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Selon les estimations du Cirad, la production mondiale de bananes (dessert et plantain) s'élève à 107 millions de tonnes dont 50% de bananes desserts. C'est la première production fruitière mondiale devant les agrumes (100 millions), le raisin (67 millions) ou la pomme (61 millions). Récoltée toute l'année, la banane constitue un aliment de base pour plus de 400 millions de personnes. Deux types de banane sont à distinguer: les bananes qui se consomment à l'état frais, dites desserts (57% de la production), et les bananes consommées cuites, dites à cuire (43%). Les échanges internationaux de bananes sont en très grande majorité constitués de bananes desserts issus du groupe variétal Cavendish. C'est d'ailleurs un cas unique dans le monde des fruits et légumes. La segmentation variétale est nulle pour les quelque 14 millions de tonnes de bananes desserts échangées dans le monde. Côté banane à cuire, la variabilité est plus forte. Même si l'on englobe l'ensemble des bananes à cuire sous le vocable plantain, ce type de fruit est généralement consommé par des groupes ethniques très exigeants quant aux variétés qui leur sont proposées. Pourtant, même si ce commerce est en progression, les volumes échangés sont encore restreints.

La crise du début du siècle semble maintenant surmontée. L'indice de l'Organisation Internationale du Café (OIC) a terminé l'année 2006 à 108 cents par livre, soit près de 96 cents sur l'année, en hausse de 7% sur l'année précédente. On est encore loin du pic de 134 cents d'il y a dix ans, mais tout de même à un niveau plus de deux fois supérieur à celui de l'horrible année 2001 qui avait vu le marché s'effondrer. L'évolution du marché depuis trente ans suggère hélas que, année après année, cycle après cycle, les creux sont chaque fois un peu plus profonds, et les pics de plus en plus émoussés.

L'indice composite des prix du café fourni par l'Organisation Internationale du Café (ICO) s'est maintenu tout au long du premier semestre 2005 dans la fourchette des $ 95-105 cents par livre, avant de dégringoler de 20 points durant la seconde partie de l'année en raison d'une récolte brésilienne plus ample que prévu. Les premières estimations de la production brésilienne 2006-2007 ont été publiées en décembre 2005. La CONAB a ainsi annoncé une production située dans la fourchette des 40,4-43,6 millions de sacs, répartie pour trois quarts en arabica et un quart en robusta. Un tel niveau permettrait tout juste de satisfaire les exportations et la demande intérieure, sans parvenir à gonfler durablement les stocks. Aussi, les cours en début d'année 2006 reprenaient-ils de la vigueur, après avoir atteint en moyenne le niveau très honorable de 90 cents par livre en 2005 - en hausse de 50% sur l'année précédente. L'embellie en somme se prolonge, mais la crainte de surplus rend la reprise extrêmement fragile.

Le commerce mondial de la banane dessert est estimé à 14 millions de tonnes, pour un chiffre d'affaires à l'exportation de plus de 4 milliards d'euros. Sur les quarante dernières années, les exportations ont été multipliées par 3,5. En Europe comme aux États-Unis, la banane est dans le trio de tête des fruits les plus consommés avec les pommes et les agrumes. La croissance du marché a été de 7% par an entre 1985 et 1995, mais a ralenti ces dernières années. Ces bananes dessert consommées comme fruit représentent 56% de la production mondiale de bananes (100 millions de tonnes), les 44% restants, constitués de 18% de bananes plantains et de 26% de bananes à cuire, étant essentiellement autoconsommés.

La fin des accords régissant l'organisation des marchés internationaux de produits de base ou "accords produits" est survenue durant les deux dernières décennies du siècle passé. Elle a été concomitante de l'intégration de l'agriculture dans le mandat de l'OMC. Elle marque surtout la fermeture d'une longue parenthèse, ouverte en 1947 avec le GATT, qui octroie à l'agriculture un statut dérogatoire dans la libéralisation des échanges. Nous sommes passés ces vingt dernières années d'un interventionnisme concerté, plurilatéral et organisé par produits à une libéralisation multilatérale qui ne distingue pas les "commodités" si l'on excepte la bizarrerie de l'initiative coton à l'OMC. Les accords ont bel et bien vécu et pourtant les problèmes qu'ils étaient censés réglés persistent - fluctuations des cours et des revenus tirés de leur exportation, dégradation des termes de l'échange, exposition des économies exportatrices à une instabilité accrue du PIB, pour ne citer que les plus connus. De surcroît, de nouveaux problèmes surgissent - ainsi du financement des conflits, comme le démontre en 2005 l'exemple de la filière ivoirienne du cacao. On s'attend alors à ce que la communauté internationale conserve un oeil sourcilleux sur ces "commodités" qui font la fortune de quelques chanceux et la ruine de millions de petits producteurs dès lors que les cours vacillent. Or la Banque Mondiale, la Cnuced, la FAO aujourd'hui ne traitent plus des produits de base en tant que tels. Seule une organisation les mentionne dans ses tablettes. Il s'agit de l'OMC. Un paragraphe traitant des "questions concernant les produits de base" apparaît dans le projet de texte ministériel proposé par le président du conseil général et le Directeur Général de l'OMC quelques semaines avant Hong-Kong. Sa lecture est instructive, nous reproduisons le paragraphe. Il sonne, par son indigence, comme une deuxième fois le glas des produits de base dans l'organisation des relations internationales.

Le marché du café reprend un peu de vigueur mais la secousse a été rude. L'indicateur composite de l'ICO termine l'année 2004 à 77 cents américains la livre, pour une moyenne annuelle de 62 cents, soit une hausse de 20% sur l'année précédente et de plus de 36% par rapport à l'annus horribilis que fut 2001, année durant laquelle l'indice passa sous les 42 cents, du jamais vu depuis trente ans. Si l'arabica semble provisoirement tiré d'affaire, le robusta reste en plein marasme. Alors que les cours à terme de l'arabica à New York grimpaient une marche en prenant 40% durant le dernier trimestre 2004 pour dépasser les 100 cents la livre durant le mois de décembre, la cotation à Londres du robusta était désespérément stationnaire, entre 30 et 35 cents la livre tout au long de l'année. Le marché de l'arabica s'organise, la demande de produits différentiés ouvre des perspectives de croissance que le marché intègre dans ses prix aujourd'hui; le robusta est quelque peu oublié, cantonné aux solubles, il n'intéresse pas grand monde et semble tant bien que mal fonctionner selon l'avis des transformateurs, contre celui des producteurs qui peinent à s'organiser.

Environ 100 millions de tonnes de bananes sont produites annuellement dont 67 à 70 millions pour la banane dessert (à opposer à la banane plantain ou à cuire). Les trois-quarts de la production viennent de 10 pays. L'Inde, le Brésil, la Chine et l'Equateur représentent la moitié du potentiel mondial. En revanche, la carte des exportations mondiales est différente : l'Equateur, le Costa Rica, les Philippines, la Colombie et le Guatemala assurent la majorité des échanges mondiaux, soit 14,7 millions de tonnes et 70% des exportations mondiales de bananes. Les importations mondiales se répartissent entre l'Union Européenne élargie à 25 et les Etats-Unis/Canada pour 4,5 millions de tonnes consommées chacun, le Japon (1 million) et l'ex-URSS (moins d'un million). Depuis plus d'une décennie, les traits communs au marché international bananier sont la perpétuelle réforme de l'Organisation Commune des Marchés de la Banane (OCMB) qui prévôt dans l'UE, le déséquilibre entre offre et demande et, sa résultante, la très forte variation du prix international. La prochaine étape devrait intervenir au 1er janvier 2006, comme convenu lors des accords de 2001. Avant cela, un rendez-vous important est programmé : l'élargissement de l'Union Européenne à dix nouveaux Etats membres le 1er mai 2004. Les soixante millions d'Européens de l'Est consomment de la banane à bas prix, importée des zones de production dollar, sans droits de douane, ni restriction de volume. C'est exactement l'inverse pour l'Union Européenne à 15. L'accord de 2001 stipule que d'ici 2006, l'Union Européenne devra démanteler son système de gestion du marché via des droits de douane différenciés et des contingents, au profit d'une organisation basée uniquement sur le droit de douane, ou système tarifaire (" tariff only "). Un autre sujet préoccupant est le déséquilibre structurel du marché mondial. Depuis 2002, les prix sur le marché international sont bas. Au niveau de l'Union Européenne, le flux de banane semble, avant élargissement, d'ores et déjà trop important pour maintenir des prix élevés. La morosité est de mise au niveau du marché mondial, la production est bonne, le seul espoir de relance serait une réduction providentielle des disponibilités mondiales ou d'hypothétiques plan de relance de la consommation sur les marchés européens et américains, ce qui reste incertain en 2004

Les exportations mondiales de bananes dessert sont de l'ordre de 12 millions de tonnes pour une production de 95 millions de tonnes, toutes variétés confondues. L'offre mondiale est concentrée, pour les deux tiers, dans les pays latino-américains (Equateur, Costa Rica, Colombie, Guatemala, Panama), suivi des Philippines, des pays ACP (Cameroun, Côte d'Ivoire et Caraïbes), et des pays de l'Union Européenne (Canaries, Guadeloupe, Martinique, Madère). Trois pays (Union européenne, Etats-Unis et Japon) s'adjugent 70% des importations. Le marché bananier de l'union Européenne est encadré depuis 1993 par une Organisation Commune des Marchés de la Banane (OCMB). Ce système a été très contesté par les pays du nord de l'Europe et par les Etats-Unis et l'Equateur, d'où une quatrième réforme en dix ans de l'OCMB et qui est entrée en vigueur le 1er juillet 2001 et dans sa totalité le 1er janvier 2002. Trois contingents tarifaires ont été déterminés : les deux premiers dédiés aux bananes dollar et le troisième aux bananes ACP. L'accord américano-européen a prévu l'instauration au 1er janvier 2006 dans l'Union Européenne d'un système de tarification simple. Les perspectives d'ouverture du marché et d'élargissement de l'Union Européenne à dix nouveaux membres à partir de 2004 doivent se replacer dans un contexte de baisse structurelle des prix à l'importation et d'une relative stagnation de la consommation

Libéralisation des échanges et redistribution des richesses font l'objet de ce chapitre où sont analysées les inégalités internationales (en défaveur des pays les plus pauvres) dans l'accès aux marchés agricoles et dans les soutiens publics, l'inégalité également dans l'exposition aux risques, plus importante pour les agricultures du Sud. Le chapitre conclut que s'il faut définir des instruments efficaces pour leur réduction, un diagnostic régulier est indispensables pour prendre la mesure de l'évolution de ces inégalités et distinguer des priorités. Pour cela, négocier, discuter, se concerter pourrait-il amener à la création d'une gouvernance internationale à vocation redistributive capable d'organiser une action collective internationale de réduction des inégalités prioritaires

L'année 1997 est marquée par la mise en place et la renégociation des accords internationaux sur le commerce des produits tropicaux. De tous les accords en cours, seul celui portant sur le caoutchouc naturel survit encore. Quant au fonds commun, il s'est perdu dans les méandres administratifs onusiens. Du coté européen, l'OMC pose des problèmes avec le difficile règlement de la question bananière. Les négociations en vue du renouvellement de la convention de Lomé ont été mises en route. Sur le plan commercial, on note une remontée du marché du sucre des abysses qui furent les siens dans les années quatre-vingt. En terme de production, les principaux reculs sont à mettre au compte de l'ex-URSS, de l'Inde et dans certains pays affectés par El Nino. Le prix du café a connu une envolée puisqu'il est passé du simple au double pour les arabicas doux. Le bilan de la production est redevenu excédentaire après des déficits enregistrés depuis 1991-92. Les cours du cacao ont connu une période de hausse de janvier à septembre 1997 puis une période de baisse qui s'est prolongée jusqu'en février 1998. Le bilan de production déficitaire s'est confirmé en 1997 et les prévisions sont pessimistes pour 1998. La production et les prix du thé se sont redressés. Le premier marché à terme international d'épices s'est ouvert à Cochin (Inde). La production du poivre est en nette augmentation. Enfin, le marché des fruits secs, pour la campagne 1997-98, s'est caractérisé par une hausse des productions et une baisse des prix pour les principales variétés de fruits à coque

En 1997, le régime d'approvisionnement en banane de l'Union Européenne s'est trouvé au centre des débats internationaux. En effet, les opposants extérieurs (USA, Equateur, Guatemala, Honduras et Mexique) ont obtenu la condamnation de l'Union sur certains points de l'OMC. Le jugement tient en trois points : le principe du versement d'une aide compensatoire en faveur des productions communautaires, le contingentement des importations de bananes des pays-tiers et le régime tarifaire préférentiel appliqué aux bananes ACP. L'UE a décidé de mettre son régime d'approvisionnement en conformité avec la réglementation internationale. Le principe de contingentement a été conservé, les quantités totales se repartissent en sous-contingents. Selon le type d'origine, un droit de douane de 0 à 300 écus/tonne est appliqué. Au niveau de la production, la FAO annonce un nouveau record de production avec des exportations qui ne cessent de progresser. L'Equateur confirme sa place de leader mondial et s'ouvre les portes du marché chinois

Pour la première fois la politique agricole commune a fait l'objet d'une réforme d'une certaine ampleur. Pour la première fois aussi, un accord au GATT comporte des engagements précis et substantiels pour le secteur agricole. Ce chapitre propose une explication de ces événements et évalue leur portée. Le contenu de l'accord agricole au GATT est interprété comme le résultat d'un nouvel équilibre entre l'organisation nationale et internationale des groupes de pression. La réforme de la PAC, fortement influencée par le contexte international et taillée sur mesure pour permettre un accord au GATT, reste inachevée par rapport à la double fonction de l'agriculture, de production de biens d'une part, et d'aménagement de l'espace, de développement rural et de protection de l'environnement d'autre part.