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Les études actuelles sur les « noms de famille », loin de se borner au seul terrain de la généalogie, font désormais pleinement partie du domaine de la recherche. Elles permettent de ce fait un décryptage original des conditions tant historiques qu’anthropologiques qui ont déclenché, en divers points de l’Europe, à différents moments, le processus d’identification des personnes : mouvement progressif dans l’Europe au Moyen Âge ; processus qui peut être coercitif, comme lors de l’attribution de patronymes aux esclaves affranchis, et devenu largement réglementaire après la promulgation de lois sur la transmission des noms. Étudiant tour à tour les origines et l’histoire des patronymes, leur distribution géographique et les liens entre marqueurs génétiques et patronymiques, les auteurs réunis dans cet ouvrage – anthropologues, historiens de la famille, démographes, spécialistes de la génétique des populations, sociologues – montrent combien une approche pluridisciplinaire est nécessaire à l’explication du phénomène du patronyme. En effet, l’informatisation récente de divers registres de noms de famille a permis le développement de nouvelles méthodes d’analyse, dérivées de la démographie historique et de la génétique des populations. Elles permettent non seulement de décrire l’évolution, au fil des générations, des cercles de mariage, des règles d’alliance et de la consanguinité, mais aussi de quantifier la direction et l’ampleur des migrations entre populations. Fondé sur des exemples concrets, des provinces baltes à la Sardaigne ou l’Atlas marocain, des Flamands de France aux Français du Québec, cet ouvrage offre un état sans équivalent de la question des origines et de l’évolution du patronyme.

Le nom se prête particulièrement à une approche pluridisciplinaire. Il s’agit en effet d’un élément universel – tout individu est porteur d’un nom qui le désigne au sein de sa communauté –, mais aussi d’un reflet de pratiques culturelles – le nom ne sera pas le même, ne sera pas transmis selon le même mode, selon les différents groupes humains. Le passage du nom individuel au nom de famille ne s’est pas réalisé suivant le même calendrier et suivant les mêmes modalités dans toutes les sociétés...

Les pyrénées se distinguent par un important cloisonnement géographique (vallées parallèles orientées sud/nord), auquel l’histoire a surimposé une diversification linguistique et culturelle (basque versus occitan ; béarn versus bigorre). Si la réalité de cette complexité n’est pas contestable, en revanche, il est difficile d’en mesurer l’importance et d’en apprécier la stabilité ou les modifications que les mouvements de populations survenus au tournant de ce siècle auraient pu provoquer. L’é...

Les différents textes proposés dans la partie précédente ont largement insisté sur les conditions d’acquisition du patronyme en tant qu’identifiant d’une lignée familiale, conditions éminemment fluctuantes selon les pays et les situations. Sans doute faut-il insister sur l’une des conséquences remarquables d’une telle acquisition, que résume fort bien Zonabend dans son étude sur les noms de personne dans le village de Minot en Châtillonnais (1977) : « Le patronyme est à la fois le signe d’ide...

La France et la Belgique ont longtemps partagé la même histoire, leur séparation définitive ne datant que de 1830, lors de la création du royaume de Belgique. Cette séparation récente n’a toutefois pas mis fin aux échanges migratoires entre les deux pays. Ils ne furent pas favorisés seulement par la proximité géographique mais aussi par les conditions et les évolutions démographiques et économiques contrastées prévalant dans les différentes régions de ces deux pays. Ainsi, les Flandres du déb...