Toillier, Aurélie, Devaux-Spartakis, Agathe, Faure, Guy, Barret, Danielle, Marquié, Catherine, Toillier, Aurélie, Devaux-Spartakis, Agathe, Faure, Guy, Barret, Danielle, and Marquié, Catherine
Le renforcement des capacités à innover apparaît comme un nouveau moyen pour assurer un développement durable dans les pays du Sud. Dans le secteur de l'agriculture, l'innovation est essentiellement collective, ce qui appelle les chercheurs à sortir de leur rôle de producteurs de connaissances pour s'engager auprès des acteurs en situation d'innovation. Si une diversité de pratiques de recherche engagée sont apparues, il n'existe cependant pas aujourd'hui une vision claire des différentes façons dont les chercheurs contribuent à l'innovation. L'objectif de cet article est d'identifier les différentes modalités de contribution des chercheurs au renforcement des capacités à innover. Pour cela, les auteurs ont développé un cadre d'analyse ex postqui met en perspective deux corpus de littérature, sur l'apprentissage et le management de l'innovation. Ce cadre permet de caractériser des séquences de situations d'apprentissage et une diversité de postures des chercheurs aux différentes étapes de l'innovation pour rendre compte de leurs contributions. À partir d'une étude approfondie de treize cas d'innovation dans lesquels le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) s'est engagé avec ses partenaires de recherche du Sud, quatre types de contribution des chercheurs au renforcement des capacités à innover ont été identifiés : faciliter des apprentissages de façon non supervisée, planifier et encadrer des apprentissages, créer des besoins d'apprentissage et y répondre pas à pas, se laisser guider par l'exploration et les besoins des utilisateurs. Nos résultats suggèrent qu'une gestion stratégique des processus d'innovation par les organismes de recherche pourrait être rendue possible par le suivi et l'évaluation des situations d'apprentissage, d'une part de façon à renforcer les capacités à innover des chercheurs eux-mêmes et d‘autre part pour agencer au mieux les compétences et ressources disponibles, faire évoluer les mandats des chercheurs et rationaliser leurs investissements.