À partir de ma clinique de sujets trans, et dans la continuité des travaux d'Esther Bick concernant la seconde peau psychique et de celle de Didier Anzieu avec le Moi-Peau et les enveloppes psychiques, je propose une nouvelle hypothèse : celle d'une seconde peau et d'un Moi-peau corsets. Ainsi, les corsets psychiques empêchent (seconde peau) ou déploient (Moi-peau) selon les réappropriations psychiques de chacun. Les perspectives psychanalytiques à propos de la peau, avec leurs constitutions développementales psycho-affectives et psychosomatiques tout le long de la vie, restent en effet contemporaines, et ce, plus particulièrement des personnes trans(genres). Ma pratique de psychologue clinicien-psychothérapeute, mes réseaux (RCP-trans) et mes recherches à partir des vécus des personnes trans(genres) m'ont amené à m'interroger à propos d'une métapsychologie du corset. J'expose ici deux situations cliniques de jeunes adultes FtoM (Female to Male) lesquels sont, entre autres situations cliniques rencontrées, particulièrement à la source de cette hypothèse. Deux situations cliniques m'ont particulièrement amené à réfléchir la qualité d'une capacité dépressive authentique, ou dépressivité, que je nomme ici tristesse fluide (sadness fluid) ou fluidité de la tristesse par analogie au gender fluid, la fluidité du genre (ce qui répond à la dysphorie de genre). Sur les plans transféro-contre-transférentiels, la transphobie et la transphilie sont à interroger comme des corsetages qui fluidifient plus ou moins la relation de soins psychiques, l'empêchent ou/et la déploient. Une armature opératoire, en lien aux travaux de l'École psychosomatique de Paris (IPSO), peut s'imposer intrapsychiquement avec un tel parcours, par la complexité et la diversité des vécus, des histoires et des ressources trouvées au sein des différents environnements du sujet. Envisager les besoins thérapeutiques des sujets trans dans leurs parcours et leurs réflexions, amène à considérer les besoins de desserrer, de dénouer certains liens psychiques avec leurs conséquences psychosomatiques. Ce décorsetage favorise une fluidité réflexive, afin que le sujet puisse évoluer avec et dans un authentique Moi-peau corset où il s'appartient. I develop my hypothesis of a two different corsets, the second skin and the ego-skin corset, which respectively prevent or deploy according to the psychic reappropriations of the subjects, specially transgender subjects. My practice as a clinical psychologist-psychotherapist and my research with transgender subjects led me to wonder about a metapsychology of the corset. I expose here two clinical cases. Two cases in particular led me to think about an authentic depressive capacity that I call here sadness-fluid or fluidity of sadness by analogy to gender-fluid, the fluidity of gender. Also, I reflect on the operative armature that can impose itself throughout the transition process, by the diversity of experiences, stories, and resources found in the subject's different environments. The therapeutic needs of trans subjects in their journeys and their reflections lead us to consider the needs to loosen, to untie certain ties. This uncorsetting favors a reflexive fluidity, so that the subject can evolve in an authentic ego-skin corset where it belongs to itself. [ABSTRACT FROM AUTHOR]