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L’article retrace la polémique anticapitaliste qui parcourt le Paradis du début à la fin, parallèlement à la critique de la blanda cupiditas exposée dans la Monarchie, traité rédigé par Dante dans les mêmes années que le Paradis. La polémique est particulièrement sévère à l’égard de la Papauté, accusée de légitimer l’esprit du capitalisme, au lieu d’en dénoncer la cruauté comme elle aurait dû le faire si elle avait suivi les préceptes de l’Évangile., The article traces the anti-capitalist controversy that permeates Paradise from start to finish, alongside the criticism of the blanda cupiditas set out in The Monarchy, a treatise written by Dante at the same he wrote Paradise. The diatribe is a harsh criticism of the Papacy, accused of legitimizing the spirit of capitalism, instead of denouncing its cruelty as it should have done if it had followed the precepts of the Gospel.

À partir d’un commentaire d’une des représentations les plus connues du Pays de Cocagne (celle de Bruegel l’Ancien de 1567), l’article propose une réflexion sur l’« économie sans travail » et ses rapport avec le droit au regard de l’ensemble des contributions des deux tomes de l’ouvrage.

Des interférences curieuses peuvent être décelées derrière la décision de Jean Lemaire de Belges de faire imprimer ensemble ses Epîtres de ­l’Amant Vert et le premier livre de ses Illustrations de Gaule et Singularitez de Troye. ­L’élément poétique du livre historique et le ­contenu politique des épîtres ovidiano-courtoises entrent en interaction, sans doute, pour coder une leçon donnée aux princesses et princes : abandonner le deuil, acquérir une sagesse salutaire et se ­consacrer à la recherche de la paix.

La fascination sartrienne pour l’épisode de la Chute et la malédiction divine parcourt les biographies existentielles. Qu’il soit question de Baudelaire, de Genet ou de Flaubert, elle permet la mise en scène d’un certain rapport au temps, l’approfondissement d’une interrogation interrompue des mystères de l’écriture – son lien avec l’enfance, avec le refus de l’Histoire, avec la névrose. Aussi, le refus de la nostalgie du paradis perdu apparaît porteur d’une représentation générale de la littérature., Sartre’s fascination with the Fall and divine condemnation is a recurring feature of existentialist biographies. In the cases of Baudelaire, Genet, and Flaubert, it allows him to deploy a certain relation to time, and to continue a reflection on the mysteries of writing that had been interrupted—this is connected to his relation to his childhood, with its rejection of History and its neurosis. The rejection of a nostalgia for a lost Eden therefore appears to support a general representation of literature.

Les réalisations utopiques au nom d’un idéal de refonte du sociopolitique ou même de la nature humaine s’inscrivent dans un temps à la fois de rupture et fixiste. L’échec historique de ces réalisations fait de l’utopie une idée équivoque et dangereuse. Toutefois sa fonction mobilisatrice et critique ne doit pas être abandonnée, mais être mise au profit de projets eutopiques., The utopian achievements, in order to change the foundations of sociopolitical or even human nature, are located in a static and, at the same time, revolutionary order. The historical failure of these achievements makes utopia an ambiguous and dangerous idea. Nevertheless, its critical and encouraging function is not to be given up but has to be able to serve “eutopic” projects.

Nous nous proposons de suivre ce paradoxe cioranien en parcourant la correspondance de l'auteur avec ses proches. Dans ces lettres, Cioran se montre horrifié par le bocet roumain qu'il a connu dans son enfance. Depuis lors, il a élevé la lamentation au rang de modus vivendi. Cioran exprime le mal d'être en lamentations répétées qu'il formule à l'adresse de presque tous les aspects de sa vie, de son pays natal, de ses compatriotes, de la condition humaine ou de la décadence de l'Occident., This article presents the lamentations in Cioran's correspondence with those close to him by starting to question if there is a connection between the Transylvanian popular bocet (funeral song) and the lamentation. Cioran's lamentation evolves between paroxysmal expressions, evinced from the emotional storm characteristic of the youthful period, and that punished form, brilliantly concise, which recalls the aphorism, in his mature period.

Ce que déplore Cioran, c'est la chute du Paradis dans le temps, dans l'histoire, ensuite la chute du temps dans une éternité glacée, infernale. Cette forme de lamentation indirecte rend l'œuvre de Cioran d'une extrême actualité et place Cioran parmi les penseurs profonds des temps postmodernes. Dans cette perspective, nous considérons que Cioran a été un profond penseur doctrinaire et non un simple écrivain raffiné d'aphorismes et d'essais., Cioran has oscillated between despair and the plenitude of ecstasies. Lamentations as a melopoeic genre are not specific to him. And yet, nostalgia for paradise gives his writing a lamenting overtone. His way of deploring the fall from Eden into Time, then the fall from Time into a frozen sort of eternity, form an indirect lamentation and makes his work particularly interesting today. In this perspective, we hold that Cioran was a profound doctrinaire thinker and not the merely refined author of aphorisms and essays.