Cette note synthetise les connaissances scientifiques relatives a l’impact des expositions chimiques sur la progression de l’obesite et du diabete. En France, l’incidence du diabete a presque double entre 2000 et 2008 (+ 93?%) et la prevalence atteint pres de 1,8 millions d’individus. L’obesite a pratiquement double en 10 ans. Depuis les annees 80, l’accent a ete mis sur les mesures hygieno-dietetiques pour lutter contre ces maladies, mais force est de constater que cela n’a pas ete suffisant pour inverser la tendance. Ces maladies chroniques alourdissent fortement les budgets des systemes de sante. Parallelement, un nombre croissant de donnees scientifiques suggerent que les polluants chimiques, notamment les « perturbateurs endocriniens » (PE), contribueraient a la progression alarmante des maladies chroniques. En mimant l’action de certaines hormones sur des organes tels que le tissu adipeux, le foie, le pancreas et les muscles squelettiques, les PE perturbent l’equilibre glucido-lipidique et participeraient de ce fait a plus ou moins long terme au developpement de l’obesite et de la resistance a l’insuline annonciatrice du diabete, l’ensemble predisposant aux maladies cardiovasculaires. La toxicologie classique telle que nous la connaissons a travers son enonce « la dose fait le poison » ne rend pas compte de la complexite des mecanismes d’action des PE, qu’ils soient seuls ou en melange. Les alterations physiopathologiques induites par les PE peuvent etre programmees epigenetiquement des le stade fœtal, pour eventuellement se reveler plus tard dans la vie. Un changement de paradigme de l’evaluation toxicologique des PE s’impose pour mettre en place une politique sanitaire de prevention aussi bien nationale qu’europeenne.