Dans la dernière partie des Aveux de la chair, Michel Foucault offre une analyse minutieuse de la théorie de la libido en tant que « stigmate de l’involontaire dans l’acte sexuel d’après la faute » selon saint Augustin ; le thème est intimement lié à l’exégèse patristique et augustinienne du livre de la Genèse 1:28 (« Croissez et multipliez »), plus spécialement à la question de l’existence possible des rapports sexuels au paradis. Le présent article se propose d’étudier à la fois les textes concernés de saint Augustin, l’analyse qu’en offre Foucault et les interprétations philosophiques et théologiques ultérieures de la pensée de l’évêque d’Hippone et du philosophe français. Augustin (et Foucault lecteur de saint Augustin) a-t-il déclaré que nos aïeux faisaient l’amour au paradis ? La théologie augustinienne du mariage et de la sexualité est-elle, comme le dit le dernier Foucault, le fondement de « la morale de l’Occident chrétien » ? Au demeurant, peut-on parler de la théologie augustinienne ou encore du christianisme comme « fondement », tout en respectant la méthode « généalogique », telle que Foucault l’a développée ? In the last part of Confessions of the Flesh, Michel Foucault offers a careful analysis of the libido theory as “the stigma of the involuntary in after-fault sex” according to Saint Augustine. This subject is closely linked to the patristic and Augustinian exegesis of the book of Genesis 1:28 (“Increase and multiply”), more specifically on the question of the possible or hypothetical existence of sexual intercourse in paradise. This article intends to study the texts of Saint Augustine and their analysis by Foucault alongside the subsequent philosophical and theological interpretations that arose concerning the thoughts of the Bishop of Hippo and the French philosopher. Did Augustine (and Foucault as the reader of Saint Augustine) declare that our ancestors made love in the Garden of Eden? Is Augustinian theology of marriage and sexuality, as Foucault put it, the foundation of “the morals of the Christian West”? Can we, indeed, speak of Augustinian theology or even Christianity as a “foundation” while respecting the “genealogical” method, as Foucault developed it?