Scandinaves (10-11 octobre 1914) En septembre 1914, lors de la visite à Stockholm des représentants du parti Social-démocrate russe, A. Tsenkely avait proposé la réunion d’une Conférence des partis sociauxdémocrates des États neutres pour que "des pressions morales soient exercées sur la majorité du parti allemand afin qu’il n’oublie pas ses responsabilités internationales". Branting avait répondu que son parti ferait tout le p...

Le Parti Social-démocrate devient le premier Parti de la Seconde Chambre Gardien de la neutralité et de l’indépendance nationale, pacifiste et patriote, défiant à l’égard des partis bourgeois mais partisan de la défense et de l’unité nationales, le Parti Social-démocrate ne risquait-il pas d’être la victime de ces apparentes contradictions ? Quand s’ouvrit la période électorale, au début de septembre, beaucoup pensaient que la droite verrait confirmer son succès du scrutin extraordinaire de m...

Le S.A.P. à l’automne 1917 Après 28 ans d’opposition le S.A.P. était donc désormais un Parti de gouvernement Branting jadis emprisonné à Långholmen était maintenant, à la table du Conseil des Ministres, le Conseiller du Roi. La progression du Parti dans l’opinion et dans l’électorat n’avait été que peu freinée par la sécession de son aile gauche. Alors que les leaders de cette dernière avaient cru qu’ils entraîneraient vers le nouveau Parti environ 40 000 adhérents, le Comité Directeur du S.A...

Au lieu de reprendre ici systématiquement les conclusions déjà dégagées, nous nous efforcerons plutôt de souligner la signification de la guerre pour le développement du Parti et celle du Parti pour les relations du pays avec le monde extérieur. Avant 1914 le S.A.P. ne comptait pas dans la politique nationale. En 1918 il était devenu tout, ou presque. Cette formule volontairement simplificatrice ne trahit cependant pas la réalité historique. Les années de guerre ont été incontestablement les ...

Le Parti social démocrate et les origines de la neutralité suédoise Pour définir la situation internationale de la Suède à la veille de la première guerre mondiale, et replacer le Parti social-démocrate dans l’évolution dont elle était le terme provisoire, il faut nécessairement rappeler que, naguère toute bruissante d’armes, la Suède traversait depuis 1814 un siècle de paix absolue. L’Europe des conflits et des impérialismes nationaux avait cessé de compter avec elle. L’histoire glorieuse du...

Depuis le début d’octobre l’évolution politique de l’Allemagne était suivie par les sociaux-démocrates avec une attention soutenue. L’Empereur Guillaume était "sur le chemin de Canossa" et bien qu’il eût "encore une longue route à parcourir", l’Allemagne était irréversiblement en marche vers la démocratie. Branting observait que le nouveau chancelier, Max de Bade, avait tendance à "rejeter les fautes sur les autres" et que ses déclarations "manquaient de netteté" quand il s’agissait du droit ...

Le moment où Branting s’embarquait à Bergen pour l’Angleterre, à la recherche du fil d’Ariane de la réconciliation entre Allemands, Français et Britanniques, était aussi celui, à peu de jours près, où les trois gouvernements Scandinaves semblaient encore croire possible une initiative de paix des États neutres. Pendant plusieurs jours, d’ailleurs, ce départ resta incertain : malgré les passeports, la puissante Fédération des marins de Grande-Bretagne s’opposait à la venue des deux leaders du ...

L’histoire de la Suède, même dans sa période contemporaine, reste délaissée de la recherche historique française Sans doute n’est-ce qu’une manifestation particulière de "l’inexplicable indifférence" de notre école historique à se hasarder vers l’étude de l’histoire étrangère. Dans le cas suédois, il est vrai, la difficulté d’une langue peu pratiquée constitue un obstacle sérieux pour l’historien français. Cependant, quelles qu’en soient au demeurant les raisons, ce dédain pour l’histoire sué...

Un Congrès "imprévisible" Ce dernier se tient à Stockholm du 23 novembre au 1er décembre 1914 et réunit 178 délégués, dans une "atmosphère chargée". Le discours d’ouverture de Branting annonçait déjà le conflit et le règlement de comptes entre les tendances. Il posait d’entrée de jeu les deux problèmes sur lesquels l’essentiel du débat allait porter : la Défense nationale "pour laquelle le groupe parlementaire avait formulé une proposition positive" et la collaboration démocratique "avec les ...

Les débuts de la "Conférence Socialiste Internationale de Stockholm" Les succès de la révolution russe avaient donné un regain d’actualité aux projets déjà anciens de rassemblement général de l’Internationale, et, alors que le gouvernement suédois songeait à nouveau à une Conférence des États neutres, une initiative fut prise pour faire se retrouver les socialistes de la IIème Internationale, qu’ils appartinssent à des pays neutres ou à des pays belligérants. Cette initiative devait être cell...

4) Carte de la GalicieExtraite de : Physisch-politische Karte aller oesterreichischen Kronlaender für Schulenbearbeitet von Prof. Const. DESJARDINS in Wien (années 50)Échelle réduite de 1 : 2 300 000 (environ) Si la noblesse historique, expression du conservatisme bohême, joue un rôle important dans les affaires du roýaume de Saint-Wenceslas, il ne peut être pour autant parlé à son sujet de suprématie. Le mot s’applique en revanche aux conservateurs polonais de Galicie. Ceux-ci domin...

Dans l’histoire du conservatisme autrichien, la réflexion sur la question sociale à la fin des années soixante-dix et durant la décennie suivante occupe une place importante. Même si certains ne reconnaissent pas cet enfant, elle compte parmi les sources du christianisme social de la fin du siècle. Elle représente d’autre part une contribution notable aux recherches qui aboutissent à l’encýclique Rerum Novarum. Ces premières constatations mettent en lumière une donnée fondamentale. Procédant ...

L’histoire, mais aussi les structures économiques et sociales de la Monarchie, l’empreinte encore très forte des valeurs aristocratiques sur la société appelaient la noblesse à jouer un rôle de premier plan dans la formation du courant politique conservateur. Et pourtant, plusieurs témoignages recueillis dans les rangs mêmes de la noblesse mettent en doute ses capacités politiques. C’est d’abord le prince Félix Schwarzenberg écrivant à Metternich : « nous n’avons pas d’aristocratie politiquem...

Lorsqu’il a été arrêté que cette thèse de doctorat d’État serait consacrée à l’étude des fondements du conservatisme autrichien de 1859 à 1879, nul doute que notre choix n’ait été guidé par le sujet de la thèse de troisième cýcle, « Albert Schäffle et le fédéralisme », sur lequel nous venions de travailler pendant trois ans. Les années passées à Vienne par l’économiste souabe comptent en effet parmi les plus importantes de sa vie puisque c’est en Autriche qu’il connaît le sommet de sa carrièr...

« Je suis désolé. Les Etats-Unis sont le leader du monde libre et, sous cette Administration, nous recommençons à agir en tant que tels. »George Bush, lors de son voyage en Europe en août 1982. 1980 avait vu l’Administration Carter sonner le tocsin. L’équipe qui lui succédait arrivait dans un état d’esprit proche de celui des croisés, persuadée qu’elle seule pourrait engendrer la « Renaissance » nationale que la montée des périls requérait. Bref, les inflexions que Carter avait, dès 1980, lar...

Dans l’histoire du conservatisme autrichien, la période 1859-1879 marque un tournant. Ces années sont celles où, conséquence de l’entrée de l’Autriche dans l’ère constitutionnelle et en réaction au libéralisme alors triomphant, il s’affirme comme une force politique autonome et entreprend de s’organiser. Cet effort d’organisation est cependant en partie entravé par le pluralisme inhérent au courant conservateur. Ce pluralisme est d’abord celui des sources qui l’irriguent. Si son procès fait p...

Réponse des forces de tradition aux défis qui leur sont lancés par les mouvements de fond du XIXe siècle, le conservatisme revêt en Autriche des formes originales qui tiennent à la spécificité de l’ensemble habsbourgeois. Centré sur vingt années cruciales (1859-1879), le livre de Jean-Paul Bled en propose une analyse globale comme phénomène à la fois idéologique, politique et sociologique. A l’étude des forces sur lesquelles s’appuie le conservatisme (Église, noblesse, armée) succède un examen des différents débats auxquels il est confronté durant la période (organisation interne de la Monarchie, formation des consciences nationales, question sociale, place de l’Autriche en Europe). Si des tendances de fond se dégagent autour de la défense du fédéralisme historique et du catholicisme, le conservatisme reflète aussi, dans ses composantes idéologiques comme ses expressions politiques, le pluralisme aussi bien territorial que national de l’ensemble hasbourgeois. Cette diversité est illustrée par l’étude de trois cas de conservatisme, en Bohême, au Tyrol et en Galicie. Mais, par-delà sa spécificité, le conservatisme autrichien fait partie d’un phénomène plus vaste, comme le soulignent ses liens avec les autres conservatismes d’inspiration catholique en Europe. Les relations des conservateurs sociaux autrichiens avec l’ OEuvre des Cercles du comte de Mun et du marquis de la Tour du Pin et leur participation à l’élaboration de l’Encyclique Rerum Novarum en sont une démonstration.

La défense du rang de l’Autriche en Europe figure parmi les soucis prioritaires des conservateurs. Les positions qu’ils occupaient traditionnellement dans la Diplomatie et dans l’Armée les ý prédisposaient. Metternich leur avait également appris que tout ébranlement de l’équilibre européen, toute crise sur le continent propageait une onde qui, du fait de sa situation géographique, mais aussi de sa fragilité liée à son pluralisme politique et ethnique trouvait une résonance en Autriche. La con...

S’interroger sur l’influence du courant conservateur dans la vie politique conduit à poser la question de sa structure organisationnelle. Il va de soi que les diverses forces conservatrices ne peuvent avoir le même niveau de participation au combat politique. Leur statut interdit aux officiers de s’engager directement dans les luttes partisanes. Pour leur part, les évêques restent en dehors des partis conservateurs même quand ils en encouragent la formation et entretiennent avec eux des rappo...

« Je ne sais si l’année 1973 sera l’« Année de l’Europe » mais je suis sûr que, pendant l’année 1973, le problème de la défense de l’Europe sera à l’arrière-plan de toutes les discussions... et peut-être même passera-t-il à l’avant-scène. » Michel Jobert, le 19 juin, devant les députés français. Kissinger se dirait volontiers abasourdi par la virulence du débat que l’« Année de l’Europe » allait déchaîner. A l’écouter, il aurait d’ailleurs envisagé d’abandonner dès la fin mai : seul Nixon, en...

« La réunion organisée à Rambouillet par le Président Giscard d’Estaing s’est avérée, à l’usage, plus importante qu’un sommet économique : nous y voyons le début d’un processus qui permettra aux démocraties d’appliquer leurs valeurs politiques et morales à la solution de leurs problèmes et à celle des questions d’ordre général. » J.G. Loewenstein, adjoint au sous-secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, en 1976. En décembre 1975, dans un discours qui eût dû rester secret, Kissinger confiai...

1) Carte politique de l’Autriche-HongrieExtraite de : Richters Schulatlas, Vienne, 1910Échelle réduite à 1 : 6 000 000 (environ) Inséparable du phénomène joséphiste, pris dans ses différents aspects, politiques, religieux, sociaux, l’émergence d’un courant conservateur en Autriche précède la Révolution française. Sans doute est-il possible de lui trouver des origines encore plus lointaines. Ainsi l’opposition, souvent vigoureuse, des diètes à la politique de centralisation des Habsbo...

« Désormais, les choses resteront en suspens avant qu’on sache si l’offre faite par la France d’instituer la coopération de l’Ancien Monde déchiré aura été, pour l’Histoire, ’quelque armada sombrée à l’éternel mensonge’, ou bien, pour l’avenir, un bel espoir élevé sur les flots ? » Charles de Gaulle. « Du jour où je me suis occupé des affaires publiques, j’ai compris que l’égalité était absolument essentielle dans les rapports entre les peuples comme entre les hommes. » Jean Monnet. 1983 eût ...

Se référant à certaines de ses caractéristiques dominantes, une organisation hiérarchisée, le respect du réglement, le devoir d’obéissance, Johann Christoph Allmaýer-Beck prête à l’institution militaire un conservatisme structurel. Mais, dans le cas de l’armée autrichienne, s’ajoutent des raisons qui lui sont propres. Quand le néo-absolutisme s’acheve, elle apparaît à la fois comme l’instrument de la Contre-Révolution et le rempart de la Légitimité. Ces traits sont fixés avant même 1848. De f...

« La guerre du Moyen-Orient et ses suites fournirent ’une étude de cas’ des maux dont les relations atlantiques étaient affligées. Le pouvoir hégémonique comme l’intimité de l’U.R.S.S. et des Etats-Unis apparurent évidents, de façon dramatique, comme l’impuissance européenne. La consultation au sein de l’OTAN fut oubliée au plus fort de la crise et les Européens démontrèrent que les effets marginaux de l’impuissance étaient une politique d’apaisement à l’égard des producteurs de pétrole... » ...

« L’Iran, l’Afghanistan et l’Amérique centrale, à côté des problèmes soulevés par les relations Est-Ouest en Europe, devinrent l’objet de débats, voire de querelles entre nous-mêmes et nos alliés... Les tensions étaient importantes et elles semblent encore durer. » Brzezinski en 1983. Rarement tournant aura été aussi étroitement identifié à une année. Fin 1979, l’invasion soviétique de l’Afghanistan provoque chez les Américains un indéniable durcissement. Fin 1980, la fin de la détente est sa...

1973, l’« Année de l’Europe ». 1983, l’« Année des euromissiles ». Les deux dates délimitent une décennie cruciale pour l’Alliance atlanti­que. En 1973, elle tente de s’adapter aux changements profonds inter­venus depuis sa création. Mais doit-elle le taire selon la vision de Henry Kissinger ou celle de Michel Jobert ? Le débat est à peine entamé que le premier « choc » pétrolier détourne les démocraties vers d’autres prio­rités. Renforcée par l’esquisse d’une coopération trilatérale, leur solida­rité n’en est pas moins ébranlée par le retour des problèmes militaires et par leurs divergences sur la détente. Aussi, loin de les rapprocher, l’invasion de l’Afghanistan tend-elle plutôt à les diviser. En 1983, les grandes querelles se sont un peu apaisées et les Pershing-II et les mis­siles de croisière américaine ont pu être déployés. Mais rien n’est vrai­ment réglé. Et l’histoire de l’Occident est encore dominée par toutes sor­tes d’incertitudes (sur le leadership d’une Amérique en déclin relatif, sur la place de l’Allemagne, sur la stratégie atomique) apparues ou renfor­cées au cours de ces dix années. Fondé sur le dépouillement des principales sources disponibles et sur plusieurs dizaines d’interviews (dont une grande partie réalisée lors d’un séjour, en juillet 1983, au Wilson Center de Washington), cet ouvrage recourt à une approche historique pour éclairer l’actualité.

Que François-Joseph soit un souverain conservateur ne paraît pas devoir faire problème. On serait tenté dans un premier mouvement d’estimer qu’il s’agit là d’une évidence. Ne répond-il pas à la vocation de l’Autriche d’être une puissance conservatrice ? La tradition de leur Maison ne veut-elle pas que les Habsbourg mènent une politique conforme à cette vocation ? On se souvient d’autre part que, recevant Théodore Roosevelt, au début de ce siècle, FrançoisJoseph se décrit lui-même comme « le d...

Le débat sur l’organisation constitutionnelle de la Monarchie est le premier qui sollicite l’engagement des conservateurs. Ces années marquent un tournant décisif puisqu’elles voient l’Autriche entrer dans l’ère constitutionnelle. Mais cette mutation ne se fait ni sans douleurs ni sans tâtonnements. Fertiles en événements et en rebondissements, secouées par des changements de caps brutaux, ces deux décennies ne connaissent pas moins de cinq temps forts. Mettant un point final à la période du ...

« 1973 est l’année de l’Europe parce que l’ère façonnée par les décisions prises il y a une génération arrive à son terme. » Henry Kissinger, le 23 avril 1973. Ce 23 avril 1973, rien n’avait été négligé pour donner à l’événement une pleine solennité. L’occasion d’abord : le déjeuner annuel de l’Associated Press au Waldorf Astoria de New York offrait à l’orateur une audience rêvée, celle d’une foule de propriétaires de journaux, responsables de stations et réseaux de télévision et d’é...

3) Carte du Týrol (nationalités et langues)Extraite de : HINCKMANNS Taschenatlas von Österreich-Ungarn (1909)Échelle réduite de 1 : 2 000 000 (environ) Le conservatisme týrolien se présente comme l’archétýpe du conservatisme d’inspiration catholique dans les paýs alpins. Avant même que le courant conservateur ait commencé de s’organiser en Haut-Autriche et en Stýrie, il s’affirme comme la force politique dominante au TýroL Plus encore, il n’est pas dans la Monarchie de province où le...

« A l’ère atomique, les alliances sont naturellement faibles » Cyrus Sulzberger Un quart de siècle après, les choses avaient changé. De toute évidence, au début des années 1970, les vieilles bases de l’Alliance s’étaient affaissées et les nouveaux étais qui lui avaient été à la hâte substitués n’étaient pas aussi solides que ses fondations passées. La lente détérioration de l’ordre qu’elle avait construit puis préservé procédait paradoxalement de son succès mais aussi de son incapacité à en m...

L’ère libérale met en évidence la relation étroite qui unit le conservatisme au catholicisme. Sans doute l’engagement politique des conservateurs ne se réduit-il pas à la seule défense des intérêts catholiques. La mobilisation de la noblesse historique pour la reconnaissance du droit d’État de Bohême, la défense de l’autonomie de la Galicie par les conservateurs polonais n’ont pas de soubassement proprement religieux. Il arrive également que les conservateurs se cherchent des alliés en dehors...

« Nous voulions donner une portée nouvelle aux relations atlantiques, tandis que nos alliés accordaient la priorité à la construction d’une Europe unie. » Henry Kissinger dans ses Mémoires, « Le 23 avril dernier, M. Kissinger annonçait que l’année 1973 serait l’année de l’Europe... Elle risque plutôt de finir comme année des Arabes. » Le président de l’Assemblée parlementaire européenne, au sortir d’un entretien avec Georges Pompidou, le 4 décembre 1973. Lancée en avril 1973, 1’« Ann...

« Les relations entre l’Europe et l’Amérique du Nord, alias l’Alliance atlantique, sont dans les premiers stades de ce qui pourrait être une maladie fatale ». The Economist, le 6 juin 1981 « L’humanité est au bord de l’effondrement du système économique mondial et risque l’anéantissement par la guerre nucléaire. » Indira Gandhi, le 7 mars 1983, devant la conférence des pays non-alignés. « Le déplacement du centre de gravité de la politique étrangère américaine – traditionnellement les relatio...

« Aucun grand projet n’a donné lieu à une chorégraphie plus frénétique que notre Année de l’Europe. Malheureusement, la plupart des figures furent des pas de clercs. »Kissinger dans ses Mémoires. Le 23 avril, Kissinger avait proposé l’élaboration d’une Charte atlantique à ses alliés. Accueillie sans enthousiasme par ces derniers, la proposition était encore restée sinon sans écho du moins sans réponse à la fin de l’été. Le 30 juillet, le Président avait exprimé sa « stupéfaction » au chanceli...

« Pour ce qui est de vous, en Europe et au Japon, j’espère que vous allez coopérer les uns avec les autres. Pour certaines choses, c’est très bien de se quereller et de chipoter, mais ce qu’il faut, c’est coopérer sur les questions fondamentales. » Mao à Kissinger, début 1973. « L’URSS a le choix entre la confrontation et la coopération. Les Etats-Unis sont prêts pour les deux éventualités. » Carter, devant l’Académie navale d’Annapolis, le 7 juin 1978. En 1974, l’ordre néo-libéral é...

« Deux guerres mondiales en moins d’un demi-siècle nous ont donné une leçon d’histoire. L’expérience nous a appris que le contrôle de l’Europe par une seule puissance, agressive et inamicale, constituerait une menace intolérable pour la sécurité nationale des Etats-Unis. » Dean Acheson en mars 1949. « Dans de nombreux domaines, les solutions ’atlantiques’, pour être viables, doivent comprendre le Japon ». Le discours du 23 avril resterait, entre autres, célèbre pour cette suggestion qui conna...

2) Carte de la Bohême (nationalités et langues)Extraite de : HINCKMANNS Taschenatlas von Österreich-Ungam (1909)Échelle réduite de 1 : 2 000 000 (environ) Le concept de « noblesse historique » apparaît au début des années soixante quand, devant l’instauration d’un régime constitutionnel centraliste en Autriche, la noblesse de Bohême se partage entre deux courants antagonistes. Aux nobles apportant leur appui à la Constitution s’oppose la « noblesse historique » qui se fixe pour objec...