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2. Engagement stylistique et poétique du dégagement : le paradoxe littéraire des romans de Tom Robbins
- Author
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Anne-Sophie Savoureux
- Subjects
paradox ,postmodern American fiction ,media_common.quotation_subject ,commitment ,foregrounding ,Art ,dégagement ,stylistics ,fiction américaine postmoderne ,Wmatrix ,stylistique ,déviation unique ,detachment ,Robbins (Tom) ,Stylistics ,Humanities ,paradoxe ,media_common ,engagement - Abstract
Les neuf romans de l’auteur américain contemporain Tom Robbins (1932–) sont tous marqués par un style immédiatement reconnaissable, qu’un journaliste du Los Angeles Times a même appelé « Tom-Robbins style », cette lexicalisation adjectivale rendant bien compte de l’engagement de l’auteur dans une voix/voie stylistique inédite et unique, engagement qu’il date lui-même de 1967. Les invariants stylistiques, marques de cet engagement, sont notamment l’analogie narratophage, ainsi que les décrochages narratifs. Une étude quantitative soutenue par le logiciel de textométrie Wmatrix3 permet de révéler statistiquement ces invariances intrinsèques (unicité en diachronie) et ces variances extrinsèques (originalité en synchronie).Or, si l’auteur n’a jamais dévié de la voie stylistique qu’il s’est inventée, sa fiction philosophico-loufoque prône, elle, un certain dégagement : dégagement des tropes narratifs connus, apologie de l’ex-centricité, de la marge, détournement postmoderne des codes, moteur narratif fondé sur la digression. Ce détachement philosophique se retrouve stylistiquement dans le paradoxe, l’oxymore, le néologisme et sa pratique répandue du rafraîchissement des catachrèses comme tentative de dégagement de la langue d’un processus de fossilisation. Si Tom Robbins est fidèle à un choix de style, son style exprime quant à lui la variation, le changement et la coexistence des contraires (« serious playfulness ») dans la veine du bouddhisme Zen, friande de koans, énigmes paradoxales, déclencheurs de détachement méditatif.Enfin, par-delà l’engagement stylistique et le dégagement philosophico-linguistique, la notion d’engagement se trouve peut-être encore davantage dans celui demandé au lecteur, la prose poétique de Tom Robbins (qu’il nomme lui-même « lyrical prose ») nécessitant en effet de la part de son lectorat un engagement fort, une suspension du facteur critique au carré, de par l’étrangéité du monde fictionnel et l’aberration intrinsèque à la fois de la diégèse et des personnages (une chaussette sale, une auto-stoppeuse aux pouces géants, etc.), mais aussi de par le travail stylistique d’orfèvre de l’auteur (travail d’écriture à la Flaubert, langue ciselée, jeux de mots, de sonorités, complexité sémantico-syntaxique, figures de style érigées comme véritable héroïnes de la fiction) requérant et exigeant œil acéré et esprit aux aguets.A travers cette problématique de l’engagement, nous tenterons ainsi de faire apparaître quelques caractéristiques du style remarquable d’un auteur qui en France est paradoxalement encore peu remarqué. American author Tom Robbins (1932-) wrote nine novels that feature an immediately recognizable flamboyant style that a journalist from The Los Angeles Times called ‘Tom-Robbins style’. This lexicalization of the writer’s name into a compound adjective shows how unique this style is and Tom Robbins has, himself, dated his discovery of a stylistic voice of his own back to 1967. Through a reflection on the notion of commitment, this paper aims at bringing to light a few features of Tom Robbins’s remarkable style.Foremost among the stylistic invariants that are the hallmarks of this commitment are his widespread analogies and narrative digressions. A quantitative analysis of the corpus via Wmatrix3 statistically reveals intrinsic invariants (unicity in diachrony) and extrinsic variants (originality in synchrony).If the author has never veered away from the stylistic path he has chosen, his philosophical and whimsical fiction paradoxically expresses a certain detachment – especially from hackneyed tropes and self-righteous dogmatism through a postmodern play with traditional codes. This philosophical and political detachment is particularly expressed linguistically through the use of paradoxes, oxymorons, neologisms and the way the writer refreshes catachreses. If Tom Robbins sticks to a specific style, his prose is suffused with variation, change and the coexistence of opposites, influenced as it is by Zen Buddhism and the use of koans as springboards for meditation.Eventually, beyond stylistic engagement and philosophical detachment, the strongest commitment may be the one that is required on the reader’s part. Tom Robbins’s poetic and intricately crafted prose – which he himself calls “lyrical prose” – demands a particular attention from the reader, as well as a strong suspension of disbelief, because of the whimsical and magically realistic quality of his fictional world.
- Published
- 2019
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