Resume Les bilharzioses (Schistosomes), parasitoses tropicales d'importation, sont d'observation de plus en plus courante en France. L'analyse de 1159 cas observes porte sur un nombre sensiblement egal de bilharzioses urinaires africaines a S. haematobium et de bilharzioses intestinales a S. mansoni, provenant des Antilles et d'Afrique et sur quelques cas de bilharzioses rectales a S. intercalatum d'Afrique centrale. Moins d'un tiers des cas ont ete depistes lors de la premiere annee de transplantation, les autres beaucoup plus tardivement (bilharzioses chroniques bien tolerees cliniquement) et souvent decouvertes lors d'un bilan systematique. Les methodes directes de diagnostic donnent les pourcentages de succes suivant : analyse de selles 58%, analyse des urines 53%. La biopsie rectale, valable aussi bien dans la bilharziose urinaire qu'intestinale, est positive globalement dans 65% des cas. Le diagnostic direct n'a cependant ete possible que dans 61,5% des cas. Dans la bilharziose urinaire, l'examen cytoscopique peut aider le diagnostic par la decouverte d'aspects lesionnels caracteristiques. Il faut surtout insister sur l'interet de l'exploration radiographique qui, outre son eventuel apport au diagnostic permet d'apprecier l'importance des lesions de l'appareil urinaire souvent latentes. En raison de la faillibilite des methodes de diagnostic direct, les methodes sero-immunologiques revetent un tres grand interet dans le diagnostic des bilharzioses ainsi que dans la surveillance de l'efficacite du traitement, en particulier la technique de l'immunofluorescence indirecte a la fois particulierement sensible et specifique. La sensibilite est meilleure pour les bilharzioses intestinales a S. mansoni (91,3% et G.M.R.T. = 39,35) que pour les bilharzioses urinaires a S. haematobium. (83,5 % et G.M.R.T. = 20,07). Differentes explications peuvent etre apportees a ce phenomene. Le seuil de suspicion immunologique offrant toute garantie nous parait devoir etre fixe au taux de dilution du 1/40°. Les controles de l'efficacite therapeutique ont ete effectues un mois, 6 mois et un an apres traitement (et parfois au dela) et bases sur l'examen des selles ou des urines, le taux de l'eosinophilie et celui des anticorps fluorescents antibilharziens. La guerison n'est affirmee qu'au bout d'un an, avec la disparition des œufs, la normalisation du taux de l'eosinophilie et la disparition des anticorps (encore que dans certains cas cette negativation ne se produise que plus tardivement) ou leur forte regression par rapport au taux initial. Sur les 524 malades traites par le Niridazole (Ambilhar®), 137, soit 25% d'entre-eux ont pu etre controles selon les criteres precises ci-dessus avec l'obtention de 84,5% de guerison dans la bilharziose urinaire et 75% de guerison dans la forme intestinale. Ces chiffres qui confirment la meilleure efficacite du produit dans la bilharziose urinaire sont neanmoins inferieurs a ceux habituellement avances ; ils correspondent vraisemblablement a l'exigence de nos controles. Parmi les 126 malades soumis au traitement par l'Hycanthone (Etrenol®) 71 sujets, soit 56% de l'effectif traite ont ete surveilles regulierement, permettant de retenir 50 a 64,3% de guerison dans la bilharziose urinaire et 76,4% dans la bilharziose intestinale. Toutefois, de grâves accidents lies a l'hepatoxicite du produit se manifestant de maniere imprevisible incitent a l'utiliser avec la plus grande prudence. Le traitement de 30 malades par la 2-dehydroemetine® ne nous a pas permis, sur les 21 sujets qui ont pu etre suivis, d'obtenir les resultats satisfaisants signales par d'autres auteurs : 6 echecs sur 6 bilharzioses urinaires et 6 echecs sur 15 bilharzioses intestinales. Toutefois, l'apparente meilleure efficacite dans la bilharziose intestinale est utile a prendre en consideration lorsqu'il y a des contrindications a une cure par le Niridazole.